ARTICLE DE PRESSE: Il était une fois la Yougoslavie
Publié le 22/02/2012
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potentialités certaines (elle possède notamment la quasi-totalité du littoral ex-yougoslave), la Croatie n'en connaît pas moins degraves problèmes économiques, dus essentiellement à la guerre ainsi qu'aux difficultés à sortir, dans ces conditions, d'uneéconomie intégrée.
Principale victime du conflit, la Bosnie-Herzégovine n'est plus qu'une fiction, malgré les efforts désespérés de la diplomatieoccidentale pour lui donner l'allure d'un Etat souverain aux frontières internationalement reconnues.
Trois ans et demi de" nettoyage ethnique " ont transformé de larges espaces précédemment peuplés d'ethnies imbriquées les unes dans les autres englacis homogènes, selon des lignes de partage dictées par les combats.
Le montage constitutionnel extravagant concocté dans lesgrandes capitales parle de lui-même : la Bosnie serait un Etat, mais partagé en trois parties, dont deux (croate et musulmane)seraient liées par un accord de fédération, ce dernier ensemble étant lui-même voué, en principe, à se confédérer avec la Croatie.La centrifugeuse est en marche, puisque la troisième partie (serbe) est adossée à la mère patrie et a déjà annoncé son intention dela rejoindre.
La Bosnie devrait, à terme, se limiter à un réduit peuplé de Musulmans, ces Slaves islamisés sous l'Empire ottoman et que Titoa hissés, en 1974, au rang de " peuple " pour les différencier des Serbes orthodoxes et des Croates catholiques.
Les Bosniaquesrevendiquent hautement leur appartenance à l'Europe, et le choix de leur emblème national (la fleur de lys) ne doit rien au hasard.Mais, solidarité religieuse oblige, ils trouvent leurs principaux soutiens politiques, financiers et parfois militaires au sein des paysmusulmans, de la Turquie à l'Indonésie en passant par le Proche-Orient.
S'ils tiennent leurs promesses d'aide, en échange d'unecertaine souplesse de la part de Sarajevo, les Etats-Unis devraient désormais jouer un rôle de premier plan, notamment enmatière d'armement et de reconstruction.
Un apport non négligeable, si l'on tient compte de la viabilité parfaitement aléatoire de laBosnie, enclavée et réduite, en majeure partie, à un champ de ruines.
Principaux responsables du conflit et collectionnant les criminels de guerre, les Serbes ont dû, malgré leurs succès militairesinitiaux en Croatie et en Bosnie, réduire leurs ambitions territoriales et faire une croix au moins pour le moment sur leur dessein de" Grande Serbie " (dont la pointe occidentale chatouille, aux yeux de ses promoteurs, l'Adriatique).
La Serbie peut néanmoinscompter sur une part de Bosnie, même si elle doit en passer par quelque artifice constitutionnel.
D'un autre côté, elle se retrouveconfrontée à ses propres problèmes ethniques sur ses terres, essentiellement à cause du Kosovo et de ses Albanais, qui formentquelque 90 % de la population de ce territoire que les Serbes revendiquent comme leur " berceau " historique.
Théâtre d'unedéfaite serbe majeure contre les armées ottomanes en 1389 commémorée chaque année par Belgrade, puisque érigée au rang defête nationale , le régime de Slobodan Milosevic y entretient de très importantes forces pour dissuader toute tentative desécession.
Ce qui n'a pas empêché les Albanais kosovars de proclamer une " indépendance " toute théorique.
Assuré d'une levée de l'embargo international qui pèse sur son pays et son appendice monténégrin, le président SlobodanMilosevic dispose d'un instrument sinistré mais qu'il espère remettre suffisamment d'aplomb pour assouvir une ambition qu'il n'ajamais cachée, celle de faire de la Serbie une sinon " la " puissance régionale dominante dans les Balkans.
Tournée vers le Sud etl'Est, Belgrade sait faire jouer à merveille les affinités orthodoxes pour s'attirer les bonnes grâces de pays comme la Russie ou laGrèce.
Seule des ex-Républiques yougoslaves à ne pas avoir été touchée par la guerre, la Macédoine n'en est pas, pour autant, sortied'affaire, loin de là.
Le président Kiro Gligorov est, certes, parvenu à maintenir la paix ethnique et sociale dans son pays en dépitde la présence de tous les ingrédients pour le faire exploser forte minorité albanaise, multiplicité de peuples, agitateursnationalistes et difficultés économiques énormes.
MAIS l'attentat dont il vient d'être victime est là pour souligner la fragilité de l'édifice.
D'autant que Skopje doit compter avecun environnement loin d'être bien disposé à son égard.
La longue crise avec la Grèce (qui l'accuse d'avoir usurpé un nomappartenant exclusivement, selon Athènes, au patrimoine hellène) ainsi que les tensions avec la Serbie (certains à Belgraden'oublient pas que la Macédoine fut, un temps, la " Serbie du Sud " ) et l'Albanie (des dirigeants macédoniens accusentouvertement Tirana de chercher à déstabiliser leur pays), de même que les ambiguïtés marquant les relations avec la Bulgarie sontlà pour en témoigner.
Sa situation peut amener la Macédoine à sombrer purement et simplement, dépecée par ses voisins.
Dans le même temps, cettesituation peut lui fournir l'occasion de jouer un rôle tampon et lui donner un statut de plaque tournante, de noeud decommunications nord-sud (du Danube à la mer Egée) et est-ouest (du Bosphore à l'Adriatique).
Mais deux conditions sontindispensables pour en arriver là : la survie d'un régime qui a fait la preuve de son habileté et la retenue de ses voisins touteschoses hautement aléatoires dans les Balkans.
Le rêve yougoslave s'est fracassé pour tourner au cauchemar, malgré d'ultimes tentatives, en 1991, pour tisser de nouveaux.
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