Article de presse: Einstein, homme de science...et citoyen du monde
Publié le 17/01/2022
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19 avril 1955 - Ce grand savant ne s'est à aucun moment enfermé dans sa science. Il professait qu'une vie ne vaut d'être vécue que si elle est vécue pour les autres, et il a largement conformé ses actes à ses paroles. Par son existence agitée, par les vexations, puis les exodes successifs que sa condition de juif lui a fait subir, par les positions qu'il a prises publiquement sur un grand nombre de problèmes, par sa modestie enfin et par la simplicité de son existence quotidienne, Albert Einstein était devenu non seulement une personnalité unanimement connue dans le monde, mais une figure quasiment prophétique, dont le message a retenti dans tout l'univers.
C'est naturellement l'attitude qu'il a prise à propos des problèmes moraux soulevés par la découverte de l'énergie atomique qui a frappé le plus l'opinion mondiale. Dès la première minute, il a senti l'ampleur de la puissance terrifiante qu'il avait si largement contribué à libérer, et le péril qu'elle faisait peser sur l'humanité tout entière si celle-ci n'avait pas la sagesse de s'unir. Il s'était opposé de toutes ses forces au bombardement de Hiroshima, et depuis cette époque il ne devait cesser de lancer des appels pathétiques contre la guerre atomique.
Mais pour Albert Einstein le problème atomique, comme d'ailleurs la plupart des grands problèmes posés à l'humanité du vingtième siècle, ne pouvait trouver sa solution que dans la constitution d'un gouvernement mondial. Il a été vraiment l'un des pionniers de l'idée mondialiste, et le titre de " citoyen du monde ", inventé par Garry Davis, auquel il avait donné un large appui, lui convient mieux qu'à quiconque. Sa propre aventure personnelle, sa condition d'éternel exilé, de déraciné, le désignaient sans doute mieux que tout autre pour se faire le champion de cette cause.
D'une manière générale, le message d'Einstein est celui d'un homme qui toute sa vie a voulu croire à l'homme, qui a travaillé à défendre la liberté contre tous les totalitarismes, qu'ils s'appellent hitlérisme, nationalisme ou maccarthysme.
Le Monde du 20 avril 1955
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