Article de presse: Houari Boumediène, l'Etat d'abord
Publié le 17/01/2022
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" relations publiques " qui surprirent la plupart des témoins.
Les mêmes qualités-altérées de quelque morgue, peut-être?-il les fitvoir en 1975 en deux occasions solennelles: en recevant dans la capitale de l'Algérie indépendante le premier chef d'Etat françaisqui y fût accueilli en étranger, après avoir présidé l'année précédente, aux Nations unies, l'Assemblée extraordinaire convoquée àsa demande et consacrée aux rapports entre les Etats industrialisés et ceux qui doivent compter sur la vente de leurs matièrespremières pour assurer leur subsistance.
Là encore, on vit s'affirmer l'autorité d'un homme pour lequel la pratique du pouvoir, qui fut si souvent une drogue, semblaitavoir été plutôt une école de réalisme.
Quant aux quelques images qui le montraient face à ses concitoyens, d'une réception auPalais d'été à une visite de coopérative rurale, elles étaient empreintes d'une bonhomie qui aurait dû faire oublier la raideur denaguère.
Bonhomie ?
Le mot est tout de même un peu naïf si l'on garde à l'esprit les aspects répressifs du régime et la rudesse des méthodesauxquelles l'homme du 19 juin aura eu recours pour défendre les " acquis de la révolution ", la réforme agraire et le prestigeinternational conquis par le nouvel Etat.
Technocratie? Populisme? Bureaucratie? Militarisme? Socialisme?
L'ancien maquisard avait fondé un régime singulier, plus près peut-être du néo-socialisme de Nasser que du néo-castrisme deBen Bella, un régime avide d'efficacité, trop austère pour conquérir l'adhésion sans réserve des Algériens, trop technicien pourséduire, trop policier pour se réclamer de la démocratie classique, mais assez authentique pour s'imposer aux masses et mû parune passion absolue: le patriotisme.
Un patriotisme tout entier tendu vers la réalisation d'un objectif: un Etat-nation doté, parcroissance interne et diplomatie agissante, de grandeur et d'une totale indépendance.
Quant à lui, ne demandait-il rien? Refusait-il vraiment d'être " aimé "?
Peu de confidents de Houari Boumediène, en tout cas, viendront témoigner du contraire.
Son mariage avec une avocatealgérienne, en 1973, fit moins de bruit que celui du moindre de ses secrétaires, encore que l'influence de son épouse, depuis lors,se soit affirmée.
Depuis la mort de Chabou, on ne lui connaissait guère d'amis.
Sa vie se confondait avec celle de l'Etat qu'il avait sinon fondé dumoins cuirassé, élevé et assuré d'un rôle international dont beaucoup de citoyens algériens rétifs à sa férule lui ont su ou lui saurontgré.
JEAN LACOUTURE Le Monde du 28 décembre 1978.
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