Article de presse: La conférence mondiale des Partis communistes
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
rapport à février 1968-où la délégation roumaine avait quitté avec fracas la réunion consultative de Budapest.
Jusqu'à plus ampleinformé, on ne peut donc dire que la conférence ait été annonciatrice de changements profonds en Europe orientale.
Réflexions sur trois partis
Il en va différemment du mouvement communiste lui-même au sein duquel se sont produits des phénomènes inédits et dont toutfait croire qu'ils sont irréversibles.
Le mérite en revient sans doute avant tout à la délégation des communistes italiens, qui, dans legroupe des contestataires les plus résolus, représentaient le parti le plus nombreux.
Le combat n'a pas été vain puisque lacontestation a abouti dans les faits comme dans les textes à la reconnaissance de la diversité.
Non seulement l'ère dumonolithisme est ainsi dépassée, mais un pas supplémentaire est peut-être franchi au-delà du polycentrisme cher à Togliatti.
Pours'en tenir au texte même du communiqué final de la conférence, il est admis que plusieurs partis, sans pour autant s'exposer à desmesures d'excommunication ni seulement à des critiques explicites, ont le droit d'avoir au sein du mouvement communiste mondialdes positions qui leur sont propres, différentes de celles de la majorité et qui leur paraissent mieux conformes aux conditions de lalutte pour une société socialiste dans le contexte de leurs communautés nationales respectives.
Il est encore trop tôt pour discerner toutes les conséquences que peut avoir cette reconnaissance de principe.
Mais on peutd'ores et déjà noter qu'elle offre matière à réflexion sur le cas de trois partis importants.
Le Parti communiste français, d'abord,qui, en dépit de la solidité de ses positions électorales, voit ainsi la démonstration faite sous ses yeux qu'originalité ne signifie pasrupture, et doit surtout constater qu'en Europe occidentale (si l'on veut bien mettre à part le cas un peu particulier du partiallemand de Max Relimann), les seuls partis qui aient fait preuve d'un conformisme égal au sien sont ceux d'Irlande, duLuxembourg et du Portugal.
L'isolement ne suffit pas à convaincre que l'on est dans l'erreur, mais il peut au moins inciter àcertains réexamens.
Des communistes yougoslaves, d'autre part, admettent déjà que des développements " intéressants " surviennent au sein d'unmouvement à l'égard duquel ils pourraient être amenés à reconsidérer un jour leur attitude.
Leur position reste trop éloignée decelle des plus contestataires parmi les délégués à la conférence de Moscou pour que leur participation à de telles assises ait étéconcevable.
Il pourrait en être autrement si la porte entrouverte à cette occasion devait donner accès à des confrontations où despoints de vue plus divers encore seraient autorisés à s'exprimer.
De toute manière, le projet de congrès mondial anti-impérialiste,annoncé à l'issue de la conférence, place Belgrade devant un choix d'autant plus délicat que l'idée n'en revient pas auxSoviétiques et à leurs amis les plus proches, mais à des partis " minoritaires " -italien et roumain, notamment,-pour lesquels lescommunistes yougoslaves éprouvent d'évidentes sympathies.
A une échéance peut-être plus lointaine encore, on peut se demander quel effet aura la conférence sur les relations du partichinois avec la fraction du mouvement communiste mondial représentée à la conférence de Moscou.
Le problème est icibeaucoup plus complexe, dans la mesure où les rapports de puissance à puissance entre la Chine et l'URSS tendent évidemmentà prendre le pas sur ceux de parti à parti.
Ce que l'on peut noter dès à présent, c'est que, en dépit des attaques répétées dont le maoïsme a été l'objet, il ne s'est pastrouvé, d'une part, de majorité assez substantielle pour condamner collectivement la politique de Pékin, d'autre part, que plusieurspartis ont insisté pour que des efforts de rapprochement soient entrepris, et cela dans un esprit qui ne suppose aucunement queles dirigeants chinois prennent le chemin d'un quelconque Canossa.
C'est ici que la notion de " diversité " peut trouver sesprolongements les plus lointains, dans la mesure où elle tend à justifier et reconnaître l'existence d'un " modèle chinois "profondément différent des expériences européennes, mais néanmoins authentique.
Restent enfin les répercussions que les débats de la conférence et leur publicité peuvent avoir à l'intérieur même de l'Unionsoviétique.
La conférence elle-même, l'influence internationale de l'URSS dont elle témoigne, les cérémonies diverses qui l'ont entourée,représentent certes pour Leonid Brejnev un capital politique.
C'est à tout le moins un difficile obstacle franchi sans tropd'encombres et qui permet d'envisager, l'esprit plus libre, des échéances prochaines, tel le vingt-quatrième congrès du parti.
Mais,en même temps, divers propos tenus au cours des débats, et qui ont bénéficié d'une publicité à l'échelle nationale par la voie desorganes d'information les plus officiels, ont touché directement l'opinion soviétique.
Ce qui, à propos notamment de laTchécoslovaquie, pouvait jusqu'à présent être présenté comme le fait d'une propagande " bourgeoise ", " impérialiste ", s'estretrouvé dans la Pravda et dans la bouche de communistes assez authentiques pour être invités à siéger au Kremlin.
Il serait probablement illusoire de croire qu'à partir de cette circonstance un mouvement de contestation politique pourrait sedévelopper en URSS.
L'opinion la plus courante est au contraire qu'une période de reprise en main idéologique particulièrement.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- ARTICLE DE PRESSE: L'Organisation mondiale du commerce
- Article de presse: La conférence des Nations unies sur la population
- Article de presse: Conférence d'Helsinki, les mots et les choses
- Article de presse: L'arrêt de mort des communistes indonésiens
- Article de presse: La conférence de Téhéran