Article de presse: Dix ans de guerre froide franco-britannique
Publié le 17/01/2022
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nucléaires pour transporter les Polaris, ni têtes thermonucléaires pour les armer " (alors que la Grande-Bretagne en dispose grâceà ses " liens spéciaux " ) et que, lorsqu'elle en fabriquera, elle fabriquera aussi ses fusées elle-même.
L'année suivante, une nouvelle crise secoue la Communauté.
Invoquant un manquement grave des autres Etats membres à leursengagements agricoles, de Gaulle laisse " la chaise " de la France vide jusqu'à ce qu'ils admettent le droit de recourir au vetoquand " des intérêts très importants " sont en jeu, pratique qui rend d'ailleurs le mécanisme communautaire plus acceptable auxBritanniques.
A Londres, cependant, un travailliste, M.
Harold Wilson, est arrivé au pouvoir.
Il a fait campagne contre l'adhésion au Marchécommun, mais c'est un imprévisible et il fait ce que M.
Macmillan n'avait pas fait : il pose formellement, sans réserve et en uneseule phrase, la candidature britannique à la Communauté (11 mai 1967).
Il est clair, malgré tout, qu'il agit moins par conviction européenne que pour offrir un ballon d'oxygène à une économie mal enpoint.
Trois jours avant que les ministres de la Communauté ne délibèrent de la candidature britannique, la livre est dévaluée.Aussi quand M.
Couve de Murville prononce un nouveau refus, demandant uniquement cette fois-ci que la Grande-Bretagneassainisse son économie et ses finances avant d'entrer, nul n'est scandalisé ni surpris.
L' " affaire Soames "
Mais de ce côté-ci de la Manche, de Gaulle est très affaibli (émeutes et grèves de 68, occupation soviétique de laTchécoslovaquie).
Sans doute parce qu'il sent que sa fin approche, il va chercher à mettre fin à la brouille franco-britannique.
Ilpeut d'ailleurs penser que Wilson ne désespère pas lui non plus d'en arriver là.
Le premier ministre britannique ne vient-il pasd'envoyer à Paris un ambassadeur exceptionnel, un parlementaire conservateur, gendre de Churchill, ancien officier de liaisonauprès des Forces françaises libres, très " ouvert " sur la France, Christopher Soames ?
Le 4 février 1969, d'abord en tête à tête puis au cours d'un déjeuner intime, de Gaulle expose à l'ambassadeur des idées dont iln'a jamais fait mystère : il n'est pas un fanatique du système communautaire, explique-t-il, son objectif est une Europe vraimentindépendante, ce qui suppose une entente politique préalable entre les plus grandes nations qui la composent : France, Grande-Bretagne, Allemagne fédérale, Italie quant aux aspect purement économiques de l'Europe, de Gaulle ne verrait que desavantages à remplacer le Marché commun, une fois cette entente assurée, par un système plus souple pour commencer, ilfaudrait que les dirigeants français et britanniques en discutent seuls à seuls que Wilson fasse d'abord savoir qu'il est intéressé...
Soames fait aussitôt rapport à Londres, mais Wilson, au cours d'une visite à Bonn, vend la mèche aux Allemands, puis auxautres dirigeants de la Communauté en présentant les idées de de Gaulle sous le jour le plus provocant.
Une agence de pressepublie même une version du rapport Soames qui, du côté français, n'est pas jugée totalement fidèle aux idées du général.
DeGaulle se juge trahi.
Tant que lui-même et Wilson seront au pouvoir, les ponts resteront coupés entre Paris et Londres.
Mais précisément, après que Georges Pompidou a succédé au général de Gaulle (15 juin 69), Harold Wilson est remplacé (18juin 70) par un conservateur très " pro-marché commun ", Edward Heath, qui avait mené les négociations de 1960 à 1963.
Lenouveau président de la République n'a jamais eu avec les Britanniques les démêlés que le général avait connus du temps de laFrance libre.
Il tient d'autant plus à un rapprochement avec Londres qu'il redoute qu'à Bonn l' " ouverture à l'Est " du nouveauchancelier socialiste Willy Brand ne dégénère en un flirt avec Moscou.
Enfin et surtout, il redoute que le boulet de la candidatureanglaise ne bloque tout développement européen.
Or beaucoup reste à faire notamment pour asseoir définitivement l' " Europe verte ".
N'y a-t-il pas là un marchandagepossible ? Le nouveau ministre des affaires étrangères, choisi sur mesures, M.
Maurice Schumann (gaulliste de la première heure,européen de vieille souche et ami de l'Angleterre) l'énonce en trois mots : " achèvement (de l'Europe agricole), élargissement (à laGrande-Bretagne), approfondissement (par la relance de la construction communautaire) ".
Le 1 er décembre 1969 au sommet de La Haye, le marché est proposé aux partenaires de la France et accepté.
Les nouvelles négociations commencent en septembre 1970.
Elles ne porteront plus comme en 1960-1963 sur l'adaptation de la Communautéau système britannique mais sur l'inverse, et ce n'est déjà pas un mince travail.
L'ultime " baroud "
Il s'achèvera en juin 1971 après un ultime " baroud " franco-britannique.
La France avait attendu que tout le reste fût réglé poursoulever une question brièvement évoquée en 1967 par M.
Couve de Murville quand Londres avait posé sa candidature : la livredevra devenir une monnaie européenne comme les autres afin de participer au futur système monétaire européen elle doit donc.
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