Article de presse: La nuit des barricades
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
avons dit que pour qu'il n'y ait pas d'effusion de sang, il faut que toutes les forces de police quittent le quartier Latin et que, tantque nos trois exigences ne seront pas satisfaites, nous savons que les manifestants resteront derrière leurs barricades ".
Sur lesondes, des étudiants viennent affirmer leur entière solidarité avec ces propos.
L'assaut des forces de police
Après l'échec de ces négociations, et la présence des barricades, le rétablissement de l'ordre posait un problème délicat dontMaurice Grimaud, préfet de police, fit part au ministre de l'intérieur.
A 2 h 15, l'ordre était donné, après les sommations d'usage, aux forces de police de supprimer les barricades et de disperserles manifestants.
Cinq cents CRS, bouclier d'une main, matraque de l'autre, se mettent en mouvement rue Auguste-Comte, etavancent sur le boulevard Saint-Michel en refoulant les étudiants devant eux.
Très vite, les CRS qui avaient quitté la rue Auguste-Comte lancent des grenades lacrymogènes.
Les manifestants, qui chantentl'Internationale ou la Marseillaise, répliquent par des jets de pierres et de projectiles divers.
Les forces de l'ordre, dans cettepremière phase de leur action, ne cherchent pas le contact rapproché qui aurait pu être meurtrier, mais restent à distance, enlançant sans arrêt des grenades lacrymogènes à l'aide de leurs fusils.
Bientôt l'air devient irrespirable du côté des premières barricades de la rue Gay-Lussac et les manifestants sont obligés dereculer et d'abandonner un ou deux de leurs refuges pour se replier derrière d'autres.
Une première barricade tombe boulevardSaint-Michel, à 2 h 40.
Pour retarder l'avance lente, mais qui semble déjà inéluctable, des forces de l'ordre, les étudiantsenflamment leurs barricades avec de l'essence ou mettent le feu à des automobiles de tourisme, qu'ils poussent au milieu de lachaussée.
Devant l'acharnement des manifestants, les policiers utiliseront bientôt des grenades offensives.
Il y a de nombreux blessés depart et d'autre.
En raison de la présence des barricades, des combats et du bouclage du quartier, l'évacuation des personnesatteintes ou indisposées par les gaz est extrêmement difficile.
Des centres de secours sont installés un peu partout dans les zonesencore à l'abri, d'où les blessés seront transportés plus tard.
A 3 heures, alors que déjà depuis plus d'une heure les étudiants scandent : " de Gaulle, assassin ! ", les charges de police semultiplient et enlèvent les barricades les unes après les autres après une très forte résistance.
Des fenêtres, de nombreusespersonnes jettent de l'eau sur les étudiants pour les protéger contre l'effet des gaz lacrymogènes.
De temps à autre, les policierstirent des grenades à l'intérieur de l'appartement de ces personnes pour les obliger à se retirer, parfois jusqu'aux étages élevés.
Les combats les plus acharnés se dérouleront dans le secteur des rues Gay-Lussac, Royer-Collard, d'Ulm et Saint-Jacques.Les manifestants n'abandonnent leurs positions qu'après être sûrs qu'ils ne peuvent plus rien tenter.
Et pourtant tout aura été tentédurant cette nuit d'émeute : cocktails Molotov, voitures incendiées, projections de sable avec des compresseurs trouvés sur leschantiers de ravalement.
A 4 heures, des noyaux résistent encore, notamment rue Thouin, où une section de CRS est attaquée aux cocktails Molotov,que des étudiants jettent des toits.
Les derniers combattants se réfugient dans les locaux de l'Ecole normale supérieure, rued'Ulm, sur laquelle seront effectués plusieurs tirs de grenades.
Le quartier Mouffetard, dernière poche de résistance, est" nettoyé " à 5 h 30.
Vers 5 h 30, M.
Cohn-Bendit lance à la radio un appel à la dispersion et à partir de 6 heures des patrouilles vont quadriller lequartier, arrêter des manifestants épars ou en petits groupes qui ressortaient des immeubles où bien souvent les habitants lesavaient abrités.
KOSTA CHRISTITCH, BERTRAND GIROD DE L'AIN, JEAN-PIERRE QUELIN Le Monde du 12-13 mai 1968.
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