ARTICLE DE PRESSE: La levée de l'embargo américain contre le Vietnam
Publié le 22/02/2012
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au public cette année, les Vietnamiens mentent et, au mieux, les Américains (les militaires et Henry Kissinger) ontdes doutes.
Ils portent sur 2 239 hommes, prisonniers dont on aurait perdu la trace ou, pour l'essentiel, disparus en opération,au Vietnam (1 647 d'entre eux) et au Laos (plus exactement à la frontière entre les deux pays).
Depuis 1982, Hanoi veut bien en discuter.
Au fil des ans, de nombreuses missions de recherche sur le terrain etd'une coopération de mauvais gré de la part de Hanoi - qui ne divulgue ses informations qu'au compte-gouttes - lesort de la plupart d'entre eux a été éclairci ou à peu près.
Des restes de dépouilles ont été identifiés et transmis auxEtats-Unis.
Moins d'une centaine de cas restent mystérieux.
A l'exception de certains escrocs, ou cinéastes auteursde séries façon " Rambo dans la jungle ", qui exploitent les sentiments des familles d'anciens combattants, personnene pense qu'il y a encore des Américains prisonniers au Vietnam.
Depuis 1992, dit l'administration, le Vietnam a tout fait pour éclaircir les quelque 80 dossiers encore non élucidés.
"Des progrès réels et significatifs ont été accomplis ", a affirmé M.
Clinton, " les gouvernements du Vietnam et duLaos ont accepté de collaborer sur leur frontière commune ".
Toujours selon le président américain, Hanoi " a redoublé d'efforts pour fournir tous les documents pertinents ".
Au Sénat, John Kerry avait jugé qu'il était " temps de mettre la guerre derrière nous " et son collègue McCain estiméqu'il fallait " aller de l'avant ".
L'embargo " ne sert plus les intérêts américains ", relevait le New York Times.
Il leservait d'autant moins depuis un an que le Japon avait levé le sien, diminuant singulièrement l'efficacité duboycottage américain.
Quoi qu'en ait dit M.
Clinton, qui a assuré que sa décision n'avait en rien été motivé par des considérationséconomiques, nombre de milieux d'affaires américains faisaient pression pour la levée de l'embargo.
Ils voyaient d'unmauvais oeil leurs concurrents asiatiques et européens s'installer au Vietnam.
Depuis la fin des années quatre-vingt, et la perte de son parrain soviétique, le Vietnam a libéralisé son économie.
Ironie de l'Histoire, les principaux investisseurs au Vietnam sont les pays les plus anticommunistes d'Asie : Corée dusud, Taiwan, Singapour, Hongkong et Japon.
Pour reprendre une expression du journaliste Olivier Todd, " le sud a contaminé le nord " (1).
Si le régime vietnamienest toujours dictatorial, l'économie est celle que prônait le sud, avant la chute de Saigon.
Comme l'écrit le New YorkTimes : " D'une certaine façon, c'est comme si Saigon et non Hanoi avait gagné la guerre le Vietnam d'aujourd'hui,c'est un peu comme une victoire différée de ce que voulaient les Etats-Unis ".
Bref, la levée de l'embargo était inévitable.
ALAIN FRACHON Le Monde du 5 février 1994.
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