Article de presse: Ayoub Khan, un officier de l'Indian Army
Publié le 22/02/2012
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7 octobre 1958 - Grand, le maintien altier, les yeux couleur acier, le regard et le geste énergiques, s'exprimant en un anglais châtié, tout dans le comportement du maréchal Ayoub Khan contribue à faire de lui un prototype d'officier supérieur britannique de l'Indian Army, où le chef de l'Etat pakistanais a accompli la majeure partie de sa carrière. Sorti de l'académie militaire de Sandhurst, il a été l'un des rares officiers non britanniques à détenir pendant la deuxième guerre mondiale un poste de haut commandement.
Tout le prédestinait à devenir un soldat d'élite. Il appartient à une tribu traditionnellement guerrière du Pachtounistan. Son grand-père servit dans l'Indian Army. Son père, toujours sous le drapeau britannique, se battit en France au cours du premier conflit mondial.
Des principes que lui avaient inculqués ses ascendants, le maître actuel du Pakistan en a retenu essentiellement deux : l'ordre et la discipline, qu'il s'est efforcé de faire prévaloir dès qu'il s'est emparé du pouvoir en octobre 1958, à l'issue d'un coup d'Etat militaire minutieusement préparé.
Révolté par l'anarchie, la gabegie et l'insouciance du régime précédent, le maréchal Ayoub Khan a rétabli effectivement l' " ordre ", a mené une puissante campagne contre la contrebande et le marché noir, a fait échec dans une certaine mesure à l'inflation et à l'hémorragie de devises. Il a licencié plus de trois mille fonctionnaires en quelques semaines, ne retenant que ceux qu'il estimait capables ou politiquement sûrs. La presse récalcitrante a été ramenée à de meilleurs sentiments et le système parlementaire de l'ancien régime remplacé par une " démocratie de base " ou " pyramidale ". Le régime présidentiel institué a permis en 1960 l'élection du chef de l'Etat pakistanais à une majorité de 95,6 %.
Contrairement à d'autres " hommes forts " du Moyen-Orient, le maréchal Ayoub Khan ne professe pas d'opinions particulièrement avancées dans les domaines économique et social. Il a donné un coup d'arrêt à l' " industrialisation abusive " amorcée sous l'ancien régime. La réforme agraire qu'il a introduite n'a soulevé ni les ardeurs révolutionnaires des masses ni des oppositions intempestives du côté des " victimes ".
Les intellectuels aux idées radicales, les admirateurs d'une démocratie sociale corrigée par des notions importées de Chine populaire, ont été tenus à l'écart des affaires de l'Etat.
Résolument pro-occidental, ardemment attaché au pacte de Bagdad, le maréchal Ayoub Khan a une admiration sans bornes pour le général de Gaulle.
ERIC ROULEAU
Le Monde du 16-17 septembre 1962
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