Arménie (région historique)
Publié le 13/04/2013
Extrait du document
1 | PRÉSENTATION |
Arménie (région historique), région naturelle et historique de l’Asie occidentale, correspondant aujourd’hui à la république d’Arménie, à l’est de la Turquie et au nord de l’Iran.
2 | GÉOGRAPHIE |
Couvrant une superficie de quelque 300 000 km², l’Arménie historique est un ensemble de plateaux, traversé de chaînes montagneuses ; le point culminant est le Grand Ararat (Ağrı Dağı, 5 165 m). La région est baignée par l’Euphrate, le Tigre et l’Araxe ; les principaux lacs sont le Van, l’Urmia et le Sevan.
Le climat varie entre le subtropical et le tempéré. Quelques sols de la région, en particulier dans les vallées des fleuves, sont très arables et permettent l’aménagement de vignes et de vergers. Les hauts plateaux sont principalement destinés à l’élevage. Le sous-sol renferme divers gisements minéraux.
3 | POPULATION |
Les origines géographiques des Arméniens restent obscures, mais ils sont classés du point de vue ethnologique parmi les Caucasiens, et du point de vue linguistique parmi les Indo-Européens. La majorité des Arméniens vivent aujourd’hui dans cette région, les autres étant dispersés à travers l’Asie, l’Europe et l’Amérique.
4 | HISTOIRE |
La vallée de l’Araxe et le plateau autour du lac de Van ont été, entre 1270 et 850 av. J.-C., le dominion d’un royaume, parfois appelé Van, mais connu en Assyrie sous le nom de Urartu (de l’hébreu Ararat). Le nom d’Arménie apparaît pour la première fois dans l’inscription que le roi perse Darios Ier a fait graver dans le village de Béhistun (en Iran), au début du ve siècle av. J.-C.
4.1 | Conquête perse |
En 612 av. J.-C., l’Arménie est conquise par les Mèdes, qui la dirigent jusqu’en 549 av. J.-C. Le roi perse Cyrus le Grand, fondateur de l’Empire perse, s’empare du pays en 549 av. J.-C. et en fait une satrapie de son empire. Quelques années après la mort d’Alexandre le Grand (323 av. J.-C.), qui a conquis la Perse, l’Arménie devient indépendante. Le roi syrien Antiochos III la conquiert en 212 av. J.-C., et la divise en deux satrapies administrées par des princes arméniens. Ces satrapies sont de véritables royaumes indépendants entre 190 et 94 av. J.-C., avant que le roi d’Arménie Tigrane le Grand les réunisse sous sa domination. Tigrane conquiert quelques régions de l’Asie Mineure (ou Anatolie, à l’ouest de l’Arménie) et de la Mésopotamie (au sud), mais il est vaincu par les Romains en 69 av. J.-C. L’Arménie devient alors un satellite de Rome.
Pendant le conflit entre les Romains et les Parthes, qui se sont imposés en Perse, l’Arménie tente de rester neutre et autonome. Lorsque les Perses sassanides renversent les Parthes au iiie siècle apr. J.-C., ils s’emparent de l’Arménie, mais le roi arsacide Tiridate III, avec l’aide de l’empereur romain Dioclétien, libère le pays. Tiridate se convertit au christianisme en 303, et proclame le christianisme religion d’État, quelque vingt ans avant que l’empereur romain Constantin le Grand fasse du christianisme la religion officielle de l’Empire romain.
4.2 | L’Arménie chrétienne |
Important centre du christianisme, l’Arménie s’oppose aux Perses zoroastriens après le ive siècle. Après leur conquête de la Perse en 642, les Arabes s’emparent de l’Arménie. En 653, toutefois, le calife Othman choisit un prince arménien pour administrer le pays, le nommant patricien d’Arménie. Progressivement, les patriciens deviennent des rois de fait et, en 886, la dynastie des Bagratuni restaure le royaume d’Arménie et dirige le pays jusqu’au xe siècle. De nombreuses églises et de vastes systèmes d’irrigation datent de cette époque.
Les principaux ennemis de l’Arménie médiévale sont les souverains de l’Empire byzantin et les Turcs seldjoukides, qui envahissent le pays au xie siècle. Un état de guerre permanent conduit de nombreux Arméniens à émigrer ; une partie d’entre eux fonde le royaume de la Petite Arménie (englobant l’ancienne région de Cilicie), en 1082 ; ce royaume disparaît en 1375.
