Article de presse: Jean-Paul II seul maître à bord
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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Or il existe des failles dans les meilleurs systèmes.
Grâce aux valeurs redécouvertes par le concile Vatican II, telles la primautéde la conscience, la liberté religieuse, la pauvreté des moyens, la vérité détenue par les Eglises non catholiques et les religions nonchrétiennes, la citadelle catholique édifiée depuis le concile de Trente a été largement démolie.
Pour beaucoup de catholiques,surtout les plus jeunes, nés depuis le concile, il est impensable de revenir en arrière.
Cela explique, en grande partie, pourquoi lelangage tenu par Jean-Paul II passe si mal auprès de beaucoup.
Si les foules accourent pour le voir lors de ses voyagesinternationaux, c'est surtout pour applaudir et admirer une figure charismatique, un homme courageux (auréolé du martyre à causede l'attentat manqué), sympathique.
Son discours est relégué au second plan, selon le dicton anglais " The singer, not the song "(Le chanteur, pas la chanson).
D'autre part, la décentralisation mise en branle par le concile, avec une autonomie accrue accordée aux conférencesépiscopales, rend très difficile au pape de prononcer une parole unique.
Il doit compter avec les cultures et les coutumes locales,et, lorsqu'il voyage, le ton de ses homélies est souvent donné par les évêques qui le reçoivent.
Rome ne peut plus dire le derniermot dans toutes les controverses qui agitent la chrétienté, pour la simple raison que le monde est trop complexe et trop divers.
" La cavalerie légère "
Ce sont les ordres religieux les plus pénétrés de l'esprit conciliaire, enfin, qui se montrent souvent réfractaires à toute nouvelletentative d'uniformisation.
La transformation de la Compagnie de Jésus, on le sait, a été telle, surtout pendant les vingt ans qui ontsuivi le concile, que le pape, excédé, a fini par demander à " la cavalerie légère de l'Eglise ", pour citer la phrase du Père Pittau,délégué adjoint de la Compagnie, " de descendre de cheval et de se convaincre que, désormais, il faut marcher tous ensemble ".
Inquiété par une autonomie qu'il juge excessive chez certains ordres religieux, Jean-Paul II se prépare à intervenir.
Aux Etats-Unis, où les religieuses sont particulièrement affranchies-certaines militent même en faveur de l'ordination des femmes,-le papevient de nommer une commission composée de trois évêques qui doit " examiner la vie religieuse aux Etats-Unis ".
On dit, d'autrepart, à Rome, qu'un document pontifical sur le sujet est imminent.
Ainsi la politique de Jean-Paul II est, en gros, celle d'une restauration chrétienne.
Or, malgré son énergie débordante et savitalité, il ne saurait la mener seul, et les assauts d'une sécularisation inéluctable paraissent trop forts pour ne pas atteindre desenclaves, protégées jusqu'ici, comme la Pologne ou l'Irlande.
ALAIN WOODROW Le Monde du 21 septembre 1983.
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