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Article de presse: Iran-Etats-Unis, la guigne

Publié le 22/02/2012

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iran
25 avril 1980 - On ne sait quel aspect retenir de la nouvelle déconfiture essuyée par le président Carter avec son opération de sauvetage de ses otages de Téhéran, tant l'échec apparaît multiple et écrasant. L'annulation du projet dès sa phase initiale, en raison d'une " défaillance de matériel ", montre que l'affaire, portant si risquée, avait été bien mal organisée, sinon improvisée. La collision suivant l'ordre de repli, causant huit morts dans un désert iranien, ajoute un élément de panique à cette confusion. Enfin, l'on peut se demander pourquoi la Maison Blanche a jugé nécessaire d'annoncer tout cela aussitôt, puisque tous les participants, y compris les morts et les blessés, avaient pu être évacués et que les Iraniens, si l'on en juge par leurs premières réactions, ne se doutaient de rien. Outre que les Américains ne sont pas les Israéliens, une action de type Entebbe pour libérer les otages de Téhéran avait été jugée impraticable depuis longtemps par presque tous les experts. Une opération au coeur de Téhéran présentait trop de risques, tant pour les otages que pour la population civile, et l'évacuation apparaissait quasiment impossible. Il semble pourtant, selon des bruits circulant avec insistance à Téhéran, que des commandos américains avaient été introduits progressivement et secrètement en Iran, prêts à converger vers l'ambassade le moment venu. Les événements de vendredi renforcent cette hypothèse et donnent à penser que l'échec aurait pris des proportions plus dramatiques encore si la même improvisation avait présidé à l'assaut de ces commandos contre les militants islamiques. Une partie du public américain critiquera certainement le président-c'est ce que font déjà les familles des otages-pour avoir pris des risques inconsidérés avec la vie des captifs. Les dirigeants du Congrès, inquiets de voir la Maison Blanche acculée aux seules solutions militaires, avaient déjà demandé ces derniers jours à être consultés avant toute décision. Selon plusieurs indiscrétions, l'état-major de Jimmy Carter s'était montré lui-même très divisé au cours d'une réunion tenue à la Maison Blanche. Une distinction s'impose toutefois entre les opérations frontales envisagées pour imposer, par exemple, un blocus de l'Iran et l'action " ponctuelle " de vendredi visant uniquement à libérer les otages. Malgré son échec, cette dernière tentative pourrait susciter au moins l'indulgence d'une partie du public, conscient des mobiles humanitaires du président. A l'extérieur, en revanche, la crédibilité des Etats-Unis va souffrir une fois de plus. L'image d'un président hésitant et malchanceux va sortir renforcée d'un épisode que d'aucuns ne manqueront pas de présenter, par analogie avec le débarquement manqué des exilés cubains au début de la présidence Kennedy, comme la " baie des Cochons du pauvre ". Que penser de l'efficacité d'un appareil militaire dont dépend la sécurité d'une bonne moitié de la planète, et qui n'est pas capable de poser deux avions dans un désert avant même toute intervention de l'ennemi ? BULLETIN DE L'ETRANGER Le Monde du 26 avril 1980

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