Article de presse: La marmite algéroise saute
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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Le colonel Trinquier, qui a assisté à la scène depuis les hauts d'Alger, arrive avec les compagnies restantes pour apercevoir legénéral Salan qui s'avance au balcon.
Hué par la foule, qui voit en lui l'homme de Paris, le commandant supérieur interarméesdisparaît.
Massu, au premier étage, dans le vaste bureau du directeur du cabinet de Robert Lacoste, est entouré de manifestants commeun sanglier dans une meute.
Le chef du 3 e RPC redescend au Forum et en revient aussitôt, hissé de gré ou de force sur les épaules des émeutiers.
Le général Salan s'est retiré en silence dans une pièce exceptionnellement épargnée, avec les grands chefs et des membres deson état-major.
Faute d'avoir pu les refouler, Massu assure d'abord à ceux qui le pressent de prendre le pouvoir, en termes fort clairs, qu'ils...l'ennuient.
Mais il est seul, sans directives, au milieu du tourbillon.
Puisque le mouvement est impossible à maîtriser à moins detirer sur une foule désarmée, il faut le " coiffer ".
" En parachutiste habitué à la manoeuvre, je sens que le moment est venu de sauter et je saute (1).
" Il se nomme président d'un comité de salut public.
Sur une feuille de papier, il inscrit les noms des trois colonels qui l'entourent Trinquier, Ducasse etThomazo, de Pierre Lagaillarde, puis, comme on établit une liste pour une corvée de cantonnement, ceux de six autres civilsinconnus qui sont là.
L'un déclare simplement représenter " la foule ".
Le colonel Godard, chef du secteur Alger-Sahel, ( " Votrecomité a pour nom rébellion " ) et son adjoint, le colonel Vaudrey, refusent.
Le général Salan, dans son salon, reste de marbre.
Massu, au balcon, lance à 20h45 sa proclamation : " Moi, général Massu, je viens de former un comité de salut public (...) pourqu'en France soit formé un gouvernement de salut public, présidé par le général de Gaulle.
" Il est acclamé, mais personneapparemment ne prête attention à la référence à l'ancien chef de la France libre, qu'on n'aime guère à Alger.
Puis, au préfetd'Oran, Maurice Lambert-il sera défenestré le lendemain,-qui l'appelle au téléphone pour le morigéner, le général-présidentrépond : " Que feriez-vous à ma place ? " Le colonel Trinquier, averti que, d'une pièce voisine, l'état-major a fait appel à la 7 e
division mécanique rapide (DMR) pour rétablir l'ordre, enjoint ostensiblement à ses officiers de tirer au bazooka sur le premierchar qui se présenterait.
Et aussi sur le deuxième...
L'affaire n'ira pas plus loin.
A 22 heures, les gendarmes tenteront cependant de repousser la foule du Forum.
Sur les ordres du colonel Trinquier et de sesofficiers ( " Nous avions besoin d'elle " ), les manifestants se couchent et les gendarmes s'arrêtent puis reculent.
C'est alors qu'apparaissent ou reparaissent les " politiques ".
D'une part, les gaullistes, d'autre part, le général Salan.
Lesgaullistes : Léon Delbecque, de l'antenne de la défense nationale, qui est, dit-il, le représentant de Jacques Soustelle, gaulliste,ancien gouverneur général de l'Algérie, et Lucien Neuwirth, réserviste en uniforme, venu de métropole.
Ils se déclarent lesorganisateurs de la manifestation de l'après-midi ils réclament de faire partie, avec leurs amis, du comité de salut public-etl'obtiennent.
Ainsi, leur propre complot n'ayant pas réussi, vont-ils, en se recommandant de Jacques Soustelle, noyauter le comitéissu de la foule et l'orienter.
Pendant ce temps, à Paris, où l'inquiétude est grande, Pierre Pflimlin a été investi à 2 h 45 par l'Assemblée nationale.
Massu, aunom du comité, l'annonce à la foule toujours présente, évoque la venue prochaine de Jacques Soustelle, que les Algéroisattendent sous les étoiles, et supplie le général de Gaulle de " vouloir bien rompre le silence en s'adressant au pays en vue de laformation d'un gouvernement de salut public ".
Quant au général Salan, qui, disait le général de Lattre, " a toujours préféré laisser venir les situations pour ensuite les prendresolidement en main ", il sort de son silence pour faire lire vers 3 heures du matin, au micro, un communiqué soigneusement pesé :" Ayant mission de vous protéger, je prends provisoirement en main les destinées de l'Algérie française.
Je vous demande de faireconfiance à l'armée et à ses chefs et de montrer, par votre calme, votre détermination.
" D'ailleurs, il a reçu, au cours de la nuit,de Félix Gaillard, qui va passer ses pouvoirs-il a l'accord de son successeur Pflimlin, qui confirmera,-les pouvoirs civils demaintien de l'ordre.
Ainsi pourra-t-il, avant l'arrivée de Jacques Soustelle, dont il redoute la popularité, se présenter à la fois, au moins pour untemps, comme le représentant du pouvoir républicain et le chef de la rébellion, comme le commandant supérieur des forcesfrançaises en Algérie, responsable du maintien de l'ordre, qui ne rompt pas la chaîne hiérarchique légale, et le champion del'Algérie " intégrée "..
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