Article de presse: La fusion AFL-CIO
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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mort de Roosevelt, un Congrès républicain ayant été élu en 1946, le climat était à tous égards favorable à une réaction anti-ouvrière, qui, dès juin 1947, et malgré le veto du président Truman, se manifeste sous la forme de la loi Taft-Hartley.
Cette loi prétend interdire des excès dont on ne saurait nier l'existence : les syndicats américains possèdent une structure assezdictatoriale qui permet aux dirigeants de se livrer à certains abus,-le banditisme pur et simple n'est pas absent de divers syndicats dans certaines entreprises des grèves furent encouragées et financées en partie par des patrons d'entreprises concurrentes, etc.
Mais la loi Taft-Hartley restreint dangereusement la liberté syndicale, impose un contrôle de la gestion financière des centrales,supprime l'effet de surprise des grèves en exigeant un préavis de soixante jours, interdit aux fonctionnaires de cesser le travailsous peine de renvoi immédiat, supprime le closed shop, c'est-à-dire l'obligation pour un patron de n'embaucher que des ouvrierssyndiqués, etc.
La question des communistes
Les syndicats étaient trop profondément divisés pour opposer une résistance efficace à la loi Taft-Hartley.
En outre, la nouvelleloi devait encore accentuer les divisions existantes en introduisant la " chasse aux sorcières " dans les organisations ouvrières.Lors de la campagne de pénétration dans le Sud, les dirigeants de l'AFL dénonçaient déjà le CIO comme une " cinquièmecolonne communiste " et disaient aux patrons : " Marchez avec nous si vous ne voulez pas avoir affaire avec les communistes duCIO.
" De fait, près de 30 % des effectifs du CIO étaient contrôlés par les communistes.
Les " rouges " dirigeaient la fédérationdes ouvriers de l'électricité (500 000 membres), les dockers de Californie, les mineurs des mines métalliques, les ouvriers desfabriques de matériel agricole, des transports routiers, de la fourrure,-sans compter les unions locales de New-York, de SanFrancisco, de Chicago, de Cleveland, de Los Angeles.
En outre ils exerçaient une influence considérable parmi les ouvriers del'automobile, menaçant ainsi l'autorité de Walter Reuther.
Celui-ci n'hésita pas à utiliser contre eux la clause anticommuniste de laloi Taft-Hartley.
Lorsque l'épuration fut terminée, Reuther était le maître incontesté des ouvriers de l'automobile.
L'élimination des communistes atténua sensiblement la combativité du CIO.
Dès lors ses positions ne cessèrent de serapprocher de celles de l'AFL.
Les deux grandes centrales se rejoignaient sur une base commune : assurer la prospérité destravailleurs dans le respect du système établi.
En outre, l'AFL, sans renoncer à ses " syndicats de métiers ", avait fait un effortpour organiser les autres catégories de travailleurs; sur ce plan également les deux mouvements s'étaient donc rapprochés.
Ledurcissement de la guerre froide les confirmait dans leur anticommunisme.
Leur intervention fut décisive pour faire accepter leplan Marshall par l'opinion publique.
Seul, comme un vieux lion superbe, l'irascible John Lewis, à la tête de ses six cent millemineurs, rugissait contre l' " impérialisme américain ".
L'AFL et le CIO se rapprochèrent de l'administration Truman dans l'espoir d'obtenir une révision de la loi Taft-Hartley.
Bienqu'il eût retrouvé en 1948 un Congrès démocrate, Harry Truman ne fit rien en ce sens : il devait compter avec le Sudconservateur, où l'implantation des syndicats était mal vue par ses propres troupes démocrates.
Cette impuissance déçut lestravailleurs, dont beaucoup votèrent en 1952 pour le général Eisenhower, homme nouveau dans la politique et qui de plus avaitpromis la révision de la loi Taft-Hartley.
Il ne put tenir parole, et soudain les syndicats sentirent redoubler leurs craintes : lamajorité républicaine n'allait-elle pas profiter de son retour au pouvoir pour renforcer encore la législation anti-ouvrière ?
Les tentatives de rapprochement, qui avaient jusque-là toujours échoué, parurent alors s'imposer avec une exigence accrue.Les principaux obstacles avaient disparu, y compris les vieux leaders qui s'encombraient du souvenir de leurs anciens conflits.
George Meany et Walter Reuther viennent de jeter les bases d'un accord de fusion.
Mobilisant des troupes plus nombreusessous une direction unique, leurs grèves pourront atteindre une efficacité supérieure.
Mais quelle sera leur influence politique ? Pourront-ils agir sur le Congrès pour obtenir par exemple la révision de la législationouvrière actuellement en vigueur ?
On peut en douter.
S'ils trouvent plus de compréhension chez les démocrates que chez les républicains, les premiers sontprisonniers des élus du Sud, sans lesquels ils ne disposent d'aucune majorité au Congrès.
L'espoir de créer un troisième parti leurest pratiquement interdit.
Prisonniers des deux partis en présence, ils ne pourront guère arracher que des satisfactions mineures.
Ils placent tous leurs espoirs dans le Comité d'action politique du CIO et dans la Ligue pour l'éducation politique de l'AFL,dont les deux centrales ont décidé d'intensifier le travail.
Peut-être parviendront-ils ainsi, à la longue, à modifier le comportementde leurs élus...
Telle apparaît l'inconcevable faiblesse politique de ces seize millions de syndiqués.
L'AFL poursuit cependant à Washington la.
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