Article de presse: Israël, la montée des " hommes en noir "
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
«
naissance du virus religieux à la fois par la méfiance des rabbins et l'acharnement socialo-laïque d'un Ben Gourion, écrit AmosElon, l'un des analystes les plus pénétrants d'Israël, le sionisme est aujourd'hui menacé par un nationalisme régressif transformépar les fondamentalistes religieux en ambition messianiste.
"
Aujourd'hui, les hommes de la Torah au pouvoir avec plusieurs ministres dans la coalition majoritaire animent, incarnent etmythifient le combat pour le Grand Israël.
De la caserne au prétoire en passant par l'usine et l'université, un orage se lève.
" Laterre, le peuple élu, le nationalisme, tous les ingrédients du fascisme sont là ", s'alarme Shoulamit Aloni, pasionaria des droits del'homme et ancien ministre (Meretz) de la culture dans plusieurs gouvernements travaillistes.
" J'ai passé trente et un ans à laKnesset, ajoute-t-elle, et jamais je n'ai été aussi inquiète qu'aujourd'hui.
Nous sommes en plein ethnocentrisme.
Nous nerespectons plus personne.
Nous traitons les Palestiniens comme des êtres de seconde classe.
Nous prenons leurs terres, leursmaisons, et leurs droits par la force.
S'il y a une nouvelle guerre, nous n'aurons à nous en prendre qu'à nous-mêmes.
"
Ce soir-là de décembre, à Tel-Aviv, mobilisés de tous les coins du pays par leurs rabbins, serrés les uns contre les autres ettransportés de ferveur à la simple vue de leurs " grands maîtres " alignés sur l'estrade, ceux que Susan Hattis-Roelef, politologue,appelle " nos représentants locaux du Moyen Age " chantent les louanges et le triomphe de la Loi.
Ils sont plus de quinze mille.Pas une seule femme.
Les consoeurs journalistes venues couvrir l'événement sont fermement priées de rester à l'extérieur dulocal.
Chez les " barbus ", chantres de l'islam intégriste ou bien du judaïsme pur et dur, on n'approche pas des femmes en public.
"Nous avons amené la bataille sur le territoire de l'ennemi ", s'égosille un petit maigrichon en redingote sombre.
" Non, le rabroueun porteur de papillotes, nous sommes venus porter la Torah à des juifs qui ne la connaissent pas.
" Simple petite nuancerhétorique.
Le fait est que Tel-Aviv, la grande métropole de l'Etat hébreu, avec ses cinq cent mille habitants, ses péripatéticiennesracoleuses, ses maquereaux russes, ses restaurants non casher où l'on savoure du cochon et du lard, ces plages-aux-seins-nus ettoute cette jeunesse vibrionnante plus connaisseuse en textes de Michael Jackson qu'en ceux du Pentateuque, est un farouchebastion laïque.
Pour ces " purs soldats d'Elohim " que les harédis croient souvent être, Tel-Aviv, c'est Sodome et Gomorrhe en une seule cité.Et comment, lorsqu'on passe sa vie immergé dans un ensemble de textes rédigés entre le Ie et le IVe siècle de notre ère, ne pasdésirer ardemment faire rendre gorge à cette ville si pleine de blasphèmes ?
Ancien grand rabbin d'Israël et maître spirituel adulé du Shass, Ovadia Yossef, qui prit naguère un " édit " aux termes duqueltout bon Juif malade ou blessé, s'il veut éviter que des malheurs ne l'accablent, doit refuser qu'on lui transfuse le sang d'un non-juifou même d'un juif non observant, Ovadia Yossef, donc, lança ce jour-là un nouvel anathème : " Un juif qui viole le shabbat n'estplus qu'un goy.
" Un " gentil ", un non-Juif, autant dire un être quasi inférieur.
" C'est plus fort qu'eux, et c'est lié au concept depeuple élu, note Ehoud Sprinzak : lorsqu'ils regardent un Arabe, les harédis ne voient pas vraiment un égal à eux-mêmes.
"
Sur la tribune de Tel-Aviv, les éminentes barbes blanches du judaïsme intégral contemplent d'un oeil fatigué leurs zélateursinspirés.
L'un d'eux a naguère déclaré que l'Holocauste avait eu lieu " parce que trop de juifs assimilés violaient le shabbat ".
Surla façade du bâtiment, dehors, une banderole déclare que le deuxième Temple de Jérusalem a été détruit par les Romains, il y adeux mille ans parce que le shabbat n'était plus respecté.
Ce soir-là, l'un des " sages " sur la tribune résume l'anathème : " Celui qui viole le shabbat peut être tué.
" Et la salle exulte...Dans les premiers rangs de la houle humaine en extase, une bagarre éclate.
Des enthousiastes en transe, regard brûlant et doigtsfébriles, ont tenté de caresser la longue tunique brodée d'un vieux maître.
Rien de grave.
Dans certains mouvements hassidiques,après le repas du maître, les fidèles se battent parfois pour finir ses restes.
Non par voracité, mais parce qu'ils croient qu'enavalant les quelques miettes tombant de la vénérable barbe, ils monteront au paradis.
Et dire que le judaïsme interdit l'idolâtrie...
Mais, pour les laïques, il y a plus sérieux.
Huit jours après " la marée noire " de Tel-Aviv, la " police du shabbat ", une institutionpratiquement tombée en désuétude ces dernières années, est soudainement ranimée par le ministre (Shass) de l'intérieur.
Desdizaines d'inspecteurs, carnet de contraventions au poing, ne pouvant être juifs, ils sont le plus souvent Arabes de la secte druze,s'introduisent chez les commerçants ouverts le vendredi soir et le samedi dans la journée.
" Le contrevenant est juif...
" Ainsicommence invariablement le procès-verbal.
En Israël...
Le monde laïque se cabre.
" Sans l'avouer ouvertement, nous expliquera Shoulamit Aloni, cible favorite des douze journauxharédis du pays, ces ayatollahs rétrogrades et obscurantistes n'ont qu'une idée en tête : abolir l'Etat sioniste laïque et instituer lahalaka, la loi religieuse, autant dire un Etat khomeyniste ".
On est encore loin, très loin, de cet avènement.
Mais les assauts " noirs" contre la citadelle laïque commencent à ébranler les populations.
La menace intégriste plane sur la liberté d'expression et decréation qui existe dans la seule démocratie du Proche-Orient.
Elle pèse aussi sur le statut des femmes, sur celui de tous lesnouveaux immigrants d'Ethiopie ou d'ex-URSS dont le judaïsme, aux yeux des autorités rabbiniques, n'est pas assez " casher "..
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