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Article de presse: Jean Monnet : l'homme aux idées claires

Publié le 17/01/2022

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9 mai 1950 - " Jean Monnet l'européen " : sans doute, mais il ne faut pas oublier que l'initiateur du plan Schuman de 1950, d'où devait naître la première Communauté européenne, avait déjà atteint cette année-là l'âge respectable de soixante-deux ans. Somme de l'expérience d'une vie déjà bien remplie, couronnement d'une longue et brillante carrière, l'idée européenne n'était certes pas de sa part le fruit d'une inspiration subite, ni la Communauté une improvisation. Cependant, si Jean Monnet a vraiment, plus que tout autre, créé la nouvelle Europe, ce n'est pas l'Europe qui a créé Jean Monnet. Il campait déjà et depuis près de quarante ans, avec pour tout bagage quelques idées claires et un redoutable acharnement à les faire progresser, un personnage très exceptionnel sur la scène mondiale. Rien ne semblait pourtant le destiner à jouer un tel rôle. Petit-fils et fils de négociants en Cognac, il était né lui-même à Cognac le 9 novembre 1888. Il n'aimait guère qu'on le rappelle et se souciait peu de servir d'alibi aux cancres: il n'était pas bachelier. Aucune importance, puisque son avenir était d'avance assuré: son frère aîné Gaston se chargeant du marché intérieur, il serait, hors de France, le commis voyageur du Cognac Monnet. C'étaient là les seules étoiles qui brillaient sur son destin. Dès dix-sept ans, muni d'une valise d'échantillons, le voici qui part pour Bruxelles, pour Londres, à la recherche de clients pour l'affaire familiale qui ne marche pas très fort. A dix-neuf ans, il visite les Etats-Unis, le Canada. Là, il approche pour la première fois les dirigeants de grandes affaires, il prend la mesure des grands cartels, apprend à débrouiller l'écheveau des échanges internationaux, jauge la complexité des relations monétaires, comprend les avantages, la nécessité de la coopération. Autant de leçons qui ne seront pas perdues. Sa santé délicate exige des soins et des précautions, mais ne l'empêche pas de voyager : toute sa vie, bien avant le jet et même l'avion, il sera toujours prêt à boucler sa valise pour partir à l'autre bout du monde. Ainsi a-t-il déjà parcouru l'Europe, l'Afrique du Nord, l'Egypte quand la guerre le surprend au Canada. Il rentre aussitôt en France. Comment ce garçon de vingt-six ans sans diplôme deviendra-t-il, en trois ans, un haut fonctionnaire international ? Parmi ses biographes, l'un fait de lui le protégé de Clementel, ministre du commerce, ami de son grand-père Lucien Monnet, qui avait été le premier maire républicain de sa ville. Un autre conte comment, présenté à Bordeaux par un avocat de Cognac, Me Benon, à Viviani, il est envoyé à Millerand, qui l'affecte au service du ravitaillement de l'armée dirigé par le contrôleur général Mauclair. Il comprend alors et fait admettre non sans peine à ceux qu'il sert la nécessité de " penser interallié ", de coordonner non seulement les opérations militaires, mais les achats et l'approvisionnement des armées et des pays en guerre. Dès 1916, il joue un rôle important dans les premiers organismes communs franco-anglais, les Allied Executive Councils. Il représente en particulier son gouvernement au Comité du blé (Wheat Council), qui achète et répartit les céréales pour les deux pays et l'Italie, puis participe à la création du Comité du fret (Maritime Transport Council), dont il devient, en mars 1918, délégué général. Il a découvert la méthode à laquelle il restera désormais fidèle avec l'obstination d'un paysan charentais. Après l'armistice, expert français au Conseil suprême économique qui prépare le traité de paix, il est bientôt appelé, sur la suggestion d'une personnalité anglaise de premier plan, Lord Robert Cecil, au poste de secrétaire général adjoint de la naissante Société des Nations, la SDN. Mais à la fin de 1922, il donne sa démission et quitte la SDN, officiellement pour voler au secours de l'entreprise familiale qui périclite depuis la mort de son frère, mais en fait parce qu'il a vérifié a contrario l'impuissance d'une organisation dont les membres n'acceptent ni règles ni institutions chargées de dégager les intérêts communs. L'affaire de Cognac est vite renflouée grâce à des concours financiers anglo-américains, et Jean Monnet peut bientôt entamer une carrière de financier international. Directeur de la filiale parisienne d'un groupe bancaire américain, Blair and Co., il négocie et lance des emprunts d'Etat autrichiens et roumains, participe à de nombreuses opérations de grande envergure, devient administrateur de nombreuses sociétés. C'est en 1928, à l'occasion de la fondation