Article de presse: Indira Gandhi : une vie entière en politique
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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Mais jamais plus que lorsqu'elle se trouve confrontée à la pire adversité, Indira Gandhi n'est convaincue de la justesse et de lalégitimité de sa mission.
Elle n'hésite pas devant ce que ses ennemis considéreront comme un coup de force.
La loi électorale estrétroactivement modifiée.
A ceux qui exigent sa démission, elle réplique en décrétant, le 26 juin 1975, l'état d'urgence.
L'échec de 1977...
Mme Gandhi ne parviendra, en effet, jamais à convaincre tout à fait l'opinion du bien-fondé des mesures d'exception prisesalors (censure de la presse, arrestations de milliers d'opposants, dont les principaux dirigeants de mouvements politiques,interdiction de groupes politico-religieux d'extrême gauche et d'extrême droite, mise au pas de la justice, etc.) et de la thèse du" complot contre la nation " invoquée pour justifier le coup de force.
Elle dément cependant vouloir instaurer un régime de partiunique ou personnel, entreprend une " remise en ordre " du pays et annonce simultanément un programme en faveur desdéfavorisés.
La loyauté de l'armée sera alors essentielle pour le pouvoir politique.
" La plus grande démocratie du monde " n'en est pasmoins suspendue et le régime va continuer-par des mesures autoritaires suspendant les libertés fondamentales-à se durcir.
MaisMme Gandhi se défendra à de nombreuses reprises de chercher à devenir-et encore moins d'être-un " dictateur ".
Mais il lui estrapidement prêté l'intention (dès décembre 1975) de caresser le désir de préparer son fils cadet, Sanjay, à assumer, le momentvenu, la relève du pouvoir et de poursuivre la " dynastie " des Nehru.
Sanjay Gandhi débute effectivement une carrière politiqueen entrant au Parti du Congrès et son ascension commence dans l'antichambre du pouvoir.
Mme Gandhi va, d'autre part, se tailler une Constitution sur mesure, en amendant assez largement la Loi fondamentalenationale, qui implique un renforcement des prérogatives du premier ministre et limite les pouvoirs du président de la République,pourtant toujours désigné parmi les fidèles du chef du gouvernement.
La réforme est adoptée par un Parlement où le Congrèsdispose de la majorité requise des deux tiers.
Les protestations des formations de gauche et modérées qui ont boycotté lesdébats et des intellectuels n'y feront rien.
Mais amorcer des réformes, en s'appuyant sur la même base politique que par le passé,libérer les paysans du servage et distribuer des terres aux paysans, se révèle une tâche beaucoup plus ingrate que retoucher laConstitution.
En outre, et surtout, des " excès " vont être commis sous l'état d'urgence, la stérilisation des pauvres, par exemple,pour enrayer la poussée démographique, qui porteront gravement préjudice à certains dirigeants-comme Sanjay notamment-etcontribueront à la défaite de Mme Gandhi aux élections générales de mars 1977.
Cette défaite représente bien sûr un échec personnel cuisant pour Mme Gandhi, à laquelle succède Morarji Desai, âgé dequatre-vingts ans.
Pour la première fois la droite arrive en force au pouvoir.
Et cette situation semble embarrasser Moscou, Pékin se félicitant, enrevanche, du rapprochement amorcé un peu plus tard par New-Delhi avec Washington....
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et la revanche
Indira Gandhi cependant n'abandonnera pas la partie et manifestera rapidement sa volonté de revanche.
Son retour sur la scènepolitique ne se fera toutefois pas sans heurts avec les responsables du Congrès qui ne lui pardonnent pas le dérapage de l'étatd'urgence.
Elle aura sérieusement maille à partir avec ceux-ci avant de prendre finalement le dessus en janvier 1978, ens'imposant, manu militari, à la tête de la grande formation nationale.
Assez maladroitement, les nouveaux dirigeants de l'Inde vont, en octobre 1977, arrêter celle qui a gouverné le pays pendantonze ans pour la traduire devant la justice.
Mais ils s'apercevront rapidement que cela ne peut que favoriser la rentrée politique deMme Gandhi et ils la font relâcher, estimant sans doute qu'elle est moins encombrante en liberté qu'en prison.
Elle n'aura aucunmal a se poser en chef de l'opposition parlementaire une fois élue, en novembre 1978-dans une consultation partielle-dans l'Etatdu Karnataka.
Et cela apparaîtra comme la première étape d'une longue marche vers un retour aux " affaires ".
Quelques jours plus tard, elleest rejetée par ses pairs parlementaires et jugée coupable " d'abus de privilèges et d'outrage à la Chambre " et expulsée duParlement.
Est-ce un " combat d'arrière-garde désespéré " mené par une femme qui fait preuve d'une " véritable paranoïa ",comme l'écrivent certains journaux indiens?
On verra, lorsque, en juin 1979, la nouvelle coalition au pouvoir traversera une crise, que Mme Gandhi est à nouveau surl'échiquier politique une force avec laquelle il faut compter.
Charan Singh, représentant principalement les intérêts des agriculteursdu nord-ouest de l'Inde, formera un éphémère gouvernement, qui dépendra en fait de l'appui du Congrès d'Indira Gandhi..
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