Article de presse: Dialogue de sourds au Sahara
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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toute la clarté nécessaire, que l'Algérie ne saurait renier l'acquisition la plus chère des peuples et le principe cardinal des Nationsunies que représente le droit à l'autodétermination.
Alger ne saurait entériner quelque solution que ce soit à l'élaboration et à lamise en oeuvre desquelles elle n'aurait pas été associée au titre de partie concernée et intéressée.
" Ce droit à l'autodétermination,Alger rappelle qu'il a été proclamé en ce qui concerne le Sahara occidental par les Nations unies dans de multiples résolutions,par l'Organisation de l'Unité africaine mais aussi par plusieurs " sommets maghrébins " auxquels participaient le roi Hassan II et leprésident Ould Daddah.
Un fait accompli
Les populations n'ayant pas été consultées, l'accord tripartite de Madrid n'est pour Alger qu'un " fait accompli ", un partagedigne des plus belles traditions coloniales.
Les Sahraouis, fait-on remarquer, ont refusé ce dépeçage.
Ils ont fui devant les " forcesd'agression " et se sont ralliés massivement au Front Polisario, initialement créé, avec le soutien de la Mauritanie, pour luttercontre l'occupant espagnol, et qui poursuit son combat pour l'indépendance par l'autodétermination.
Le Front est donc unmouvement de libération, dans toute l'acception du terme, et c'est à ce titre qu'Alger lui fournit une aide inconditionnelle.
" Nousavons nous-mêmes été aidés quand nous luttions pour notre liberté, disent les Algériens.
Il est normal que nous fassions de mêmeaujourd'hui pour un peuple à qui l'on refuse le droit de choisir son destin.
" Pour Alger, deux considérations sont de nature àéclairer l'action menée par le Maroc.
Tout d'abord le royaume est animé d'une volonté expansionniste.
On rappelle volontiers àAlger que Rabat a longtemps revendiqué le territoire mauritanien et que l'ancien chef du parti de l'Istiqlal, Allal El Fassi, s'était faitle chantre d'un " Grand Maroc " allant jusqu'au fleuve Sénégal.
Ce que la monarchie n'a pu arracher de force dans les années 60,explique-t-on, elle s'emploie à l'obtenir aujourd'hui par la ruse.
La possibilité d'un arrangement
L'alliance avec Nouakchott aboutit en fait à placer de plus en plus la faible Mauritanie dans la mouvance du royaume.
Algersoupçonne aussi son voisin de ne pas avoir abandonné ses prétentions sur Tindouf.
L'accord d'Ifrane de 1972 reconnaissant à l'Algérie la possession de ce territoire, pour lequel les deux pays s'étaient battus en1963, n'a toujours pas été ratifié et des voix s'élèvent au Maroc pour dénoncer ce traité et réclamer, là encore, le " retour à lamère patrie ".
Où s'arrêteront ces revendications territoriales? s'interroge-t-on à Alger.
Le gouvernement de M.
Boumediène se demande aussi si la situation crée dans la région par l'initiative marocaine ne constituepas une occasion pour certains pays arabes et occidentaux de mettre en difficulté la révolution algérienne et tout au moins de lacirconscrire.
Dans une interview au quotidien communiste l'Humanité, le chef de l'Etat algérien déclarait ainsi en novembre 1975:" Tout ce qui est fait actuellement vise à contenir la révolution algérienne: parce que nous clamons très haut ce que d'autresn'osent pas dire, parce que nous avons choisi un non-alignement qui n'est pas passif mais qui fait la différence entre le progrès etla réaction.
L'heure est peut-être venue, où le peuple algérien doit faire la preuve qu'il est capable de défendre sa révolution.
Si onarrive à nous tordre le cou, c'est que notre révolution n'est pas authentique.
" C'est dans cette optique que l'on interprète à Algerle soutien diplomatique d'abord, matériel ensuite, accordé par la France à Nouakchott et à Rabat en dépit d'une neutralité" proclamée ".
Le fossé séparant les adversaires paraît donc bien profond.
La diplomatie n'a certes jamais perdu ses droits dans cette affaireet les protagonistes sont en fait toujours restés en relation.
Il serait imprudent d'exclure totalement la possibilité d'un arrangement.
L'histoire est pleine de surprenants revirements.
A court terme, une solution pacifique paraît peu probable.
Rabat et Alger sonttrop engagés, et tout recul risquerait d'avoir des répercussions sur la stabilité de régimes caractérisés chacun par un pouvoirpersonnel important du chef de l'Etat.
C'est grâce au Sahara que le roi Hassan II a pu normaliser la vie politique marocaine.
Ensens inverse, la menace brandie par le souverain d'user du " droit de suite " et d'attaquer l'Algérie en cas de nouvelle violation desfrontières marocaines ou mauritaniennes par le Polisario a ressoudé autour du président Boumediène une opinion publique assezpeu mobilisée et plus préoccupée par les difficultés économiques et sociales que connaît le pays.
DANIEL JUNQUA Le Monde du 2 décembre 1977.
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