Article de presse: Japon, l'Occident de l'Extrême-Orient
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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Aussi est-ce avec un sang-froid qui frise l'indifférence et dans lequel on devine plus de fierté que de regret et de réprobationque les Japonais assistent à l'explosion technologique, au grand spectacle toujours en mouvement du bouleversement de leurpays.
Fallait-il à ce point lâcher la bride à l'expansion ? Faut-il laisser les usines et les gratte-ciel proliférer parmi les immeublesd'habitation, les villas, les jardins et les quartiers villageois ? Faut-il laisser l'industrie lourde dévorer ces rivages aux dessinsbaroques festonnés de mers délicieuses ? Faut-il laisser les autoroutes à étages envahir le coeur des villes et les trains pénétrer,comme à Shinjuku, dans les magasins ?
Jusqu'ici les Japonais ne semblaient guère se poser ces questions.
Leur prise de conscience de l'invasion industrielle et technologique est récente, mais elle est réelle : " Nous sommes parvenus àun tournant-nous dit M.
Nakamura, président de la banque Mitsubishi.
Pollution, manque de main-d'oeuvre, hausse des salaires,hausse des prix...
cela ne peut plus durer.
Nous devons contrôler notre expansion ".
Pour les industriels, la solution tient en peu de mots: la technologie corrigera la technologie, la science résoudra les problèmesqu'elle pose.
Il suffit de le lui demander.
Le Japon est le pays le plus pollué du monde ? Soit, mais il le sait et s'en occupe.
Auxgrands carrefours de Tokyo, un tableau lumineux fait connaître à tous la quantité de décibels et de pollution qu'ils produisent etingurgitent.
Selon le Keidaren (le tout-puissant CNPF du Japon), 11,7 % des investissements industriels l'an dernier et 13 % cette annéesont consacrés à la lutte contre la pollution.
La firme Toyota, le plus grand constructeur d'automobiles japonais, est en train debâtir deux usines réputées intégralement non polluantes.
Conséquence prévisible : le Japon sera aussi à la pointe de la productiondes équipements conte la pollution-une industrie d'avenir.
Autrement dit, même s'il lui donne de nouvelles formes et lui assigne de nouveaux objectifs, le Japon n'a pas d'autres choix quela fuite en avant.
Trois objectifs-sécurité, approvisionnement, débouchés-et un style-le pragmatisme-définissent la politique étrangère nippone.
Ces objectifs imposent son style à la diplomatie de Tokyo.
L'expansion par les armes, la " sphère de coprospérité " d'avantguerre, ayant été condamnée par l'histoire, les exigences de l'économie et la dépendance à l'égard d'un monde extérieur difficile etchangeant interdisent de grands desseins et obligent le Japon à s'adapter sans cesse aux circonstances.
Il est paradoxal d'inscrire la sécurité en tête des préoccupations d'un pays qui ne consacre que 0,8 % de son produit national àla défense (contre 4,5 % en France).
Mais la sécurité n'est pas la défense et, si les Japonais ont à son égard des attitudesambiguës, voire contradictoires, ils ne sont nullement indifférents.
Le désastre militaire de 1945 provoqua un choc dont les Japonais ne sont pas encore remis.
Leur Constitution leur interditd'entretenir une armée, et ce n'est pas de bon gré que, cédant aux pressions américaines, ils y firent une entorse pendant la" guerre froide " pour se doter d'une force d' " auto-défense ".
Il est inutile de leur demander de réviser leur Constitution,d'accroître leur effort militaire ou de financer l'armée américaine : ce refus leur assure d'ailleurs des avantages économiquessubstantiels.
Il est inutile aussi de leur demander de prendre des engagements qui risqueraient de les entraîner à combattre outre-mer.
" Il suffirait de lancer une pareille idée pour enflammer tout le Japon ", déclare un diplomate.
La seule " expansiongéographique " récente de la politique militaire japonaise est l'achat de navire porte-hélicoptères permettant des patrouillesaériennes jusqu'à 200 milles des côtes.
Dans ce contexte, les premiers partenaires du Japon-et de loin-sont les Américains.
Les Etats-Unis sont d'abord le protecteur.Quand le Japon décida que le moment était venu de jouer un rôle plus actif dans le monde, de diversifier ses relations, de seréconcilier avec Pékin et de se rapprocher de Moscou, il alla d'abord s'assurer du consentement de M.
Nixon (qui pouvaitd'autant moins rechigner qu'il joue lui aussi la détente) et de la solidité du traité de sécurité nippo-américain.
Comme M.
Tanakadevait tout de même compter avec les adversaires des bases américaines, il obtint ce que le communiqué de sa dernièrerencontre avec M.
Nixon appelle le " réalignement " des bases.
Leur nombre serait ramené de cent soixante-trois actuellement àmoins de cent.
Avec l'URSS, les relations sont des plus fraîches, mais elles n'empêchent pas les affaires.
Quand les Japonais s'inquiètent pourleur sécurité, c'est à l'URSS qu'ils pensent.
Après la Méditerranée et l'océan Indien, la marine soviétique se répand dans lePacifique.
Le nombre des navires de guerre soviétiques franchissant les détroits qui séparent l'archipel de l'URSS ou du continentasiatique est passé de cent dix en 1969 à plus de deux cents l'an dernier..
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