Article de presse: La percée africaine de Moscou
Publié le 17/01/2022
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spécialistes, le courant ne passe guère, et c'est un lieu commun en Afrique que d'opposer l'aide soviétique à celle, " discrète,désintéressée et efficace " des Chinois, vivant pauvrement, acceptant toutes les tâches, apprenant la langue du pays, et suscitantsouvent l'admiration de leurs hôtes.
Une mêlée confuse
Dans sa politique africaine, l'URSS ne semble pas, au demeurant, accorder un intérêt particulier aux affinités " idéologiques ".Le président soudanais fut reçu à Moscou quelques mois après avoir massacré les dirigeants du PC impliqués dans une tentativede putsch.
L'agence Tass vient, pour sa part, toute honte bue, de voler au secours du maréchal Amin, qualifié de " progressiste ", et armépar Moscou.
De son côté, M.
Fidel Castro, par la grâce d'un abrazo spectaculaire, a fait un " révolutionnaire " de l'intégristeislamique qu'est le colonel Kadhafi.
Dans la partie engagée entre Moscou et Washington, seul le résultat compte, et tous lescoups sont permis.
En effet, sur un continent qui, en quelques années, s'est transformé en poudrière, la lutte contre le sous-développement et mêmeles affrontements entre " militants " et modérés cèdent de plus en plus le pas à une mêlée confuse entre voisins.
Soudan contreEthiopie.
Ethiopie contre Somalie, Ouganda contre Kenya, accusations qui s'entrecroisent à propos du raid mené contre le Bénin,troubles à la frontière du Zaïre et de l'Angola, querelle du Sahara occidental..., une grande rumeur guerrière monte du continent,où la fiction du respect des frontières héritées de la colonisation est en train de s'effondrer.
Dans ce combat de tous contre tous,chacun cherche des alliés et des pourvoyeurs d'armement.
C'est en ce sens que se justifie l'apparent paradoxe du présidentSenghor, pour qui " la dépendance envers l'étranger est plus grave aujourd'hui que du temps du régime colonial ".
La fin du rêve de la solidarité continentale préoccupe beaucoup d'Africains.
Le secrétaire général de l'OUA, M.
EtekiM'Boumoua, vient de constater, dans un rapport d'un pessimisme lucide, " l'absence de volonté politique des Etats, nonseulement pour construire en commun, pour organiser l'assistance, pour exploiter les complémentarités, mais aussi, hélas! poursauvegarder ce qui existe et éviter l'éclatement des structures communautaires qui ont eu un caractère exemplaire ".
" C'est le cas, ajoute-t-il, de la communauté est-africaine, dont l'éclatement médiocre nous consterne.
" Il déplore " lamultiplication de points chauds, de conflits entre Etats membres, la cristallisation de situations d'essence colonialiste.
" L'attitudedes régimes blancs d'Afrique australe ne fait, à cet égard, qu'exaspérer les tensions, et fournir à l'URSS et à ses alliés despossibilités d'intervention.
Sans le raid angolais des soldats de M.
Vorster, les Cubains n'auraient pas pu monter leur " opérationCharlotte ", et faire combattre leur armée dans un Etat africain.
PAUL-JEAN FRANCESCHINILe Monde du 20-21 mars 1977.
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