Article de presse: La crise du logement et ses solutions
Publié le 17/01/2022
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200 milliards, peut-être, quand l'organisme serait bien en route.
Cela représente moins de 10 % du budget ordinaire.
Or nousvoyons que pour l'année 1950 l'augmentation de la circulation fiduciaire a dépassé de 300 milliards son volume au 31 décembre1949.
Ces 300 milliards n'ont pas servi à créer de la richesse durable, et cependant ils n'ont pas entraîner une hausse de prixcorrespondant à leur importance relative.
Autrement dit, 25 % de billets en plus ne se traduisent pas par une majoration de 25 % des indices des prix de gros ou dedétail.
Il y a, en effet, un moyen de faire reculer encore-s'ils existent-les dangers d'une inflation " dirigée " dans le secteur de laconstruction.
C'est de compenser en partie cette sortie d'argent neuf par un " apport-travail ".
Il existe aujourd'hui en France des milliers d'ouvriers qui, n'ayant pas les fonds de départ pour bénéficier d'un emprunt, ontrésolu d'apporter leur travail gratuitement pour édifier leur maison et obtenir ainsi les crédits nécessaires.
Ce sont les " castors ".Le mouvement " castor ", après quelque temps de tâtonnements, est aujourd'hui sorti de sa période infantile.
Une union nationalecoordonne les expériences, donne des conseils juridiques, techniques, financiers, et, avec l'aide du CNAH, représente leséquipes auprès des administrations intéressées.
Son secrétaire général, M.
Michel Anselme, le geste volontaire, l'oeil et le cheveusombres, a cette qualité de foi qui déplacerait des montagnes de béton et de briques.
Les " castors " ne sont pas de ces " constructeurs du dimanche " qui, avec beaucoup de bonne volonté, aboutissent le plussouvent à la création de " taudis neufs ", me dit-il.
Le " castor " apporte son travail dans la partie de la construction où il estcompétent.
Le plus souvent, il n'effectue que les tâches qui ne nécessitent aucune qualification professionnelle.
Nos équipess'engagent à faire une construction de qualité sous la conduite de techniciens compétents.
Combien de logements sont aujourd'hui en construction grâce à ces formules ?
Trois mille environ.
Les réalisations sont très diverses.
Les plus intéressantes visent la construction de cités.
Ainsi, le comitéouvrier du logement de Bordeaux achève en ce moment cent cinquante logements à Pessac-l'Alouette.
Mêmes idées à Nantes,où les programmes portent sur cent dix logements en maisons particulières ou jumelées, à Poitiers (cent quarante-deuxlogements).
A Saint-Nazaire, cent soixante " castors " construisent cinq à peu près autonomes.
Comment est évalué l'apport-travail ?
Le ministère de la reconstruction a accepté que la valeur des heures de travail des " castors " puisse entrer en compte dansl'apport des 10 % ou 25 % qu'ils ont à effectuer avant d'emprunter.
Un minimum d'heures de travail est indispensable pour quel'apport puisse être pris en considération (l'Union nationale des castors l'a fixé à six cents heures).
Ce travail est fourni pendant lesheures de loisir, et ne peut donc être confondu avec un " travail noir ".
Et l'économie sur le plan de la construction ?
Les maisons " castors " atteignent des prix de revient de 30 à 40 % inférieurs aux prix normaux.
Outre l'apport travail, denombreuses économies sont réalisées par la bonne organisation des chantiers.
Les équipes réduisent leurs frais généraux auminimum et bénéficient parfois de certains concours extérieurs : prêts de matériel par exemple.
L'Etat ne pourrait-il pas lancer une sorte de service du travail volontaire ? (En le baptisant autrement si l'on a peur de fâcheusesrésonances.) Et l'armée ? Il paraît mal venu en ces temps où l'on astique les baïonnettes et les mitrailleuses de penser l'utiliseraujourd'hui à d'autres tâches.
Nous fera-t-on croire que l'instruction militaire du jeune soldat ne peut lui laisser aujourd'hui aucunrépit ? Dans une importante étude publiée dans la revue Economie et Humanisme, M.
J.M.
Gatheron avait posé et enrichi cethème de l'armée créatrice : " Lorsque la France compte une personne de plus de soixante ans pour moins de trois personnesactives, on n'a pas le droit de laisser hors de l'effort général de production plusieurs centaines de milliers de jeunes hommes enpleine vigueur (...).
"
PIERRE DROUIN Le Monde du 2 mai 1951.
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