Article de presse: La faillite des Brigades rouges
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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de la direction stratégique, qui par ses aveux permettra de nombreuses arrestations, est un peu le symbole de ce malaise.
Leflottement idéologique au sein des B.R.
conduira à des dissensions internes qui se sont avérées destructives avec l'affaiblissementdu groupe en butte à une police plus efficace.
Schématiquement, ces dissensions introduisent un clivage entre deux lignes : celle des " orthodoxes " (ou militaires) et celle des" mouvementistes ".
A l'origine, et jusqu'en 1981, lorsque vont se structurer de véritables courants divergents, voire rivaux, il nes'agit que du débat traditionnel à tout mouvement de lutte armée : celui du rapport entre mouvement de masse et bras armé.
Oubien privilégier le renforcement d'un parti armé de type léniniste, rejetant le spontanéisme (thèse des " orthodoxes " ), et en celales B.R.
se situent bien dans l' " album de famille " communiste ou bien cultiver les liens avec les masses, s'insérer dans les luttessociales en jouant davantage de la spontanéité (thèse des " mouvementistes " ).
Jusqu'à l'affaire Moro, ces deux " âmes " des B.R.
coexistent dans un rapport de dialectique interne.
Par la suite, lesantagonismes vont se durcir, chaque ligne cherchant à l'emporter sur l'autre, mais chaque camp se déplaçant sur le terrain del'idéologie et de la pratique de l'autre pour démontrer qu'il est aussi capable d'y agir.
Si, dans le contexte de flottement idéologique et de répression des années 1979-1980, la ligne " orthodoxe " va d'abordprévaloir (c'est dans cette perspective que se situent les assassinats de carabiniers et de juges progressistes), la sensibilité" mouvementiste " ne s'en affirme pas moins.
A la fin des années 70, le débat interne des B.R.
sur le rôle du parti armé dans son rapport aux masses s'est envenimé.
La crisepolitique née de ces forts contrastes n'a certes pas entamé la capacité opérationnelle de l'organisation : malgré les arrestations de1978-1979 (mille six cents personnes), s'enchaînent " jambisations " (tirs dans les jambes), enlèvements et assassinats.
En 1980,cette frénésie d'action, qui tient autant à la ligne dure des " orthodoxes " qu'à une rivalité entre les deux courants pour conquérirplus de poids et faire prévaloir leur ligne respective, est compromise par les difficultés internes et la répression.
Le " retour au social "
Sur le plan du recrutement, l'ouverture au " prolétariat extralégal " va se traduire par une " formation " en prison de nouveaux" réguliers " et par l'extension de la base logistique à la pègre.
La tendance " normale " de toute organisation clandestine des'acoquiner avec le monde des truands (pour obtenir des armes, de faux papiers, monter des hold-up) va se renforcer en trouvantune justification " théorique ".
C'était aussi prendre un risque : la pègre étant un milieu peu fiable et, surtout, pénétré par la police.
Certaines associations terroristes-pègre ont été fructueuses : à Naples, lors de l'enlèvement de l'assesseur à l'urbanisme Cirillo(mars 1981), c'est la camorra (la mafia napolitaine) qui sera l'intermédiaire pour la rançon (1,5 milliard de lires), en encaissant aupassage un autre milliard et demi, plus 100 millions en " faux frais "...
En revanche, dans l'affaire Dozier, l'association avec la pègre locale sera catastrophique pour les B.R.
C'est, semble-t-il, lesmilieux de la drogue de Vérone, plaque tournante pour le trafic, qui ont aidé la police à localiser la prison du général.
On ignore,en fait, où ont pu passer les 2 milliards de lires promis par de mystérieux " amis du général " à qui donnerait des informations,mais ce dont on est sûr à Vérone, c'est que les trafiquants n'avaient qu'une hâte : que la police, qui avait quadrillé la ville à la suitede l'enlèvement, la quitte au plus vite afin que soit restauré un calme propice aux affaires.
Que les grands trafiquants aient livré lesterroristes ne serait pas étonnant : ils n'avaient d'ailleurs pas de difficultés à se renseigner puisque le commando avait fait l'erreurde recourir à de petits revendeurs pour monter leur opération.
Le second phénomène qui va modifier la composition des B.R.
est la disponibilité d'une extrême gauche venue à la politiqueaprès 1977.
L'effritement des organisations gauchistes (Lotta continua, Il Manifesto, Avanguardia opéraia) laissera soudain à la dérive cettemasse en révolte (étudiants, jeunes ouvriers, marginaux), à l'origine d'Il Movimento, qu'elles canalisaient et contrôlaient jusqu'à uncertain point.
Au lendemain de 1977, pour ceux qui ont participé au " mouvement " c'est l'alternative : ou se replier sur des luttes parcellaireset renoncer plus ou moins à la politique, les partis de gauche traditionnels n'offrant aucune perspective, ou bien se lancer dans lalutte armée.
De là toute une période de terrorisme diffus, de terrorisme de quartier.
Mais avec la rapide déconfiture des groupusculesterroristes, les B.R.
vont devenir un pôle de référence.
Après avoir été longtemps une organisation fortement structurée, elles.
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