d'une Compagnie franco-américaine pour l'électricité, qu'apparaît pour la première fois à ses côtés comme secrétaire du conseil d'administration un jeune homme qui sera son proche collaborateur jusqu'à la guerre, René Pleven. Jean Monnet continue de sillonner le monde, travaille pour la banque Morgan et conclut de profitables marchés. Appelé par T. V. Soong, ministre des finances et beau-frère de Tchiang Kaï-Chek, il remplit à Nankin en 1933 une double mission : d'abord élaborer et faire accepter par le gouvernement chinois un plan de réorganisation industrielle et de construction des chemins de fer-le premier " plan Monnet " en somme,-ensuite, ayant ainsi restauré la confiance des investisseurs, attirer les capitaux américains. Il fonde dans ce but pour la famille Soong la China Finance Development Corporation, qui financera les chemins de fer et, parallèlement à New-York, en liaison avec Lazard Frères, une banque qui drainera les dollars, la Monnet-Murmane Limited. Au passage, à quarante-six ans, il a renoncé au célibat. Silvia de Bondini, peintre de talent, de treize ans sa cadette, qu'il a rencontrée à Rome en 1929, ne peut l'épouser : elle a déjà été mariée en Italie, où le divorce n'existe pas. C'est finalement à Moscou, en 1934-la loi soviétique admet le divorce par déclaration unilatérale,-que ce banquier américain de nationalité française résidant en Chine réussira à faire légaliser son union avec une Italienne, née par surcroît à Constantinople. " La plus belle opération de ma carrière ", aimait-il à dire. Pourtant, il demeure un inconnu ou presque pour le grand public et surtout pour le monde politique français qu'il ne fréquente d'ailleurs guère : toute sa vie, il a haï les mondanités, les cocktails, les réceptions, il a fui le formalisme, les projecteurs de l'actualité, refusé les titres, les fonctions honorifiques mais sans contenu réel. Quant aux fonctions officielles qu'il a occupées, c'est lui-même qui les avaient toutes crées. Sa méthode, c'était la conversation en tête à tête ou en très petit comité, qui permet d'aller à l'essentiel et de s'exprimer franchement. Son domaine, la simplification- " je ne suis pas un technicien ", répétait-il volontiers-et par-dessus tout l'obstination : " A Cognac, j'avais ma grand-mère, qu'on appelait " Marie la rabâcheuse " . Je suis comme elle. " Le général est l'homme de la résistance nationale. Jean Monnet ne voit de salut que dans l'effort commun des Alliés. Tandis que se constitue le noyau de ce qui sera la France libre, il s'envole pour Washington, nommé par le gouvernement britannique, lui, un étranger, membre de la mission d'achats anglaise aux Etats-Unis. Il collabore de façon étroite avec les dirigeants américains, contribue au lancement de la machine de guerre, est l'un des rédacteurs du Victory Program, qui prévoit la construction de 60 000 avions, 45 000 chars, 8 millions de tonnes de navires pour la seule année 1942-pari gigantesque, même pour l'industrie américaine. Adopté par le Congrès au lendemain de Pearl-Harbor, le Victory Program sera exécuté, et Jean Monnet sera l'un de ses animateurs et de ses surveillants. " Jean Monnet a abrégé la guerre d'un an ", dira un jour le général Marshall au journaliste Walter Lippmann. Les hasards de l'histoire vont valoir à ce diplomate anglais devenu grand commis américain une de ces missions discrètes qui bouleversent les données réelles d'une situation. Le général Giraud, qui a la préférence des Américains, exerce le pouvoir au nom de la France. A Londres, de Gaulle, dont Roosevelt se méfie et que Churchill n'appuie que mollement, revendique la légitimité pour la France libre. Il est évident que les Alliés ont le plus grand intérêt à renforcer l'un et forcer la main à l'autre pour aboutir à l'unification des forces et des territoires français sous une même autorité. Toutefois, Washington préférerait que Giraud, plus maniable, garde le contrôle de l'ensemble, mais Londres sait de Gaulle plus habile, plus efficace et aussi plus représentatif de la Résistance intérieure dans la France occupée, où il va bientôt falloir débarquer et vaincre. L'idéal serait qu'ils s'entendent. A la conférence de Casablanca, en janvier 1943, Roosevelt a tenté de réconcilier les deux hommes, mais leur poignée de main devant les photographes n'a rien résolu, au contraire. Que faire ? Nul plus que Jean Monnet n'est convaincu de la nécessité de refaire l'unité. Ce sera donc sa mission; il sera une fois de plus l'unificateur. Parti de Washington le 23 février 1943, il fait une entrée très discrète à Alger le 27. A Casablanca, Roosevelt a annoncé sa venue à Giraud, et il est muni d'une lettre officielle de Harry Hopkins qui l'accrédite pour régler toutes les questions