Article de presse: Eisenhower, un homme d'Etat sincère
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
s'opposa pas au compromis négocié à Genève par Mendès France.
En 1955, il accepta même de s'asseoir à la table deconférence avec les Russes, et nul ne songea à l'accuser d'avoir pactisé avec le diable.
Tout n'était certes pas parfait dans les rapports entre l'Amérique et ses alliés, mais on ne saurait oublier l'insistance avec laquellele président Eisenhower demanda à ses concitoyens de renoncer à l'idée du leadership américain.
Notre ambition, répéta-t-il àplusieurs reprises, n'est pas de diriger le monde libre, mais d'être pour nos alliés de " bons partenaires ".
Cependant, la crise de Suez et son opposition radicale à l'intervention franco-anglo-israélienne contre l'Egypte devaient mettrecette même alliance à rude épreuve.
Il employa, à l'endroit de Mollet et Eden, un ton comminatoire pour les persuader de mettrefin à cette entreprise.
Il crut ensuite pouvoir exploiter la popularité que cette attitude lui avait value dans le monde arabe pourlancer la " doctrine " à laquelle il a donné son nom et qui visait à constituer l'ensemble du Moyen-Orient en prolongement dupacte atlantique.
Le résultat en fut une nouvelle flambée de nationalisme dans divers pays, qui conduisit entre autres à des crisessévères en Jordanie et à la chute de la monarchie irakienne.
Pour éviter la contagion, " Ike " déplaça à plusieurs reprises la VI e
flotte et fit débarquer les " marines " au Liban en pleine guerre civile.
Finalement, une grave crise mondiale fut évitée de peu.
Cette tension n'était pas encore entièrement résorbée qu'une autre menace éclatait, celle-là dans le détroit de Formose, où,pour défendre les îles Quemoy et Matsu, tenues par les nationalistes et continuellement bombardées par les forces de Pékin,Foster Dulles n'hésita pas à pratiquer sa stratégie favorite du " bord du gouffre ".
Finalement, sans doute sur les conseils soviétiques, les Chinois interrompirent leur offensive.
A cette époque, on sentait encorele contrecoup du lancement par les Soviétiques d'une première fusée intercontinentale et du premier Spoutnik.
Tirant laconclusion de ce déséquilibre stratégique, réel ou supposé, le Kremlin adressa à la fin de 1958 son premier ultimatum sur Berlin.
La réaction de la Maison Blanche fut moins ferme que l'on aurait pu s'y attendre, peut-être parce que Dulles voyait son énergiechaque jour davantage minée par le cancer qui allait bientôt l'emporter.
Après sa mort, Eisenhower alla jusqu'à inviter Khrouchtchev aux Etats-Unis et à reconnaître, après une longue discussion aveclui à Camp-David, que la situation à Berlin était " anormale ".
Le chef du gouvernement soviétique en conçut des espoirs dont ildevait constater quelques mois plus tard le caractère illusoire.
Ce fut, après la destruction d'un avion espion U-2 au-dessus de la Russie, le sommet manqué de Paris en mai 1960.
Malgrétoute sa bonne volonté, Eisenhower, qui avait été en quelque sorte sommé par M.
" K " de faire des excuses, s'y refusa, ce quiprovoqua une brutale reprise, sous toutes les latitudes, de la guerre froide.
Sensiblement affecté à l'étranger par une série de fausses manoeuvres, le prestige d' " Ike " restait très élevé parmi sesconcitoyens, qui l'auraient certainement réélu si un amendement constitutionnel, introduit après la mort de Roosevelt, ne lui avaitpas interdit de solliciter à nouveau leurs suffrages.
CLAUDE JULIEN Le Monde du 30-31 mars 1969.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Article de presse: Un homme et un parti
- Article de presse: Frederik De Klerk, l'homme qui a aboli l'apartheid
- Article de presse: Sali Berisha l'homme qui voulait être le héros de l'Albanie postcommuniste
- Article de presse: La " vache folle ", chronique d'une négligence d'Etat
- Article de presse: Senghor, professeur, poète et chef d'Etat