Ariel Sharon, la revanche d'un baroudeur
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
«
proportion inattendue, surprenant le gouvernement et l'armée, qui les avaient pourtant autorisées.
» Survient la guerre de 1956 oùIsraéliens, Français et Britanniques tentent de chasser du pouvoir le colonel Gamal Abdel Nasser, qui vient de nationaliser lecanal de Suez.
A la tête de sa brigade parachutiste, Ariel Sharon, sans attendre les ordres, s'est enfoncé dans le désert du Sinaï,s'emparant, après une sanglante bataille, de la passe de Mitla.
Une fois de plus, l'initiative suscitera les remarques acerbes deplusieurs de ses officiers, dont le futur général et chef d'état-major Motta Gur, qui lui reproche d'avoir outrepassé les ordres etengagé son unité dans une opération inutile et coûteuse.
En 1967, durant la guerre de six jours, il commande la brigade parachutiste dans le Sinaï.
Deux ans plus tard, il est général dedivision, commandant du secteur sud, chargé du maintien de l'ordre dans la bande de Gaza.
Il y matera l'agitation palestinienneavec brutalité, efficacité et en essuyant, une fois de plus, quelques vives critiques.
Sa carrière militaire s'arrête presque là.
L'institution, qui digère mal un tel officier, a tout fait pour l'empêcher de devenir chefd'état-major.
Dépité, Ariel Sharon quitte le service actif et se lance en politique, créant, avec un autre transfuge de la gauche, legénéral et futur président Ezer Weizman, le Likoud, qui rassemblera une droite éclatée.
Mais la guerre du Kippour, en octobre1973, le renvoie à nouveau dans le Sinaï, où il traverse avec sa division blindée le canal de Suez et encercle la 3e arméeégyptienne.
L'action, qualifiée de brillante par tous les spécialistes, renverse le cours de la bataille.
Mais, celle-ci terminée, ArielSharon se retrouve, comme toujours, impliqué dans une dispute avec ses pairs, qui lui reprochent ses initiatives.
Qu'importe.
Cette fois, il se lance définitivement en politique et devient ministre de l'agriculture en même temps que président dutout récent comité ministériel pour la colonisation, lorsque, le 17 mai 1977, le chef du Likoud, Menahem Begin, prend la directiondu pays.
Sous sa houlette, soixante-quatre nouvelles colonies viendront s'ajouter à la vingtaine d'implantations créées par lestravaillistes au cours des dix années précédentes.
EN 1981, Ariel Sharon devient ministre de la défense, justifiant la prédiction de son supporter le plus fidèle, le journaliste OuriDan, qui avait prophétisé : « Ceux qui n'ont pas voulu de Sharon en chef d'état-major le retrouveront en ministre de la défense.
»
Le nouveau ministre ne perd guère de temps et ordonne à l'état-major de préparer un plan d'invasion du Liban.
Officiellement,il s'agit d'empêcher les attaques des fedayins palestiniens lancées depuis le pays du Cèdre.
Mais l'objectif final, demeuré secret,est bien plus ambitieux : détruire les infrastructures de l'OLP, la chasser du Liban et installer à Beyrouth un gouvernement dirigépar les chrétiens maronites de Béchir Gemayel qui, Ariel Sharon en est convaincu, signera ensuite un traité de paix avec Israël.
Le premier prétexte sera le bon.
Le 3 juin 1982, l'ambassadeur israélien à Londres est grièvement blessé dans un attentatcommis par le groupe Abou Nidal.
Le lendemain, Israël bombarde les bases de l'OLP à Beyrouth, laquelle répond enbombardant à son tour les villages de la Galilée.
Le 5 juin, après un rapport lénifiant d'Ariel Sharon, le gouvernement israéliendonne son feu vert à l'opération « Paix en Galilée ».
Tout sera réglé en quarante-huit heures, pensent les ministres, à qui ArielSharon a assuré que les troupes n'avanceront pas au-delà de 40 kilomètres.
Le 6 juin à l'aube, les premières unités blindées de Tsahal pénètrent au Liban.
Deux jours plus tard, alors qu'il n'est toujoursquestion que d'une opération limitée, les avant-gardes parachutistes sont déjà aux portes de Beyrouth.
Déjouant la méfiance deses collègues et profitant de la maladie de Menahem Begin, Ariel Sharon, une fois de plus, a berné tout le monde.
Et s'il n'a pasoutrepassé les ordres c'est que, cette fois, c'est lui qui les donne.
Il faudra à l'armée israélienne dix semaines de siège pour que, le30 août 1982, protégés par une médiation internationale où la France joue son rôle, les hommes d'Arafat quittent Beyrouth pourTunis.
Une semaine auparavant, Béchir Gemayel est devenu président de la République.
Les députés libanais qui l'ont élu ont ététransportés un à un sur le lieu du vote par des unités israéliennes.
Israël vient de mettre le doigt dans un engrenage dont il ne ressortira que dix-huit ans plus tard.
Béchir Gémayel, en effet, estassassiné le 14 septembre 1982 ; aussitôt, les forces israéliennes reçoivent l'ordre d'entrer dans Beyrouth-Ouest, le quartiermusulman, afin d' « y maintenir l'ordre ».
Les troupes phalangistes du président assassiné participeront aux combats à côté de leurallié, procédant notamment au « nettoyage » des camps de Sabra et Chatila, où de nombreux « terroristes », dit-on, sont réfugiés.Tout cela est décidé à l'initiative ou en accord avec Ariel Sharon, qui, le 15 septembre, vient inspecter à Beyrouth les avant-postes israéliens et rencontrer les responsables phalangistes.
Malgré les mises en garde de plusieurs officiers de Tsahal qui redoutent le pire, les phalangistes, ivres de revanche, pénètrent lelendemain dans les camps.
Le massacre commence immédiatement.
D'un toit voisin, l'état-major israélien, qui fait mine de penserqu'il ne s'agit que d'une classique opération militaire, reçoit des comptes rendus par radio et comprend vite ce qui se joue.
Ondiscute, on envoie des rapports, mais on n'intervient pas.
A un moment, les assaillants, pris sous le feu de quelques combattantspalestiniens, demanderont de la lumière.
Aussitôt, les fusées éclairantes israéliennes la leur pourvoiront.
Il y aura - les chiffres.
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