Article de presse: Felipe Gonzalez, chantre d'une révolution morale
Publié le 17/01/2022
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Ce n'est qu'un début.
Le " groupe des Sévillans ", comme on appelle Felipe Gonzalez et ses amis andalous, renforce sespositions au sein de l'appareil.
Les militants de l'intérieur décident de convoquer un nouveau congrès à Toulouse, en 1972.
Leurobjectif : s'emparer de la direction.
Alfonso Guerra, l'actuel " numéro deux ", prépare le terrain en publiant dans le journal duPSOE, qu'il contrôle, un article incendiaire où il dénonce la sclérose du parti, qu'il attribue à ses vieux dirigeants.
Cette fois, c'enest trop : Rodolfo Llopis refuse de participer au congrès et décide d'en convoquer un autre, parallèle.
C'est la scission.
Après quelques hésitations, l'Internationale socialiste accorde sa reconnaissance au " PSOE rénové ", c'est-à-dire aux cadres de l'intérieur, les seuls réellement implantés sur le terrain.
Pour désigner leurs nouveaux dirigeants, ces derniers convoquent un autre congrès, qui se tient à Suresnes, en 1974.
S'ils sontd'accord pour secouer le joug des " historiques ", les nouveaux maîtres du PSOE se divisent sur la stratégie à adopter face à unrégime franquiste à l'agonie.
C'est pourquoi ils décident de confier le secrétariat général à un délégué qui présente l'avantage dene mécontenter aucun secteur : Felipe Gonzalez accède ainsi à la tête du PSOE.
Pour beaucoup, il n'est qu'un dirigeant detransition.
Le succès remporté aux élections de 1977 renforce sa position.
En obtenant trois fois plus de voix que les communistes, lessocialistes s'imposent comme la principale force d'opposition.
Libre de surenchère sur sa gauche, Felipe Gonzalez signe en 1977,avec les représentants des autres forces politiques, le " pacte de la Moncloa ".
Le PSOE cherche alors à faire une opposition " responsable " afin de se présenter comme une option immédiate degouvernement, ce qui implique quelques renoncements aux principes " historiques ".
L'aile gauche est mécontente d'une telle" déviation ".
La polémique prend un tour apparemment sémantique : au congrès de mai 1979, Felipe Gonzalez propose lasuppression du terme " marxiste " des textes de référence du parti.
Ses adversaires l'accusent de verser dans la social-démocratie.
L'abandon de la réference marxiste
Pour la première et dernière fois, Felipe Gonzalez est vaincu.
La majorité des délégués décident de voter une résolution quiréaffirme le caractère marxiste du parti.
Le secrétaire général annonce alors qu'il ne se présentera pas à la réélection.
Mais ceux-là mêmes qui ont voté contre lui ne conçoivent pas qu'il abandonne les rênes du parti.
Un congrès extraordinaire a lieu en septembre, et Felipe Gonzalez est triomphalement réélu, non sans avoir délesté le PSOE deson étiquette marxiste.
Au moment même où il semble avoir neutralisé ses opposants de gauche, Felipe Gonzalez durcit son attitude vis-à-vis dugouvernement.
Il présente, en 1980, une motion de censure.
Elle marque le début d'une offensive générale qui aboutit à ladémission d'Adolfo Suarez en janvier 1981.
La tentative de putsch militaire du 23 février amène cependant Felipe Gonzalez à semontrer plus conciliant.
Les socialistes adoptent désormais une attitude de " non-belligérance " face à un parti gouvernemental enproie à des dissensions croissantes et qui apparaît en pleine débâcle au moment de la dissolution des Chambres, en août 1982.Ils donnent même leur appui au gouvernement pour réaliser une délicate réforme de la politique régionale, qui sembleindispensable pour tranquilliser les militaires.
Aujourd'hui, peu nombreux sont ceux, au sein du PSOE, qui remettent en cause la politique de modération de Felipe Gonzalez.
THIERRY MALINIAK Le Monde du 30 octobre 1982.
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