ARTICLE DE PRESSE: La guerre et la paix dans la société soviétique
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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Simonov, qui aborde la question des fautes de Staline dans sa trilogie : les Vivants et les Morts.
Mais il faudra attendre la deuxième vague, celle des années 1970-1980, pour que l'objectif se resserre sur la guerre auquotidien, la psychologie du combattant, la souffrance des gens simples.
C'est dans cette foulée que s'inscrivent les GrigoriBaklanov, Viktor Astafiev et, surtout, le Biélorusse Vasil Bykov.
" Que l'on donne à lire Bykov aux gens du monde entier, dit l'un de ses admirateurs, et ils seront à jamais immunisés contrel'idée de la guerre (5).
" Le compliment n'est pas excessif.
L'auteur de les morts n'ont plus mal ne laisse pas d'issue : on ne sort pas indemne de cette lecture éprouvante.
C'est que Bykov confronte aux lois de la guerre une morale humaine qui lui est radicalement irréductible.
Un point de vue quin'a pas manqué de soulever la controverse.
" La guerre antifasciste n'est-elle pas une guerre juste ? ", ont demandé descontradicteurs.
" Absolument ", répond l'écrivain, mais la guerre n'est jamais jolie, et il n'y a pas lieu de l'embellir a posteriori.
Souvent, Bykov a dit sa méfiance envers les " exploits " vantés dans la littérature patriotique.
Dans Sotnikov, il livre sa versionde l' " exploit " (podvig), qui se rapproche fort de l'interprétation qu'en donne la tradition ascétique russe : à la fois dépassementde soi et rédemption, qui renvoie à la résurrection chrétienne.
On serait tenté de parler d'une " troisième vague ", dans les années 1970-1980, avec la prose documentaire.
Outre lesexemples biélorusses déjà cités, on y retrouve Ales Adamovitch et Danil Granine, auteurs d'un retentissant Livre du blocus,rassemblant quantité de témoignages inédits sur le siège le Leningrad.
Celui-ci a fait, de source officielle, six cent mille victimes, et,selon d'autres, biens d'avantage (6).
Tradition orale
Le livre du blocus a recueilli des souvenirs que la tradition orale ou celle des journaux intimes transmettent d'une génération àl'autre, au sein des familles.
C'est le livre de la faim et du froid, mais aussi des relations de voisinage, des cruautés et dessolidarités, " petites ", anonymes, racontant les marches funèbres, mais aussi les écoles musicales entre les salves d'artillerie,l'impensable, pourtant vécu par des morts en sursis dans une ville damnée mais pas désespérée.
Jusqu'à présent, les problèmes de la collaboration n'ont été que discrètement évoqués.
Pourra-t-on pousser plus loin, et jusquedans les sombres recoins, l'effort de mémoire collective qui prend, en ce domaine ouvert à l'investigation, l'allure d'une catharsis?
Il faut attendre la déstalinisation pour que les Soviétiques découvrent dans les salles obscures une part des images et desémotions de " leur " guerre.
Ils sont passionnés, bouleversés, violemment interpellés, en 1957, par le chef-d'oeuvre de Kalatozov,en rupture avec les conventions et le puritanisme antérieur : Quand passent les cigognes et l'une des rares transpositions réussies àl'écran du " climat " poétique russe, dans l'évocation d'un amour brisé, de la vie des " évacués " vers l'Est, des attentes auxquellesmême la victoire ne pourra donner d'heureux aboutissements.
Dans la même veine du néoréalisme lyrique G.
Tchoukhraï braque les projecteurs sur les petitesses et les grandeurs, les joies etles peines de la Ballade du soldat, et Sergueï Bondartchouk sur le Destin d'un homme (d'après Cholokhov), en l'occurrence leprisonnier en Allemagne sur lequel avait pesé la suspicion stalinienne.
Fascisme ordinaire
Autres regards, troublants et troubles ceux de l'Enfance d'Ivan du cinéaste symboliste Andreï Tarkovski, dont c'est la" première " d'une grande carrière.
Et, en marge : le surprenant Fascisme ordinaire, où Mikhaïl Romm, puisant aux archives deGoebbels, décrypte et déborde le cas nazi, en démontant les mécanismes de l'idolâtrie moderne et de l'aveuglement des masses.Le cinéaste et son public n'ont pas négligé les rapprochements possibles avec le " communisme de caserne ".
Après cette floraison des années post staliniennes, le cinéma " de guerre " soviétique sera de plus en plus prétexte à filmsd'aventures et grands spectacles, où se mêlent l'apologétique et les règles hollywoodiennes du genre.
Il y aura quelquesexceptions.
Dans les Orphelins (en russe : Podranki, un terme de chasse pour désigner le gibier blessé), Nikolaï Gubenko montrel'enfance abandonnée et dénonce le dressage militariste dans les orphelinats.
C'est l'occasion d'apprendre que, pour les Russes, lemot " fasciste ", dans la bouche d'un enfant révolté, par exemple, peut aussi désigner un éducateur autoritaire et brutal.
JEAN-MARIE CHAUVIER Le Monde diplomatique, Août 1985.
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