Ammien Marcellin, Histoire (extrait)
Publié le 13/04/2013
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Dans son ouvrage Histoire (XXXI), l’historien et officier romain Ammien Marcellin donne des Huns, qui terrorisent l’Antiquité romaine, une description célèbre, saisissante et effrayante faisant d’eux des sauvages évoluant en horde et dont la seule tactique de combat semble l’affolement. Barbares hirsutes, massacreurs, pillards et sales, les Huns ont traversé l’histoire sous cette image. Mais le regard d’Ammien Marcellin est subjectif : il est celui d’un Romain en campagne, face à des troupes prêtes au combat. D’autres témoignages de contemporains, intimes d’Attila, nuancent cette légende.
Les Huns vus par Ammien Marcellin
Le peuple des Huns, pratiquement inconnu des auteurs anciens, vit au-delà des marais méotides, près de la mer Arctique, et sa férocité est incroyable. [...] Ils ont tous des membres trapus et vigoureux et une nuque puissante, mais ils sont tellement difformes et mal faits qu’on pourrait les prendre pour des bêtes à deux pattes ou pour ces figurines grossières qu’on trouve à la gauche et à la droite des ponts. Bien qu’ils aient figure humaine, leur mode de vie les rend si endurcis qu’ils n’ont besoin ni de feu ni de mets épicés, leur seule nourriture se composant de racines de plantes sauvages et de la chair d’animaux de toute sorte qu’ils réchauffent entre leurs cuisses et sur le dos de leurs chevaux. [...] Ils se vêtent de lin et de peaux de rats. Ils ne connaissent pas de vêtement spécialisé pour la vie domestique et la vie publique : une fois qu’ils ont enfilé une de leurs dégoûtantes chemises, ils ne la changent ou ne l’abandonnent que quand elle tombe en pièces après un long usage. Ils couvrent leur tête d’un bonnet rond et ils revêtent leurs jambes de peaux de chèvres. Leurs chaussures ne sont pas travaillées sur une forme et les empêchent de marcher librement. La conséquence en est qu’ils sont inaptes à combattre en fantassins ; mais ils sont comme soudés sur leurs horribles petits chevaux, allant même jusqu’à s’asseoir en amazone pour satisfaire leurs besoins naturels. Dans ce peuple, c’est à cheval qu’on vend et qu’on achète, qu’on mange et qu’on boit, qu’on dort et qu’on s’adonne au rêve, couché sur le col étroit de sa monture.
Source : Courcelle (Pierre), Histoire littéraire des grandes invasions germaniques, Paris, Hachette, 1964.
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