Article de presse: La princesse au grand coeur
Publié le 22/02/2012
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Privé, public...
Où se situe la frontière ? La princesse brouille les cartes en la pulvérisant, introduisant du privé dans la sphèrepublique.
Autrement dit en chargeant d'affectivité et d'émotion les devoirs et fonctions de sa charge.
Il n'y a plus de carapace,plus de protection, plus le moindre surmoi.
L'engagement est sincère et il est maximal.
Risqué aussi.
Les foules le sentent depuis lepremier jour, séduites par sa compassion, et sa complicité immédiate avec la rue.
L'Establishment, les politiques et princes dufaux-semblant apprécient nettement moins.
En une apparition, la princesse a révélé leur froideur, leur distance, leur cynisme.
Voyez ses gestes avec la grand-mère de Bosnie qu'elle presse sur son coeur, avec un jeune homme atteint du sida dont elleretient longuement la main entre les siennes, avec cette petite unijambiste angolaise qu'elle assoit sur ses genoux.
Elle embrasse,caresse, enlace.
"Je touche, oui.
Je crois que chacun en a besoin, quel que soit son âge.
Appliquer la paume de sa main sur unvisage ami, c'est entrer tout de suite en contact, communiquer de la tendresse, marquer sa proximité.
C'est un geste qui m'estnaturel, qui vient du coeur.
Il ne se prémédite pas." Elle ne joue pas les dames patronnesses, se moque du protocole, néglige lesofficiels, refuse toute position qui placerait ceux qu'elle visite en position humiliante.
Ses élans n'ont pas manqué de provoquer bien des froncements de sourcils dans la famille royale.
Le "style" Diana décoiffait.Surtout quand il devint évident qu'au-delà d'afficher une image plus moderne il reflétait un autre rapport aux gens.
La jeune femmea dû brider ses impulsions, et il lui arriva de douter de son rôle.
"Du jour où je suis rentrée dans cette famille, plus rien, de toutefaçon, ne pouvait se faire naturellement !"
C'est donc la foule qui, peu à peu, lui a donné confiance.
Ce sont les malades, les enfants, les exclus qu'elle visitait avec uneassiduité inédite qui l'ont convaincue de la justesse de son approche et de son don du contact.
Et c'est en eux que, en des moments difficiles, elle a puisé une énergie et presque une raison de vivre.
"Je me sens proche desgens, quels qu'ils soient.
On est d'emblée au même niveau, sur la même longueur d'onde.
C'est pour ça que je dérange certainscercles.
Parce que je suis beaucoup plus proche des gens d'en bas que des gens d'en haut, et que ces derniers ne me lepardonnent pas.
Parce que j'ai une vraie relation de proximité avec les plus humbles.
Mon père m'a toujours appris à traiterquiconque comme un égal.
Je l'ai toujours fait et je suis sûre que Harry et William en ont pris de la graine."
Il est des valeurs sur lesquelles la mère du futur roi ne transige pas.
C'est une jeune femme déterminée qui parle.
Une princessede trente-six ans qui ne sait pas encore quel cours suivra sa vie personnelle mais qui, quoi qu'il arrive, entend poursuivre sonengagement.
"Etre en permanence dans l'oeil du public me confère une responsabilité particulière.
Notamment celle de jouer del'impact des photos pour faire passer un message, sensibiliser le monde à une cause importante, défendre certaines valeurs."Ambassadrice ? Porte-parole de prestige ? "Si je devais définir mon rôle, j'utiliserais plutôt le mot de messager."
Ses obligations officielles ont fondu avec la prononciation de son divorce et ses interventions ne sont plus le fait que de son seulchoix.
Là encore, elle affiche sa liberté.
"Personne ne peut me dicter ma conduite.
Je travaille à l'instinct.
C'est mon meilleurconseiller." La lutte contre les mines antipersonnel, le sida, la recherche contre le cancer, les léproseries la photo la représentantserrant les mains de lépreux aurait fait plus pour démythifier la maladie que les campagnes de presse organisées depuis vingt ans,demeurent ses priorités.
Mais que de controverses, d'humiliations, de débats.
"A chaque fois !", soupire-t-elle.
Une visite dans un centre de sans-abri, eton l'accuse de vouloir embarrasser le gouvernement conservateur.
Un geste de tendresse envers un malade du sida (au début desannées 80), et certains conservateurs y voient une indulgence coupable pour l'immoralité.
Son contact spontané, en Inde, avecdes "intouchables" ? Les vieux amis de l'Empire s'étranglent à l'unisson.
Sa visite à Lahore, dans l'hôpital créé par Imran Khan, lemari de son amie Jemima ? La presse embraye sur l'accusation de Benazir Bhutto jugeant scandaleux le soutien politique apportéainsi par Diana à son hôte, considéré comme un opposant.
Sa présence dans une salle d'opération africaine lors d'unetransplantation cardiaque ? On l'accuse d'indécente coquetterie, les journaux focalisant l'attention du public sur un cliché lareprésentant en gros plan, masque de chirurgie sur le visage, et les yeux...
maquillés !
"La presse est féroce, dit-elle.
Elle ne pardonne rien, elle ne traque que l'erreur.
Chaque intention est détournée, chaque gestecritiqué.
Je crois qu'à l'étranger, c'est différent.
On m'y accueille avec gentillesse, on me prend comme je suis, sans a priori, sansguetter le faux-pas.
En Grande-Bretagne, c'est le contraire.
Et je crois qu'à ma place n'importe qui de sain serait parti depuislongtemps.
Mais je ne peux pas.
J'ai mes fils."
L'épisode le plus frappant fut probablement son voyage en Angola, au début de cette année.
La princesse avait préparé de trèslongue date ce déplacement organisé par la Croix-Rouge, destiné à attirer l'attention sur le drame des victimes de minesantipersonnel (plus de 70 000 Angolais) et soutenir la campagne mondiale visant à les interdire.
On la vit donc passer des heures à écouter les témoignages de jeunes gens mutilés par les mines, des médecins, des démineurs..
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