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Aristide, Jean-Bertrand

Publié le 06/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Aristide, Jean-Bertrand (1953- ), homme d'État haïtien, président de la République indépendante d'Haïti entre 1990 et 1991, de 1994 à 1996, puis de 2000 à 2004.

2   UN PRÊTRE SALÉSIEN EN LUTTE CONTRE LA DICTATURE DES DUVALIER

Né à Port-Salut (Haïti), Jean-Bertrand Aristide s’établit avec sa mère et sa sœur aînée à Port-au-Prince, après la mort de son père. À l'âge de 5 ans, il est placé dans une école catholique dirigée par des salésiens (religieux membres de la société des Prêtres de Saint-François-de-Sales).

Les principes du catholicisme libéral, selon lesquels les chrétiens doivent exiger une justice sociale et économique pour tous et lutter pour l'obtenir, influencent Jean-Bertrand Aristide au cours de ses études religieuses. Ses supérieurs hiérarchiques, soucieux de mettre un terme à ses activités politiques, l’éloignent du pays en 1979, après la fin de ses études au séminaire. L'Église l’envoie d'abord en Israël, où il étudie la théologie biblique, puis à Londres. Ordonné prêtre salésien en 1982, il s’établit finalement à Haïti en 1985, en charge d'une modeste paroisse rattachée à une petite église de Port-au-Prince. Parallèlement, il prend la tête de différents mouvements contestataires basés à Port-au-Prince et dans d'autres régions de l'île. S'indignant contre la politique répressive qui caractérise la dictature de Jean-Claude Duvalier, il se distingue par la lutte qu'il mène pour le respect des droits de l'homme envers les Haïtiens les plus pauvres.

En février 1986, les mouvements de résistances forcent Jean-Claude Duvalier à prendre la fuite : pendant les quatre années suivantes, la république d'Haïti est gouvernée par un groupe de civils et d'officiers proches de l'ancien dictateur, à l'exception du bref mandat de Leslie Manigat, élu président de la République en janvier 1988 mais renversé peu après par le général Namphy. Pour sa part, Jean-Bertrand Aristide continue ses activités à la tête du mouvement formé par la majorité des Haïtiens opposés à la dictature répressive du « duvaliérisme sans Duvalier «. En 1988, sous la pression du gouvernement, les salésiens accusent Aristide d'incitation à la violence et l'excluent de leur ordre.

3   LE PREMIER PRÉSIDENT HAÏTIEN ÉLU LIBREMENT

Les premières élections libres depuis l’indépendance en 1804 se déroulent en décembre 1990 : Jean-Bertrand Aristide est élu président avec 67 p. 100 des votes. Cependant, en septembre 1991, un coup d'État mené par le lieutenant général Raoul Cedras renverse Aristide, contraint à s'exiler pendant trois ans. Revenu au pouvoir en octobre 1994, à la suite de l'occupation militaire nord-américaine, le président Aristide est confronté à d'innombrables difficultés telles que la crise du secteur de la santé, les forts taux d’analphabétisme et de chômage, le marasme économique, la lourdeur et la corruption du système bureaucratique et le banditisme au sein de l'armée.

La Constitution ne l'autorisant pas à briguer un second mandat, Aristide est remplacé à la tête de l'État par l'ancien Premier ministre, René Préval, qui est élu en décembre 1995 et prend ses fonctions en février 1996.

4   DE LA DÉRIVE DICTATORIALE À LA CHUTE

En novembre 2000, Jean-Bertrand Aristide réapparaît sur le devant de la scène politique, en remportant avec 91,69 p. 100 des suffrages exprimés, une élection présidentielle boycottée par les partis d’opposition. À la suite des irrégularités commises lors des élections législatives et municipales de l’été 2000, l’Union européenne et les États-Unis refusent d’envoyer des observateurs. Confronté à la méfiance de la communauté internationale et d’une partie grandissante de la population haïtienne, le nouveau président revient donc à la tête d’un des pays les plus pauvres de la planète dans un tout autre climat que celui qui avait entouré son premier mandat.

Au cours des années 2002 et 2003, les manifestations dénonçant la dérive dictatoriale du président Aristide et réclamant son départ se multiplient. La corruption, le trafic de drogue et des assassinats de journalistes constituent le quotidien d’une situation politique et économique qui se dégrade de manière continue. À partir du 1er janvier 2004, les cérémonies du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti (1er janvier 1804) sont célébrées sur fond d’affrontements entre partisans (les groupes armés des « chimères «) et opposants au président Aristide. L’insurrection s’étend au mois de février, les rebelles contrôlant bientôt la moitié de l’île. Le chaos, qui s’étend dans le pays, aboutit à la démission et à l’exil du président Aristide le 29 février, sous la pression américaine et française. Une force multinationale, composée de soldats américains, français et canadiens, est alors envoyée sur place.

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