Thomas MANN : La Mort à Venise
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
Thomas Mann est né en 1875 à Lübeck et mort en 1955 à Zurich. 1929 : Prix Nobel de littérature. 1933-1938 : Exil en Suisse. 1941-1952 : Ré si de en Californie. 1952 : Naturalisé Américain, se retire à Zurich.
« A ses débuts, il aime à se donner pour " le chroniqueur et l'interprète de la décadence, l'amate ur de la vérité pathologique et de la mort, l'esthète attiré par l 'abîme." (...) S'il peint avec prédilection de s phénomènes de décadence individuelle ou sociale, il s'y attache d'une curiosité passionnée , en psychologue et en médecin, avec un double espoir de découvrir les maladies qui rongent la vie, mais ensuite les moyens de la préserver et de la régénérer. «
«
Illustration J.
Simon
D 'abord impéria liste , en opposition avec son frère , le
roman cier républi cain Heinrich Mann (1871-1950), Tho ma s Mann évolua par la suit e.
R éfu gié
en Suis se pui s au x État s-Uni s apr ès
l ' avènement du na tional-socialisme , il prit position contr e
l'hitlérisme .
Le livre
La décadence et la volupté
E n attendant le tramway, Gustav Aschenbach a le regard
porté vers
un homme en costume de voyage.
Il a dépassé
la cinquantaine, s
'est voué à la littérature qu'il considère
comme une activité grave au service de la perfection formelle
et des valeurs morales.
Il est soudain pris d'
un désir d'éva
sion.
Il aboutit, attiré par un secret instinct , à Venise -le sym
bole de la conjuration de la beauté , de la volupté et de la
mort.
L'écrivain pense y prendre quelques semaines de repos,
mais il n'en partira plus parce qu'il s'éprend
d'un bel adoles
cent polonais, Tadzio.
Il est vite envoûté par l'empire absolu
qu'exerce sur lui la beauté juvénile accomplie.
Cette incli
nation accidentelle , portée par le mystère vénitien et une épi
démie de choléra, s'amplifie jusqu'à prendre les dimensions
d 'une vision terrifiante de luxure et de barbarie.
Enfermé
dans son idée fixe, Aschenbach ne voit pas la ville se
dépeu
pler.
Jamais il n'osera adresser la parole à l'éphèbe qui n'a
qu'un regard étonné pour l'homme fatigué et taciturne.
La
mort emporte l'écrivain qui salue l'enfant adoré d'un dernier
sourire .
Une "fascination de la mort"
"Aimer la mort , disait Mann, c'est aimer la vie et réci-
proquement.
" Dans cette "fascination de la mort",
l'homme prend la mesure du tragique de son existence.
Dans
le cas où l'esprit est ruse de la maladie pour hâter la venue de
la mort , le rôle d'accélérateur est souvent tenu par la
perver
sité sexuelle.
Pour se sauver de cette faille, la réflexion mo
rale se manifeste dans l'art, car le projet artistique est toujours
menacé par ce qui menace la conscience morale.
La vie artistique est
un danger ; elle réclame pour sa réussite
une ascèse qui soutienne l'attente créatrice ; Aschenbach
l'oublie pour succomber à la fascination de la beauté qui
sur
passe toutes les réussites artistiques, pour suivre cet appel que
la maladie fait entendre comme sa voix la plus simple : celui
de la mort..
»
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