SAINT JEAN DE LA CROIX
Publié le 02/09/2013
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1542 -1591
EAN DE YÉPES est né à Fontiveros, en Vieille-Castille, le samedi 24 juin 1542. Après une jeunesse laborieuse et pauvre, car son père s'était mésallié, il prit l'habit des Frères de Notre-Dame du Mont-Carmel, selon la Règle mitigée depuis 1431. De Médina del Campo il fut envoyé à Sala¬manque où, pendant trois années, il suivit les cours de la célèbre Université, ainsi que l'enseigne¬ment de son Ordre au Collège Saint-André. Il porte alors le nom de Saint-Mathias.
A Médina où il est venu célébrer sa première Messe, il rencontre Thérèse d'Avila. Il lui confie son désir « de plus grande perfection et de vie solitaire « et pour « se séparer du monde et s'enfoncer en Dieu « son prochain départ à la Chartreuse du Paular. (Le 24 août 1926, Pie XI l'élèvera au rang de Docteur de l'Eglise universelle, il n'a que faire d'un bonnet de docteur en théologie scolastique.) Thérèse lui découvre alors son projet, autorisé en bonne et due forme par le Maître Général du Carmel, Jean-Baptiste Rubéo. Jean accepte de commencer la réforme des Carmes, comme elle a entrepris déjà celle des Carmélites, mais à condition « qu'il ne devra pas attendre longtemps «. Ce mystique est un raisonnable plein de décision. Il ne tergiverse pas, il prend le chemin le plus court, la montée à pic. Et Thérèse est active : « Des oeuvres, pas de paroles. « Elle passe à l'acte. En automne 1568, Jean de Saint-Mathias, devenu Jean de la Croix, entreprend dans une masure de Durvelo, sur l'austère plateau de Castille, l'oeuvre de réforme carmélitaine conçue par la Mère. Elle a, durant l'été, instruit son fils. Il n'a alors que vingt-six ans; elle en a cinquante-trois.
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rité théologales qui ont leur siège dans l'intelligence, la mémoire et la volonté, sont moyens pro
chains et proportionnés.
Dès lors, les apports de l'imagination et de la sensibilité peu importent.
Dieu est au-delà des formes et des impressions.
La méditation ne saurait être qu'un tremplin en
vue de la contemplation et de l'union divine.
Il faut, le moment venu, plonger délibérément dans
l'abîme amoureux de la Foi.
(Le Christ ne nous a-t-il pas appris à prier sans bruit de paroles et
dans le secret.) On saisit pourquoi le saint Docteur s'élève contre le monde incertain de l'extra
ordinaire : visions, révélations; tout cela est moins que Dieu et porte atteinte à la pureté de h vie
intérieure.
C'est à la demande de ses filles et de ses fils spirituels que saint Jean de la Croix a commenté
ses poèmes inspirés.
Outre ses Aphorismes que nous a gardé le manuscrit authentique d' Andùjar,
et qui sont d'une intensité philosophique et théologique émouvante, outre quelques lettres très
précieuses,
de sa main pour la plupart, nous possédons de lui des copies de quatre œuvres didac
tiques : la Montée du Carmel où il est enseigné à l'âme comment elle doit se comporter tout le long
du chemin spirituel vis-à-vis de Dieu, la Nuit Obscure où se trouve analysé, comme jamais on ne
le fit, le travail purificateur de Dieu dans la partie sensible et dans la partie spirituelle de l'âme,
le Cantique Spirituel qui traite des fiançailles et du mariage de l'âme avec Dieu, la Vive Flamme
d'Amour qui esquisse les suprêmes transformations de l'âme en Dieu.
La meilleure introduction aux œuvres de saint Jean de la Croix est sa propre vie.
On saisit
alors le
pourquoi de ses exigences et qu'il ne se trouve ni « au bout de la route, terrible, sanglant
et les yeux secs », comme le croyait Huysmans, ni « sur le toit du monde, sous un ciel sans étoiles,
dans un vent glacé », tel le Faust de Valéry.
Ce « grand docteur du suprême savoir incommuni
cable » comme le nomme Maritain, quoique branché sur l'essentiel possède, dit le graphologue,
«une capacité d'amour d'une diversité et d'une profondeur émouvantes ».
Grâce à une« ouver
ture de cœur totale »,Jean de la Croix« existe à plein ».
Rien ne le rebute de la misère humaine
qu'il connut de si près à l'« Hôpital des Pustules » de Médina del Campo durant sa jeunesse :
« Plus ils sont saints les confesseurs et moins ils se scandalisent.
» S'il dit aux jeunes Carmélites
de Béas, qu'il aima comme nulles autres, de considérer leurs parents « comme des étrangers »,
ce n'est pas qu'il détestait la famille, c'est qu'il entendait raffermir leur cœur à cette époque de
leur vie spirituelle.
Lui-même a appelé dans la masure de Durvelo où il installa la réforme de son
Ordre, sa mère, son frère, sa belle-sœur pour faire le ménage et nous le voyons, dans un moment
d'extrême lassitude, supplier sainte Thérèse d'intercéder auprès du Père Gratien, alors provincial,
afin
qu'il le rappelle en Castille car il ne peut souffrir les Andalous.
Imitateur du Christ, dont il dessina le corps crucifié d'une plume si audacieuse qu'il fit
«une trouée dans l'art de son époque», saintJean de la Croix, par une démarche suprême d'amour
s'enfonce - cap finistère de l'Eglise catholique qui le canonisa en 1726 - dans la mer insondable
de la Divinité.
P.
BRUNO DE JÉSUS-MARIE O.C.D.
III.
»
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