4.3 | Un pays divisé |
Vers 1240, l’Arménie est envahie par les Mongols, qui la dominent jusqu’au début du xve siècle. Suit une ère de confusion — pendant laquelle la Perse (l’Iran) contrôle l’Arménie — qui prend fin lorsque les Turcs ottomans conquièrent la plus grande partie de la région au xvie siècle, la partie orientale revenant aux Perses. L’Arménie souffre par la suite des combats incessants entre l’Empire ottoman et la Perse. Les Arméniens de la région sous contrôle iranien sont déplacés au xviie siècle, tandis que ceux de la partie ottomane, après la chute de Constantinople en 1453, sont réorganisés sous la domination d’un évêque arménien. Ils obtiennent une grande autonomie religieuse, culturelle et politique. Il n’en demeure pas moins que la conquête du Caucase par la Russie au xixe siècle est acclamée par les Arméniens. Après l’assujettissement de certaines régions en 1828-1829, un grand nombre d’Arméniens émigre vers les régions sous domination russe. Dans un premier temps, les Russes les accueillent favorablement, espérant que l’attitude amicale des Arméniens turcs en feront des alliés en cas de nouvelles hostilités.
4.4 | Les massacres ottomans |
L’affaiblissement progressif de l’Empire ottoman engendre un réveil des nationalismes et le développement de l’interventionnisme des puissances occidentales, lié notamment au contrôle des mers chaudes. Afin d’atténuer le rôle de protecteur de la Russie sur la chrétienté arménienne, le Royaume-Uni s’impose comme le protecteur des Arméniens de l’Empire ottoman (alors sous influence britannique). À la suite des interventions étrangères, des factions se forment parmi les Arméniens, stimulant le développement du nationalisme, tout en l’orientant vers différentes voies ; ainsi, une partie des dirigeants arméniens met l’accent sur la loyauté vis-à-vis des Turcs ottomans, tandis que d’autres groupes engagent des activités (considérées comme subversives par les premiers) à l’encontre des Turcs. Motivée par la proclamation d’indépendance de la Bulgarie en 1878, l’Arménie tente de suivre la même voie, mais cette requête nationaliste est réprimée dans le sang par les Turcs ottomans : 200 000 Arméniens sont massacrés en 1886. À la même époque, les Russes, face à l’effet produit par la propagande anti-russe des Britanniques, interdisent aux Arméniens de parler leur propre langue et d’ouvrir leurs propres écoles et églises. Ils déportent également de nombreux dirigeants nationalistes en Sibérie. La « protection « britannique s’avère sans effet.
Pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918), l’Arménie est le champ de bataille des combats entre Russes et Ottomans. Entre janvier et août 1916, la Russie conquiert la majeure partie de l’Arménie turque, mais la Révolution de 1917 contraint les Russes à battre en retraite, et les Ottomans occupent à nouveau le pays.
Entre 1914 et 1918, les atrocités commises par les Ottomans à l’encontre des Arméniens se multiplient. Les victimes des massacres et des famines se chiffrent à environ un million. Qualifiés de génocide par la plupart des historiens, ces massacres entraînent la mort de la moitié de la population arménienne ottomane. De nombreux arméniens fuient la région ; environ 200 000 personnes trouvent refuge en Russie. Le gouvernement de la Turquie réfute le terme de génocide, s’appuyant sur le fait que ces massacres n’ont pas résulté d’une action préméditée.
4.5 | L’Arménie moderne |
Le 26 mai 1918, les Arméniens, au préalable sous la domination tsariste, proclament leur indépendance, fondant la république autonome d’Arménie, qui est reconnue par les alliés en 1920.
Ayant combattu aux côtés des Grecs pendant la guerre gréco-turque (1920-1922), les Arméniens subissent les représailles des Turcs victorieux. En outre, les Turcs envahissent la république qu’ils refusent de reconnaître. Un accord est finalement trouvé en 1921, stipulant que la République arménienne doit céder environ la moitié de ses terres caucasiennes à la Turquie. En 1922, la République arménienne s’unit aux républiques socialistes soviétiques d’Azerbaïdjan et de Géorgie pour former la République socialiste soviétique fédérée transcaucasienne (RSSFT), qui devient une des quatre républiques initiales de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Une République socialiste soviétique d’Arménie (RSS) distincte est fondée en 1936.
Les accusations de discrimination de la minorité arménienne résidant dans la RSS d’Azerbaïdjan provoquent de nombreux affrontements entre les parties dans les années 1980. En 1990, le Soviet suprême d’Arménie proclame la souveraineté de la république, et élit à la présidence Levon Ter-Petrossian (dirigeant du mouvement nationaliste arménien). Dans un référendum tenu le 21 septembre 1991, les électeurs arméniens approuvent la déclaration d’indépendance présentée par l’URSS. Deux mois plus tard, la nouvelle république devient un des membres fondateurs de la Communauté des États indépendants (CEI). Le conflit avec l’Azerbaïdjan sur le Haut-Karabagh, une enclave arménienne, se transforme en guerre ouverte lorsque l’armée arménienne envahit et occupe le territoire contesté en 1992.
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