Article de presse: La restauration de la puissance américaine
Publié le 17/01/2022
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critères américains, (environ 10 000 dollars par an pour une famille de quatre personnes) ne cesse d'augmenter : ils étaient 25millions en 1981, ils sont 35 millions en 1984.
Les minorités sont le plus durement touchées : le taux de pauvreté atteint 28,4 %de la population hispanique en 1983 et 35,7 % des Noirs (globalement, ce taux est de 15,2 %).
Les dégâts de la politique ainsi mise en oeuvre, dont l'un des credos est la déréglementation et la mise au régime sec desfonctionnaires (et des douze mille contrôleurs aériens licenciés collectivement en août 1981 pour fait de grève) ne sont passeulement de nature sociale.
Les réductions des rentrées fiscales conjuguées au programme massif d'armement creusent rapidement le déficit budgétaire,maintenant ainsi les taux d'intérêt à un niveau élevé, compte tenu surtout de la baisse de l'inflation.
Simultanément, la surévaluationdu dollar attire sur le marché des produits étrangers en quantité croissante, provoquant à partir de 1983 une dégradationaccentuée de la balance commerciale.
A la fin de 1984, le déficit des échanges devrait avoir quintuplé par rapport à 1980.
Si, en matière économique, Ronald Reagan a été immédiatement en mesure d'appliquer les principes qu'il proclamait, il en estallé différemment en ce qui concerne ses convictions morales.
Qu'il s'agisse de l'interdiction de l'avortement, du rétablissement dela prière à l'école, des limitations au busing (le ramassage scolaire destiné à lutter contre la ségrégation scolaire), les intentionsprésidentielles en sont, pour l'essentiel, restées au stade du discours, au grand dépit de l'extrême droite qui ne le cache pas.
C'est, assurément, en ces domaines qu'un deuxième mandat de M.
Reagan pourrait lui donner le temps de concrétiser sesidées.
Remontée en puissance
La volonté de remontée en puissance que reflète le succès de l'idéologie reaganiennne devait immanquablement se traduire, surle plan extérieur, par une politique de fermeté.
L'Amérique est de nouveau debout, le monde entier n'a qu'à bien se tenir.
Lespremiers à faire les frais de ce discours " musclé " sont, évidemment, les Soviétiques.
D'emblée, Ronald Reagan retrouve lesaccents oubliés de la guerre froide.
Accusés d'alimenter le " terrorisme international ", les Russes sont, entre autres gracieusetés,qualifiés par le chef de l'autre superpuissance de " menteurs " et de " tricheurs ".
Moscou, bien sûr, réplique sur le même registre.
La grande affaire, cependant, qui va occuper pleinement les Etats-Unis et ses alliés occidentaux jusqu'à la fin de 1983, c'est lariposte au déploiement par les Soviétiques des SS-20.
Un dialogue finit par s'engager.
Ronald Reagan, longtemps, s'en tint àl'option zéro : ni Pershing-2 ni missiles de croisière en Europe occidentale, si les Russes démantèlent leurs fusées déjà installées etpointées vers l'Ouest.
De propositions en contre-propositions, on semble approcher d'un accord pendant l'été 1982, avec laformule dite de la " promenade dans la forêt " (pas de Pershing-2, 50 à 100 missiles de croisière, contre 75 SS-20 en Europe et90 en Asie).
Les négociateurs s'étaient-ils imprudemment avancés? L'accord, finalement, ne se fait pas.
A la fin de 1983,conformément à la décision de l'OTAN de 1979, les premières fusées Pershing arrivent dans plusieurs pays occidentaux.
De tous les dossiers de politique étrangère, celui-là est sans doute celui où la diplomatie américaine, relayée par celles de sesalliés, à commencer par la France, a remporté le succès le plus net.
L'épreuve de force risquée par Moscou s'est terminée à sondésavantage.
Mais le résultat est qu'entre les deux grandes puissances les ponts sont désormais coupés.
Il faudra attendre lesdernières semaines précédant le scrutin présidentiel pour que Ronald Reagan rencontre, enfin, en la personne de AndreïGromyko, un dirigeant soviétique de haut rang.
En Amérique centrale, autre dossier prioritaire pour Washington, si le pire a été évité-Ronald Reagan a préféré envoyer ses" marines " à la Grenade plutôt qu'au Nicaragua,-les tensions demeurent.
Dans un premier temps, l'administration républicaine,faisant passer les considérations humanitaires au second plan, a semblé donner la préférence aux solutions fortes : soutien à ungouvernement salvadorien prisonnier de l'armée, rétablissement des livraisons d'armes au régime militaire guatémaltèque,suppression de l'aide, pourtant très modeste, au Nicaragua, contre lequel la CIA va entreprendre une douteuse opération deminage portuaire condamnée par la Cour internationale de La Haye.
Peu à peu, malgré tout, le réalisme prend le dessus sur l'idéologie.
Washington entre en contact avec les rebelles salvadoriens et appuie la tentative de négociation engagée par le président Duarteaprès son retour au pouvoir au printemps dernier.
Par ses pressions sur certains opposants, l'administration républicaine s'efforced'ôter le maximum de crédibilité aux élections nicaraguayennes.
Mais celles-ci, finalement, se tiennent.
L'avenir dira si les absentsont eu tort.
On peut gager qu'un Reagan réélu " dans un fauteuil " continuera de harceler le régime sandiniste, mais il lui seramaintenant plus difficile de dénier toute légitimité au président Ortega et à ses compagnons..
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