AGATHON du Banquet de Platon
Publié le 07/10/2017
Extrait du document

«
LA
SYMPATHIE
177
L'individualisme spirituel, l'intelle ctualisme déduit du Cogito ,
dit de son côté G.
Gusdorf, • n'est donc qu'une fiction, le produit
d'une illusion qui méconnaît la structure même de la pensée concrète ».
C'est seulement, en somme, à la suite d'un lent mürissement que naîtra
le sens même du Moi, avec un sen timent (parfois exagéré) d'incommu
nicable originalité.
Parti de l'indivision primitive, le Moi s'est formé
peu à peu en vie personnelle.
Mais, parallèlement, ce Moi se trouve
tacitement impliqué dans une réciprocité de conscienc es.
Il reconnaÎt
à autrui une existence analogue à la sienne.
C'est son «semblab le» ...
II .
- LA SYMPATH IE.
Prise ici dans son sens étyxnologique de « sentir avec », sentir « en
même temps que ...
», - la sympathie se rencontre déjà au stade
animal.
Les animaux sociaux se comprennent, dit P.
GUILLAUME
par des signes souvent imperceptibles pour nous.
A plus forte raison l'enfant sent-il très vite, même chez des personnes
qui ne lui sont pas fami lières, l'indifférence , la curiosité, la bienv eil
lance, etc ...
L'expression du visage, le ton de la voix sont assez faci
lement interprétés.
Il y a communication affecti ve.
Max SCHELER a
établi des distinctions qui vont de la simple • contagion affective »
jusqu'à la • commu nion spirituelle ».
La contagion affective, à vrai
dire, mérite à peine le nom de syxnpathie, car il n'y a point réelle
participation aux joies et souffrances d'autrui (Ex.
: contagion du rire
chez les enfa nts, ou bien dans un banquet ; peur panique , etc.).
La
véritable syxnpathie , ou « participation affective » est intentionnelle
(encore un mot à prendre au sens étyxnologique : tension vers ...
).
Trois
cas ,possibles : 1° être émus ensemble : partager réellement une douleur,
une joie, etc ...
; 2° prendre part à cette émotion, mais en la considérant
comme celle d'autru i.
Et cela non seulement en présence d'autrui,
en présence de.çette émotion, mais en y pensant, avec intention ...
;
3° compréhension affective, qui n'implique pas l'unisson : on comprend
que quelqu'un éprouve du chagri n, du plaisir, de l'angoisse, etc.
Enfin, au-delà de la syxnp athie, l'amour (au sens le plus élevé du
terme).
Cette expérience directe d'autrui, sympathie ou amour, cette sorte
d'i ntuition n'est pas tou jours exempte d'erreurs.
Il advient -c'est
une constatation faite par quiconque a observé et réfléchi, - que la
partici pation d'un être à la vie spirituelle d'un autre être se révèl e
illusoire, puisque, d'ailleurs, nous ne nous comprenons pas toujours
très bien nous-même.
L'imagination, qui est nécessaire dans l'intuition
aff ective, y apporte son ambiguïté habituelle : se représenter ce qui
est vraime nt; ou faire, parfois, des suppositions non-fondées.
On ne
peut imaginer, chez autrui que des états que l'on a connus soi-même
(ce qui fait, remarque CuVILLIER, que les enfants sont facilement un
âge-sans-pitié).
Et l'erreur consiste donc possible ment à prêter à.
»
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