Article de presse: La mise à mort du socialisme à la chilienne
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
«
par la réforme agraire.
Le Parti national exalte le " devoir de désobéissance " et entre en émulation avec la DC pour harcelerAllende.
El Mercurio affole l'opinion.
Le dirigeant conservateur Onofre Jarpa (aujourd'hui à la tête du cabinet Pinochet) déclare :" Allende a cessé d'être président constitutionnel du Chili.
" Le 29 juin, c'est le tancazo, le " coup des tanks ", autre tentative deputsch d'un régiment de blindés qui encercle le palais présidentiel de la Moneda et fait plusieurs morts avant de se rendre auxgénéraux Prats et...
Pinochet.
Alertés par Allende, les ouvriers se mobilisent, en particulier les milices des faubourgs de Santiagoorganisés en " cordons industriels ".
Ces organismes de riposte plus ou moins autonomes sont nés avant et surtout pendant lapremière grève des camionneurs d'octobre 1972, soutenus par le courant de gauche du PS, le MAPU (Mouvement d'actionpopulaire unifié) et le MIR (Gauche révolutionnaire).
Ils voudraient préfigurer ce " pouvoir populaire " qui inquiète à la foisl'armée, la bourgeoisie et même le secteur modéré de l'UP (PC et radicaux), partisans du dialogue à tout prix plutôt que d'unaffrontement considéré comme évitable.
Mais les " cordons " sont à peu près dépourvus d'armes.
Lorsque, en juillet, la grève des mineurs de cuivre se termine, une deuxième grève des camionneurs va prendre le relais.
Elleentraînera commerçants, médecins, cadres des chemins de fer et des compagnies d'aviation.
Peu à peu, le pays se paralyse,s'installe dans la grève, le marché noir, les manifestations de rue, le terrorisme même, car les explosions finissent par ne plusétonner personne.
La pénurie frappe d'abord les plus pauvres, qui gardent pourtant leur confiance à Allende.
De chaque côtéd'un Chili de plus en plus nettement coupé en deux, on s'exaspère.
Un plan anti-putsch
En août, Allende fait grincer des dents la gauche de l'UP en faisant entrer les commandants en chef des trois armes et descarabiniers dans un " gouvernement de la dernière chance ".
Les attentats ne diminuent pas pour autant.
D'autre part, sous lecouvert d'une " loi sur le contrôle des armes " votée en 1972 pour neutraliser les extrémistes, l'armée multiplie les perquisitionsdans les usines, brutalise les ouvriers, confisque à l'occasion quelques vieux pistolets.
Quand Allende se décide à limoger legénéral Ruiz, commandant en chef des forces aériennes et ministre des transports, dont la mollesse à l'égard des camionneurs engrève est par trop évidente, l'aviation ébauche un soulèvement.
Au sein de l'UP, le clivage s'accentue entre " réformistes " et" révolutionnaires " les uns veulent d'abord " consolider l'acquis ", les autres " avancer sans transiger ", quitte à bousculer aubesoin une légalité qui les étrangle.
Le 22 août, le Parlement accuse Allende de ne pas respecter la Constitution et invite les militaires à ne pas se prêter aux" illégalités ".
Le lendemain, le général Prats démissionne du gouvernement et de l'armée.
Désormais, la voie est libre pour sonsuccesseur, le général Pinochet, dont Allende ne se méfie pas le moins du monde.
En dépit d'une manifestation de près d'un million de personnes qui défilent six heures durant, le 4 septembre, devant la Monedapour célébrer sa victoire électorale de 1970, réclamer un " pouvoir populaire " et l'inciter à avoir la " main lourde " à l'égard de ladroite, Allende a fait son choix.
Le 4 septembre, il réunit un groupe de généraux, parmi lesquels Pinochet, et leur fait part de sonintention d'organiser, comme l'opposition l'avait réclamé, un référendum pour résoudre de manière démocratique le conflitl'opposant aux Chambres.
Un plan anti-putsch est mis au point, qui prévoyait d'écarter du commandement les généraux séditieux et envisageait, en cas derébellion, le concours des syndicats ouvriers.
Mais c'est le général Pinochet que l'on charge de coordonner les opérations avec laCUT (Centrale unique des travailleurs) ! Il persuade Allende d'attendre plutôt la seconde quinzaine de septembre.
Le message àla nation annonçant le référendum était prévu pour le 11 septembre...
En guise de message, c'est donc un appel à la résistance que, ce matin-là, à 8 h 30, Allende lance du palais de la Moneda, où ilest accouru avec son escorte.
Mais, cette fois, l'armée n'en est plus à son " galop d'essai ", comme le 29 juin.
Elle quadrille laville, que les avions survolent en rase-mottes les blindés sont en position aux points stratégiques, les communications intérieureset extérieures sont parfaitement contrôlées.
Loin du centre où l'on s'apprête à se battre, les civils refluent.
" Travailleurs de mon pays, parvient à dire Allende, ils peuvent nous assassiner, mais on ne retient les mouvements sociaux nipar le crime ni par la force.
Tôt ou tard se rouvriront les larges avenues par où passe l'homme libre...
".
A 11 heures, un ultimatumlui donne quinze minutes pour se rendre.
" Vous autres, généraux félons, ignorez ce que c'est que l'honneur ", répond-il.
Près de lui demeure le dernier carré des fidèles: son conseiller et ami, l'excellent journaliste Olivares, que l'on trouvera mort àses côtés; sa secrétaire inséparable, Myriam Contreras; son médecin Oscar Soto; quelques gardes du corps kamikazes...
Autourde la Moneda, la canonnade est intense.
Les tirs des chars se mêlent au crépitement des mitrailleuses, au sifflement des armeslégères..
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