relatives à l'armement des forces françaises. En fait, il est chargé par le gouvernement américain, et avec l'accord des Anglais, d' " arranger les choses " entre les deux généraux français. Il les " arrangera " en effet, et vite. Le 14 mars, Giraud prononce un discours, " le premier discours démocratique de ma vie ", dit-il, dicté pratiquement par son nouveau " conseiller " qu'épaulent de tout le poids de leurs fonctions officielles les deux hauts représentants américain et britannique, Robert Murphy et Harold Macmillan. Enfin, Giraud tourne le dos à Pétain et à Vichy, dénonce l'armistice de 1940, annonce la Libération. Semaine après semaine, Jean Monnet fait le siège de Giraud pour l'amener à traduire dans les faits cette orientation nouvelle. Malgré l'hostilité ou la réserve des clans qui s'affrontent dans le microcosme algérois, il force le règlement du problème des juifs d'Afrique du Nord victimes des lois raciales, guide Giraud dans ses délicats pourparlers avec Catroux, envoyé par de Gaulle, rédige l'essentiel des nombreuses notes et mémorandums établis par Alger dans ses échanges avec Londres. Le 30 mai, de Gaulle gagne enfin Alger, constitue avec Giraud le Comité français de libération nationale, dont Jean Monnet, renonçant, pour une fois, à agir dans l'ombre, est l'un des membres. Après avoir été son principal initiateur, il en sera en fait le deus ex machina. Prenant acte avec réalisme de l'incapacité politique de Giraud, de l'influence dominante du gaullisme dans l'opinion algéroise et sur la Résistance en métropole, il concilie, apaise, veille et, inlassablement, évite les ruptures, dicte les compromis et impose ses solutions. Sur les quatorze membres du CFLN, cinq au moins, René Mayer, Maurice Couve de Murville, Henri Bonnet (qui fut le collaborateur de Jean Monnet à la SDN), René Massigli, Abadie, sont très proches de lui et il en va de même, parmi les gaullistes, d'André Philip, de son ancien secrétaire René Pleven. Enfin la rude négociation qu'ils ont menée l'un contre l'autre, pour le compte de deux généraux, lui a valu l'estime attentive de Catroux et, bien sûr, il demeure le conseiller de Giraux. Tout passe par lui, rien ne peut se faire sans son accord. Rassurés, les Alliés reconnaissent officiellement, le 22 juillet, le Comité comme la représentation de la France dans la guerre. A maintes reprises, au général de Gaulle, au comité d'Alger, au gouvernement provisoire, à tout ceux qui comptent en France, il a fait valoir la nécessité de donner un cadre à la reconstruction, au rétablissement de l'économie, à la renaissance de la France, et un cadre que seul l'Etat peut construire et imposer. Car le banquier, l'homme des grandes affaires privées, a éprouvé les dangers d'un libéralisme qui n'est que foire d'empoigne ou laisser-faire dès lors qu'il s'agit, pour une grande tâche, de réunir en un seul faisceau toutes les volontés. Pour cela, plus que jamais, il croit aux institutions davantage qu'aux hommes. Oh! il n'est ni un planificateur à la mode socialiste ni un technocrate bardé de statistiques, de dossiers et de certitudes. Il répugne à imposer des contraintes et veut seulement inciter, engager, persuader; il n'entend nullement détenir la vérité mais plaide la consultation, l'association à l'oeuvre commune des industriels, comme des syndicalistes avec lesquels il a noué des liens personnels. Ainsi expose-t-il cette thèse une fois de plus au gouvernement au mois d'octobre 1945, quatre mois après le retour de la paix en Europe. Il ne sert à rien de reconstruire si l'on ne modernise pas, insiste-t-il. Il est entendu. Le 21 décembre 1945, le conseil des ministres institue le commissariat général et le conseil du plan de modernisation et d'équipement, le nomme à la tête du nouvel organisme. Il s'installe rue de Martignac, et c'est de son bureau du Plan que partira, au printemps de 1950, après bien des voyages, des conciliabules, des préparatifs, la feuille de papier destinée à Robert Schuman, ministre des affaires étrangères, qui inclura tout simplement les quinze lignes de texte qu'elle comporte dans le discours qu'il doit prononcer devant ses collègues européens. Avec ces trois phrases, l'Europe va naître, une nouvelle aventure commence, celle de Jean Monnet l'Européen, synthèse et aboutissement de son étonnante carrière. Une carrière qui illustre bien la devise de Dwight Morrow qu'il aimait tant citer : " Le monde se divise en deux : ceux qui veulent être quelqu'un et ceux qui veulent réaliser quelque chose. " S'il est un homme que l'on peut ranger sans hésiter dans la seconde catégorie, c'est bien lui. Il en convenait d'ailleurs volontiers, ajoutant : " Il y a moins de concurrence. " PIERRE VIANSSON-PONTE Le Monde du 17 mars 1979

