Article de presse: La Chine populaire entre à l'ONU
Publié le 22/02/2012
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25 octobre 1971 - L'Assemblée générale de l'ONU a décidé, au cours de la nuit du lundi 25 au mardi 26 octobre, d'admettre au sein des Nations unies le gouvernement de Pékin et d'expulser le régime de Formose. Cette résolution a été adoptée par 76 voix contre 35 et 17 abstentions.
Auparavant, l'Assemblée générale avait rejeté une résolution, d'inspiration américaine, selon laquelle toute motion qui aurait comme effet l'expulsion de la Chine de Formose des Nations unies devrait être considérée comme une " question importante " et donc obtenir une majorité des deux tiers. Cinquante-neuf pays ont voté contre la résolution américaine, cinquante-quatre ont voté pour, tandis que quinze se sont abstenus.
La résolution américaine sur la " question importante " était considérée depuis longtemps en fait comme capitale dans le débat de l'Assemblée sur la représentation chinoise. Il paraissait assuré que les Etats-Unis et leurs amis disposeraient du " tiers bloquant " nécessaire pour obtenir le rejet de la résolution albanaise qui décidait à la fois l'admission de la Chine populaire et l'expulsion des vingt-deux représentants du maréchal Tchiang Kaï-Chek. Or, le gouvernement de Pékin n'a jamais cessé d'affirmer qu'il " ne voulait avoir rien de commun avec les Nations unies si les hommes de Tchiang Kaï-Chek n'étaient pas au préalable expulsés des Nations unies ".
Immédiatement après le rejet de la motion américaine, et avant le vote sur le projet de résolution albanais, le représentant des Etats-Unis, M. Bush, a demandé que le passage relatif à l'expulsion " des représentants de Tchiang Kaï-Chek " en soit retiré.
Finalement, les Américains ne sont pas parvenus à obtenir que la résolution albanaise soit expurgée du passage provoquant l'expulsion de Formose. C'est alors que la délégation formosane quitta la salle, manifestant de la sorte qu'elle quittait les Nations unies.
Mise au vote, la résolution albanaise fut alors adoptée par une majorité de plus des deux tiers des votants-76 voix contre 35. De nombreux pays, en effet, qui avaient voté la résolution américaine sur la " question importante ", se sont résolus, après son rejet, à approuver la résolution du groupe albanais, ce qui peut être considéré comme une nouvelle défaite des Etats-Unis.
L'ampleur de cette défaite a surpris. Quelques heures encore avant la séance, les porte-parole de la délégation américaine exprimaient une grande confiance et se déclaraient sûrs d'une victoire " avec une majorité confortable ". Ils affirmaient que le repos dominical avait été très propice à la cause américaine, que les ambassadeurs des Etats-Unis dans les diverses capitales du monde avaient bien travaillé, et qu'ils avaient réussi à obtenir de gouvernements considérés comme " incertains " l'assurance que leurs représentants aux Nations unies voteraient pour la résolution sur la " question importante ".
PHILIPPE BEN
Le Monde du 27 octobre 1971
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