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Article de presse: Ariane, un succès commercial

Publié le 17/01/2022

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16 juin 1983 - C'est finalement avec une cinquantaine de minutes de retard sur l'horaire prévu que le septième exemplaire de la fusée européenne Ariane s'est élancé, mercredi 19 octobre, dans le ciel de Guyane. Après un arrêt de chronologie dû à une erreur de programmation d'ordinateur, le lanceur a été mis à feu de nuit, à 1 h 45 du matin (heure française), et, au terme d'un vol sans histoire d'une quinzaine de minutes, Ariane a mis en orbite le satellite Intelsat-5. Il s'agit d'un satellite de télécommunications de 1 870 kilogrammes, conçu par des sociétés américaines et européennes, pour offrir un supplément de télécommunications internationales destiné à satisfaire une demande mondiale qui double tous les trois ou quatre ans. Ce succès confirme le tir réussi du mois de juin. Il prouve aussi le bien-fondé des modifications apportées à certains éléments du troisième étage d'Ariane, ainsi que la capacité du lanceur européen à mettre en orbite la charge la plus lourde pour laquelle il était prévu. Ariane a déjà réussi de nombreux tirs. Mais c'était la première opération vraiment commerciale. " Il nous faut maintenant nous habituer à ce genre d'émotion cinq, six ou sept fois par an. " Ainsi s'est exprimé M. Hubert Curien, président du Centre national d'études spatiales (CNES), dans les minutes qui suivirent le septième lancement réussi d'Ariane et la mise en orbite du satellite Intelsat-5. En sens inverse, il a indiqué qu'un échec éventuel n'aurait pas été une catastrophe. " Tout grand programme de développement technologique a des aléas, a-t-il fait remarquer il est possible qu'il y ait des anicroches lors des prochains tirs. Cela ne remettra pas en cause la réussite d'ensemble. " Si aucun échec n'est irrémédiable, certains succès ont sans doute plus de poids que d'autres, et c'est le cas de ce septième lancement. Il ouvre une série de cinq tirs commandés par l'organisation Intelsat : les deux prochains tirs d'Ariane, le huitième, qui interviendra sans doute juste avant Noël, et le neuvième, programmé pour février 1984, doivent aussi mettre en orbite des satellites Intelsat-5 deux autres lancements interviendront en 1986. La bataille avait été chaude, en décembre 1978, pour que soit prise cette décision. Certes, en cas d'échec, les télécommunications intercontinentales par satellite n'auraient pas cessé pour autant. Intelsat a des capacités en réserve. L'organisation table sur un bon fonctionnement de trois satellites sur quatre après la réussite du tir d'Ariane, et sous réserve qu'aucun accident ultérieur n'affecte le satellite, on en est à sept sur sept pour la série des Intelsat-5. De plus, un contrat signé est un contrat signé, et Intelsat n'aurait pas retiré sa confiance à Ariane du seul fait d'un échec. D'ailleurs, la navette spatiale américaine est actuellement incapable de mettre les satellites Intelsat-5 en orbite. Les lancements ont donc été répartis entre Ariane et la fusée américaine Atlas-Centaur, beaucoup plus chère (46 millions de dollars contre 27 pour un tir d'Ariane). Tout le marché ultérieur d'Ariane était donc commandé par cette première mise en orbite d'un satellite Intelsat. Politiquement, le succès devrait avoir des conséquences importantes. Il est clair que la société Arianespace, qui espère toujours prendre 30 % du marché mondial des services de lancements, devrait enregistrer quelques nouvelles commandes et la transformation en contrats fermes de réservations de créneaux de tir. JEAN-FRANCOIS AUGEREAU, MAURICE ARVONNY Le Monde du 20 octobre 1983

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