Article de presse: Conrad Adenauer et la restauration du crédit allemand
Publié le 17/01/2022
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Ce sera son mérite d'avoir compris que la réconciliation franco-allemande était devenue pour ce qui restait de l'Europe unequestion de vie ou de mort.
Tous les Allemands sont de coeur avec leur chancelier quand il accepte d'emblée, le 11 mai 1950,l'idée du plan Schuman, et l'opposition violente de Schumacher engagera la social-démocratie dans une voie sans issue.
Mais laguerre de Corée, éclatant sur ces entrefaites, tout juste un mois après la proposition de Robert Schuman, devait obliger ConradAdenauer à tirer jusqu'au bout les conséquences de la division du monde en deux blocs antagonistes.
Au lieu d'apporter en dot àune communauté pacifique la puissance de son industrie, qui allait à partir de 1948 se relever avec une rapidité " miraculeuse ",l'Allemagne était invitée à contribuer à la défense de la communauté occidentale.
Le 27 mai 1952, les traités germano-alliés, portant création de la communauté européenne de défense, étaient signés, et uneAssemblée ad hoc était chargée de préparer un projet de Constitution fédérale européenne.
Logique avec lui-même, le chancelier Adenauer pouvait voir dans les Etats-Unis d'Europe le couronnement d'une oeuvretoujours fondée sur l'ambition suprême de rendre à l'Allemagne occidentale droit de cité dans la communauté des nations libres.Ayant obtenu l'abandon des démantèlements et des projets français de séparation de la Ruhr en souscrivant à la création del'Autorité internationale de Düsseldorf, il obtenait la disparition de celle-ci grâce à la création de la Communauté charbon-acier.Restait la souveraineté politique : l'entrée de l'Allemagne dans la Communauté de défense lui assurait, dans toute la mesurecompatible avec la présence des Russes en zone orientale et à Berlin, la disparition du statut d'occupation, remplacé par un" contrat ".
Ainsi Conrad Adenauer avait-il réussi, sans plus " finasser " cette fois, ce que Stresemann avait fait mine autrefois defaire à Locarno.
L'Allemagne rompait avec la tradition de la contre-assurance avec l'Est pour retrouver sa vocation de" gardienne de l'Occident " face à la barbarie asiatique.
Le contraste entre la prospérité régnant à l'Ouest et la force grandissante de la communauté occidentale, d'une part, la misère etla terreur sévissant à l'Est, d'autre part, obligerait tôt ou tard les Russes à céder sous une sorte de pression à la fois morale etmatérielle et à évacuer leur zone.
Y croyait-il vraiment ?
Le résultat des élections générales de 1953, qui allaient manifester pour la première fois l'étendue de la popularité du chancelier,prouve en tout cas que les doutes sur l'avenir de l'unité du pays étaient relégués par les premiers signes du retour de la prospéritéà l'arrière-plan de la conscience des électeurs.
Le scrutin du 6 septembre 1953 donna 42,2 % des voix au Parti chrétien-démocrate, contre 28 % aux socialistes.
Avec 244 sièges, le parti du chancelier disposait de la majorité absolue au Parlement.
C'est pourquoi le rejet de la CED par le Parlement français, le 30 août 1954, fut une cruelle déconvenue pour ConradAdenauer et pour un très grand nombre d'Allemands.
Cependant, grâce à la conférence de Londres, le chancelier put présenterla solution de remplacement (entrée de la République fédérale dans l'Organisation atlantique, création d'une Union européenneoccidentale chargée de contrôler plus ou moins le réarmement de l'Allemagne) comme une nouvelle victoire pour l'Allemagne.
LaRépublique de Bonn n'entrait-elle pas de plein droit dans l'OTAN sur un pied d'égalité avec les autres nations ? Les accords surle statut européen de la Sarre, signés avec Mendès France le 23 octobre 1954, ne constituaient, comme la suite des événementsdevait le prouver, qu'une contrepartie révisable.
Le retour de la Sarre à l'Allemagne en 1957 permettait à la République fédéraled'effacer à l'Ouest les traces de la guerre.
Mais il n'en était pas de même à l'Est.
Le jour même où les accords de Paris étaient signés, Moscou envoyait aux puissancesoccidentales une nouvelle note qui en récusait à l'avance les conséquences et proposait de réunir une conférence à quatre.
Elle setint au cours de l'hiver 1954 à Berlin, sans apporter aucune modification dans les positions soviétiques.
Le 7 juin 1955, ConradAdenauer était officiellement invité en URSS.
Les conférences se succédaient à Genève (...).
Bon gré mal gré, il fallut aller àMoscou, ce qui pour le chancelier prit figure de Canossa.
Un avenir brillant
Après avoir proclamé que l'échange d'ambassadeurs proposé par le Kremlin ne serait accepté par son gouvernement que sousconditions, il lui fallut l'accepter sans qu'aucune de ces conditions eût été remplie.
Bonn ouvrit à Moscou une ambassade à côtéde celle de la RDA (République démocratique allemande).
Du moins le chancelier put-il faire libérer dix mille prisonniersallemands encore retenus en URSS.
Bien que sur le plan parlementaire son autorité ait paru amoindrie à la suite de la rupture de la coalition gouvernementale quequittèrent successivement le bloc des réfugiés, puis les libéraux, et à laquelle seul le petit Parti allemand resta fidèle, le vieuxchancelier, qui allait fêter au début de 1958 son quatre-vingt deuxième anniversaire, parut à l'approche du combat retrouver denouvelles forces.
Son éloquence plus familière et incisive que jamais fit merveille.
Son leitmotiv était simple : " Regardez autour devous, disait-il aux électeurs, Craignez de perdre tout ce que je vous ai donné.
" Et de rapporter sans cesse à ses auditeurs l'état.
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