Article de presse: Du charbon à l'énergie nucléaire
Publié le 17/01/2022
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9 août 1948 - Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la principale source d'énergie de la planète n'a pas changé : c'est celle qui a alimenté la première révolution industrielle, c'est-à-dire le charbon. Cette persistance du rôle du charbon s'explique d'ailleurs aisément : c'est la ressource la plus justement répartie. La vieille Europe en dispose peu ou prou comme l'Union soviétique, les Etats-Unis ou le Japon.
La première décision des gouvernements, après le conflit, consiste donc à remettre les mines en état. En France, par exemple, la commission de modernisation des Houillères établit à la Libération un programme de production qui fixe pour objectif une extraction de 65 millions de tonnes en 1950, soit 17,4 millions de tonnes de plus qu'en 1938. La réalisation de ce programme ne sera que partielle, mais la production nationale atteindra 57,4 millions de tonnes en 1952.
Rien d'étonnant donc qu'en 1950, avec 1,58 milliard de tonnes, le charbon couvre 61,5 % de la consommation mondiale d'énergie quand le pétrole n'intervient que pour 27 %, le gaz naturel pour 9,8 % et l'électricité primaire pour 1,7 %.
Pour alimenter une forte croissance de l'économie, la demande d'énergie va alors s'emballer. L'extraction du charbon se poursuivra, mais sa répartition géographique va se modifier et il ne pourra seul satisfaire cette forte consommation. L'ère du pétrole s'annonce.
Déjà, le brut est un quasi-monopole des grandes compagnies anglo-saxonnes qui se sont battues pour enlever des concessions au Proche-Orient (et surtout en Arabie saoudite), en Amérique latine (au Mexique, puis au Venezuela) et bien sûr aux Etats-Unis mêmes. En 1946, la production mondiale est de 375 milliards de tonnes, dont pratiquement les deux tiers en Amérique du Nord. Cinq ans plus tard, l'extraction a progressé de 55 %, mais celle du Proche-Orient a été multipliée par huit et celle de l'Amérique latine pratiquement par deux.
Pour faire pièce au monopole des " sept soeurs " -à peine entamé par la Compagnie française des pétroles, souvent qualifiée de huitième soeur,-les pays industrialisés non producteurs s'efforcent de développer une extraction nationale. Dans l'Hexagone, le Bureau de recherches de pétrole (BRP) pratique 68900 mètres de forages en 1947, 231430 en 1951. Cela permettra de découvrir un gisement de gaz naturel à Lacq (1951) et de pétrole à Parentis (1954), mais en dehors de cela la prospection est décevante. Aussi s'oriente-t-elle vers l'outre-mer, et notamment le Sahara, où elle sera couronnée de succès en 1956.
La recherche d'indépendance n'est pas le fait des seuls pays industrialisés. Certains producteurs sous tutelle des " majors " de l'industrie pétrolière tenteront de s'en affranchir. C'est le cas du Mexique, c'est surtout le cas en Iran où, en 1951, le Dr Mossadegh, président du conseil, nationalise tous les biens de l'Anglo Iranian Company et crée la Compagnie nationale des pétroles d'Iran pour reprendre l'exploitation du brut. Avec le blocus du pays, l'extraction tombera de 33 millions de tonnes à 1,3 million en 1952. Arrêté pour haute trahison, Mossadegh paye le prix de son audace. Les Américains et les Anglais-même s'ils s'entre-déchirent pour le contrôle du Moyen-Orient-ne plaisantent pas avec le pétrole.
La guerre avait montré la capacité de l'homme à " maîtriser " l'atome à des fins militaires. Dès 1945, les pays industrialisés vont s'intéresser à la production d'énergie nucléaire par une recherche qui confondra souvent civil et militaire. C'est cette année-là que sera créé en France le Commissariat à l'énergie atomique. Celui-ci fera voter une loi-programme le 24 juillet 1952 avec pour but la production de plutonium comme prélude à la production d'énergie. Alors qu'EDF construit de grands barrages hydroélectriques, le CEA, dès le début des années 50, prépare l'avenir. Il est vrai que l'énergie se caractérise par une rigidité structurelle due à l'importance des investissements, à leur durée de réalisation et d'utilisation. Les évolutions lourdes ne peuvent qu'être lentes.
BRUNO DE THOMAS
Mars 1985
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