AIGLEMONT (général Victor d’) d’Honoré de Balzac la Femme de trente ans

AIGLEMONT (général Victor d’). Personnage du roman d'Honoré de Balzac la Femme de trente ans ( 1831-34). Il nous offre le type de ces brillants officiers des guerres de l'Empire, braves et prestigieux, mais au caractère des plus sommaires. Ce cavalier n'est qu’« un séducteur de garnison », « un de ces hommes que le ciel a créés pour prendre et digérer quatre repas par jour, dormir, aimer la première venue et se battre ». Rendu à l'existence du temps de paix, il ne peut s'empêcher d'étaler sa nullité, son manque d'ordre, son égoïsme. Ce rustre borné, coureur de femmes, confond brutalité et galanterie ; faute d'avoir été capable de comprendre les délicatesses de son épouse, Julie d'Aiglemont •, il a gâté pour toujours la vie sentimentale de celle-ci, et a sans nul doute une grande part de responsabilité dans les drames consécutifs à l'inconduite de Julie. On retrouve dans ce portrait le parti pris de sévérité qui est presque toujours celui de Balzac lorsqu'il met en scène des militaires. Une évolution se dessine cependant chez ce personnage: devenu père, il se transforme en chef de famille bonhomme et plein de dignité, capable même de faire face aux grandes circonstances, comme il le prouve lorsque, ruiné par la faillite de son agent de change et par les spéculations de Nucingen ♦, il se résigne, âgé de plus de cinquante ans, à s'expatrier en Amérique, d'où il reviendra, fortune refaite.