Article de presse: La question noire aux Etats-Unis
Publié le 17/01/2022
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américaine qui l'a suivie leur ont ouvert, même dans les Etats du Sud, les portes de nombreuses professions qui leur étaientautrefois interdites.
Leur niveau de vie s'est en conséquence très vite relevé, et leur revenu moyen atteint aujourd'hui 55 % decelui des Blancs.
Cette prospérité a d'ailleurs développé chez eux le désir et la volonté d'obtenir une véritable égalité en usant davantage de leursdroits politiques et d'une législation qui leur est de plus en plus favorable.
La population de couleur dispose à cet égard de deux leviers particulièrement puissants pour améliorer son statut.
Elle a, d'unepart, la décision de la Cour suprême des Etats-Unis en date du 17 mai 1954 qui rend obligatoire dans des délais raisonnablesl'intégration dans toutes les écoles.
Elle a, d'autre part, la loi sur les droits civiques votée en août 1957, qui lui assure une protection beaucoup plus efficace de sesdroits-le droit de vote notamment-grâce à une commission des droits civiques dont les membres sont nommés par le président dela République.
S'ils parvenaient à voter en nombre suffisant et avec discipline, les Noirs pourraient jouer un rôle d'arbitre entre les républicainset les démocrates.
Une élite de Noirs l'a fort bien compris et s'efforce de multiplier les inscriptions de Noirs sur les listesélectorales, même dans le Sud.
Depuis l'envoi de troupes fédérales à Little-Rock, les Sudistes sont sur leurs gardes.
Ils ont compris que la " suprématie "blanche était désormais vraiment en péril et que le moment était venu de se battre et même de contre-attaquer en invoquant lesdroits des Etats contre le pouvoir fédéral.
Les sept Etats du Sud qui ont refusé l'intégration de leurs écoles, la Virginie, l'Alabama,la Floride, la Georgie, la Louisiane, le Mississippi et la Caroline-du-Sud, sont en tout cas résolus à ne pas céder.
Puisqu'en Virginie la Cour fédérale vient de déclarer inconstitutionnelles, les lois conférant aux autorités locales le droit derépartir les élèves entre les écoles publiques, et donc de les séparer suivant leur couleur, ils s'apprêtent à fermer purement etsimplement les établissements qui accepteraient d'être intégrés ou, ce qui reviendra au même, à leur supprimer les subventionsofficielles.
Il apparaît ainsi que le problème noir, ou plus exactement les sentiments racistes de la population américaine, constitue l'une desplus sérieuses faiblesses des Etats-Unis.
Ce racisme les prive, en effet, de l'apport intellectuel et technique de millions de Noirs ilstérilise leur diplomatie en suscitant contre eux les ressentiments et la méfiance des peuples de couleur asiatiques et africains ilprovoque enfin au sein même du pays un dangereux empoisonnement des esprits qui atteint même les gens d'Eglise, comme cespasteurs baptistes qui ne craignirent point, au mois d'octobre, à Little-Rock, de prier Dieu en public pour que les Noirs quittent lelycée de la ville.
JEAN SCHWOEBEL Le Monde du 4 avril 1958.
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