ager publicus
Publié le 01/02/2013
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ager publicus, domaine public de la Rome antique.
Élément de l’ager romanus — intégralité des terres sous la souveraineté de Rome —, l’ager publicus (« terre publique «) a pour particularité d’appartenir collectivement au peuple romain qu’il fait vivre par son exploitation (agriculture, élevage, etc.). Administré par les magistrats romains, il ne peut donc, en théorie, faire l’objet d’une appropriation privée. Les terres définies comme appartenant au domaine public peuvent provenir d’une confiscation de biens d’un individu ou d’un héritage (comme c’est le cas du royaume de Pergame en 133 av. J.-C.), mais restent dans leur majorité issues des conquêtes : l'État romain se fait propriétaire d'un tiers à la moitié des terres des peuples vaincus. Ces biens ont des destinations différentes suivant leurs natures : une exploitation directe par Rome (en particulier les mines et les forêts), la fondation de colonies ou la cession à des particuliers contre redevance (vectigal) pour les terres arables et enfin pour les terres non cultivées, le pâturage public. Rome ne cède en principe que l'usage des terres, la possessio, et en conserve la propriété (dominium).
Très tôt néanmoins, l’ager publicus est aliéné : soit pour rembourser un créancier de l’État, soit pour rémunérer un prestataire de service (entretien de la voirie par exemple), soit simplement, et c’est le cas le plus fréquent, pour remercier un citoyen (assignation à titre gratuit). Les bénéficiaires de ces aliénations de l’ager publicus sont des citoyens, des colons, ou des colonies complètes. Les grands propriétaires terriens, disposant de main-d'œuvre servile et de moyens suffisants pour leur mise en valeur, constituent ainsi de vastes propriétés, les latifundia. Dès le iie siècle av. J.-C., ceux-ci considèrent l'ager publicus comme leur propriété.
Cette mainmise a des répercussions sur les principes organisateurs de la cité. La raréfaction des petits propriétaires terriens entraîne en particulier celle des citoyens susceptibles d'être mobilisés car ils ne sont plus en mesure d'assurer l'achat de leur équipement militaire.
Les tentatives de l'État pour remédier à cette situation se soldent par des échecs. Ainsi Tiberius Gracchus en 133 av. J.-C. et son frère Caius Gracchus, dix ans plus tard, sont les victimes de l'opposition puissante de l'oligarchie à toute nouvelle répartition des terres. Ils tentent des réformes agraires allant dans le sens d'une limitation des surfaces de l'ager publicus cédées à chaque citoyen en vue d'une redistribution aux pauvres (7 ha inaliénables). À la fin de la République romaine, les mesures radicales de confiscation de terres, menées surtout par Sylla et César, et leur distribution en petites parcelles aux vétérans et aux pauvres de la plèbe restaure les petites propriétés en Italie.