« Moscou, en 1934-la loi soviétique admet le divorce par déclaration unilatérale,-que ce banquier américain de nationalité françaiserésidant en Chine réussira à faire légaliser son union avec une Italienne, née par surcroît à Constantinople.

" La plus belleopération de ma carrière ", aimait-il à dire. Pourtant, il demeure un inconnu ou presque pour le grand public et surtout pour le monde politique français qu'il ne fréquented'ailleurs guère : toute sa vie, il a haï les mondanités, les cocktails, les réceptions, il a fui le formalisme, les projecteurs del'actualité, refusé les titres, les fonctions honorifiques mais sans contenu réel. Quant aux fonctions officielles qu'il a occupées, c'est lui-même qui les avaient toutes crées.

Sa méthode, c'était la conversationen tête à tête ou en très petit comité, qui permet d'aller à l'essentiel et de s'exprimer franchement.

Son domaine, la simplification-" je ne suis pas un technicien ", répétait-il volontiers-et par-dessus tout l'obstination : " A Cognac, j'avais ma grand-mère, qu'onappelait " Marie la rabâcheuse " .

Je suis comme elle.

" Le général est l'homme de la résistance nationale.

Jean Monnet ne voit desalut que dans l'effort commun des Alliés.

Tandis que se constitue le noyau de ce qui sera la France libre, il s'envole pourWashington, nommé par le gouvernement britannique, lui, un étranger, membre de la mission d'achats anglaise aux Etats-Unis.

Ilcollabore de façon étroite avec les dirigeants américains, contribue au lancement de la machine de guerre, est l'un des rédacteursdu Victory Program, qui prévoit la construction de 60 000 avions, 45 000 chars, 8 millions de tonnes de navires pour la seuleannée 1942-pari gigantesque, même pour l'industrie américaine.

Adopté par le Congrès au lendemain de Pearl-Harbor, leVictory Program sera exécuté, et Jean Monnet sera l'un de ses animateurs et de ses surveillants.

