Article de presse: La crise met en cause la méthode du premier ministre
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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communication est étroitement surveillée, diffusent désormais un discours " robinet d'eau tiède ", frappé au coin du conformisme,après avoir vu le sort peu enviable réservé à un collègue trop téméraire ? Certains ont envisagé de donner leur démission.
Avant la " lessive " du premier remaniement, la mise en cause discrète des néophytes du gouvernement avait fini par inspirer enprivé ce jugement à un ministre qui est resté en poste : " Depuis six mois, Juppé scie la branche sur laquelle il est assis en disantqu'il est entouré d'une équipe de merdeux.
" D'un autre qui, lui, est passé à la trappe : " Au conseil des ministres, ses interventionssont brèves, rares.
Il intervient de façon plutôt désagréable, pour interrompre ou couper quelqu'un qui est trop long.
Celui qui faitle liant, c'est Chirac il sait passer la main dans le dos de tout le monde.
"
Premier ministre, M.
Juppé aurait-il fait la démonstration qu'il n'est pas chef du gouvernement ? Un ministre encore en poste levoit plutôt en " homme-orchestre " qu'en " chef d'orchestre ".
Il n'est pas rare d'entendre dire qu'il ne sait pas se comporter enchef d'équipe.
Ses proches récusent ce reproche, en soutenant qu'il sait déléguer quand il peut faire confiance.
Il faut croire quesa confiance est distribuée avec parcimonie.
Ce jugement, en tout cas, passe par pertes et profits la méthode issue du systèmeJuppé et mise en évidence par la grave crise sociale que traverse le pays : l'annonce sans concertation, l'injonction brutale et lepassage en force.
La réforme et la purge
Dès le début décembre, Bernard Brunhes, membre de feu la commission Le Vert sur les régimes spéciaux de retraite, assurait,dans un entretien à La Croix, que le plan Juppé pour la " Sécu " était " gravement handicapé par une erreur de méthode ".
" Lepremier ministre a décidé d'administrer sa réforme comme on administre une purge.
Pour preuve, la vingtaine de forumsrégionaux, dont l'objectif de concertation a été très formel ", affirmait l'ancien conseiller social de Pierre Mauroy, premier ministresocialiste entre 1981 et 1984.
M.
Juppé décide, puis, éventuellement, il discute si le mouvement social l'y contraint.
Le plusextraordinaire est qu'il agit ainsi de parfaite bonne foi sa réforme de la protection sociale est la meilleure possible et il necomprend pas que les syndicats ne l'admettent pas.
Cette façon de concevoir le pouvoir illustre-t-elle une profonde méconnaissance des rapports sociaux et du fonctionnement dela société ? Dans un entretien accordé à L'Express (daté 6-12 décembre), Charles Pasqua, qui n'est pas vraiment un ami de M.Juppé, apporte une réponse positive en déclarant : " On ne peut pas mener ce pays comme on dirige un conseil d'administration.
"L'ancien ministre de l'intérieur enfonce le clou en affirmant qu'on ne peut pas obtenir la confiance de l'opinion " d'une manièretechnocratique, bureaucratique et, en définitive, un peu autoritaire ".
Pour ceux qui auraient besoin d'une précisionsupplémentaire, M.
Pasqua donne la recette : " D'abord, il faut dialoguer, ne pas mépriser ou [leur] donner ce sentiment ceux quisont inquiets pour leur avenir.
"
Face aux critiques qui commencent à pleuvoir à l'intérieur même de la majorité, M.
Juppé se cabre et tord un peu la réalité.
Ilprétend qu'il n'a jamais dit ce qu'il a dit à propos de l'alignement des régimes spéciaux sur le régime général il assure que ledialogue social n'a jamais aussi bien fonctionné il dénonce l'entreprise de " désinformation " dont il serait victime.
Bref, ce quiarrive n'est pas, n'est jamais de sa faute.
Ce sont les autres qui, comme toujours, ne comprennent rien.
OLIVIER BIFFAUD Le Monde du 14 décembre 1995.
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