ARTICLE DE PRESSE: Banques : le révélateur Barings
Publié le 17/01/2022
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26 février 1995 - L'année bancaire a débuté par un coup de tonnerre, de l'autre côté de la Manche. Le 26 février, la vénérable banque britannique Barings, pilier de la City, est acculée à la faillite en raison des positions prises sur les marchés dérivés asiatiques par l'un de ses courtiers à Singapour. Montant de la facture : près de 7 milliards de francs.
L'institution bicentenaire passe en quelques jours sous pavillon étranger, celui de la banque néerlandaise ING. Un mois plus tard, Peter Baring, président de Barings, annonce sa démission, après trente ans passés dans la banque. Il met ainsi fin à 233 ans de contrôle de la famille sur la plus vieille banque d'affaires britannique.
Les banques découvrent avec stupéfaction qu'aux maux déjà recensés et dont elles souffrent quotidiennement sans vraiment parvenir à les surmonter, érosion des marges, désintermédiation, crise de l'immobilier, surbancarisation, s'est ajouté un nouveau problème : la maîtrise et le contrôle d'outils de plus en plus sophistiqués que le fonctionnement en continu des marchés mondiaux rend encore plus aléatoires.
Le danger est universellement ressenti. Au point que le Comité de Bâle, qui réunit les gouverneurs des banques centrales du groupe des Dix, a annoncé, le 12 décembre, de nouvelles règles prudentielles spécifiques pour les activités de marchés dont la mise en place devra intervenir au plus tard fin 1997.
Une preuve supplémentaire, s'il en était besoin, de la profonde mutation que traverse l'industrie bancaire. Tout au long des années 80, des crises successives ont tour à tour frappé les Etats-Unis, le Canada, la Scandinavie, l'Italie, l'Espagne, le Japon. Aucun pays n'a été épargné par de graves défaillances, assorties, parfois, de scandales.
En Europe comme outre-Atlantique, un vaste mouvement de restructuration s'est engagé. En Grande-Bretagne, le passage de Barings Brothers sous contrôle néerlandais n'a été que le dernier avatar de la City. Morgan Grenfell, Kleinwort Benson, SG Warburg ont désormais des propriétaires étrangers. Aux Etats-Unis, les fusions se succèdent. Depuis le début de 1995, plus de trois cents fusions ou acquisitions ont été annoncées entre banques régionales mais aussi entre grandes banques. L'Italie n'a pas fini son mouvement de concentration puisque 900 banques se partagent encore le marché, contre 600 en France.
Dans l'Hexagone, l'affaire de la banque Pallas-Stern, comme celles de la BCP et de la Compagnie du BTP, a provoqué, à juste titre, des interrogations sur l'efficacité des contrôles, mais également sur le fonctionnement en aval du fameux article 52 de la loi bancaire de 1984, qui sert de SAMU aux établissements de crédit. En vertu de celui-ci, le gouverneur de la Banque de France se trouve investi du pouvoir de faire appel aux actionnaires des établissements de crédit en crise. Mais ce mécanisme joue de plus en plus mal depuis que les actionnaires, banques, compagnies d'assurances et groupes industriels connaissent eux-mêmes des difficultés financières.
BABETTE STERN
Le Monde du 3 janvier 1996
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