" Jean Monnet a abrégé laguerre d'un an ", dira un jour le général Marshall au journaliste Walter Lippmann. Les hasards de l'histoire vont valoir à ce diplomate anglais devenu grand commis américain une de ces missions discrètes quibouleversent les données réelles d'une situation.

Le général Giraud, qui a la préférence des Américains, exerce le pouvoir au nomde la France.

A Londres, de Gaulle, dont Roosevelt se méfie et que Churchill n'appuie que mollement, revendique la légitimitépour la France libre.

Il est évident que les Alliés ont le plus grand intérêt à renforcer l'un et forcer la main à l'autre pour aboutir àl'unification des forces et des territoires français sous une même autorité.

Toutefois, Washington préférerait que Giraud, plusmaniable, garde le contrôle de l'ensemble, mais Londres sait de Gaulle plus habile, plus efficace et aussi plus représentatif de laRésistance intérieure dans la France occupée, où il va bientôt falloir débarquer et vaincre.

L'idéal serait qu'ils s'entendent.

A laconférence de Casablanca, en janvier 1943, Roosevelt a tenté de réconcilier les deux hommes, mais leur poignée de main devantles photographes n'a rien résolu, au contraire.

Que faire ? Nul plus que Jean Monnet n'est convaincu de la nécessité de refairel'unité.

Ce sera donc sa mission; il sera une fois de plus l'unificateur. Parti de Washington le 23 février 1943, il fait une entrée très discrète à Alger le 27.

A Casablanca, Roosevelt a annoncé savenue à Giraud, et il est muni d'une lettre officielle de Harry Hopkins qui l'accrédite pour régler toutes les questions relatives àl'armement des forces françaises.

En fait, il est chargé par le gouvernement américain, et avec l'accord des Anglais, d' " arrangerles choses " entre les deux généraux français.

Il les " arrangera " en effet, et vite. Le 14 mars, Giraud prononce un discours, " le premier discours démocratique de ma vie ", dit-il, dicté pratiquement par sonnouveau " conseiller " qu'épaulent de tout le poids de leurs fonctions officielles les deux hauts représentants américain etbritannique, Robert Murphy et Harold Macmillan.

Enfin, Giraud tourne le dos à Pétain et à Vichy, dénonce l'armistice de 1940,annonce la Libération. Semaine après semaine, Jean Monnet fait le siège de Giraud pour l'amener à traduire dans les faits cette orientation nouvelle.Malgré l'hostilité ou la réserve des clans qui s'affrontent dans le microcosme algérois, il force le règlement du problème des juifsd'Afrique du Nord victimes des lois raciales, guide Giraud dans ses délicats pourparlers avec Catroux, envoyé par de Gaulle,rédige l'essentiel des nombreuses notes et mémorandums établis par Alger dans ses échanges avec Londres.

Le 30 mai, deGaulle gagne enfin Alger, constitue avec Giraud le Comité français de libération nationale, dont Jean Monnet, renonçant, pour unefois, à agir dans l'ombre, est l'un des membres.

Après avoir été son principal initiateur, il en sera en fait le deus ex machina. Prenant acte avec réalisme de l'incapacité politique de Giraud, de l'influence dominante du gaullisme dans l'opinion algéroise etsur la Résistance en métropole, il concilie, apaise, veille et, inlassablement, évite les ruptures, dicte les compromis et impose sessolutions.

Sur les quatorze membres du CFLN, cinq au moins, René Mayer, Maurice Couve de Murville, Henri Bonnet (qui fut lecollaborateur de Jean Monnet à la SDN), René Massigli, Abadie, sont très proches de lui et il en va de même, parmi lesgaullistes, d'André Philip, de son ancien secrétaire René Pleven.

Enfin la rude négociation qu'ils ont menée l'un contre l'autre, pourle compte de deux généraux, lui a valu l'estime attentive de Catroux et, bien sûr, il demeure le conseiller de Giraux.

Tout passepar lui, rien ne peut se faire sans son accord.

Rassurés, les Alliés reconnaissent officiellement, le 22 juillet, le Comité comme lareprésentation de la France dans la guerre.. »

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