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Pie XII (Religion)

Publié le 22/02/2012

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On ne soupçonnera pas le président Herriot d'être un calotin. S'adressant à la Chambre, en février 1939, au lendemain de la mort de Pie XI, il déclarait : "Je m'incline avec respect et reconnaissance devant le Pontife qui donna tout son sens à l'évangélisation, qui protégea les titres de l'esprit contre les prétentions de la matière et qui demeure, suivant la tradition des grands papes, un des plus hauts représentants de cette puissance invincible : la Conscience." Le pape qui décédait après dix-sept ans de règne n'avait pas caché son désir de voir son secrétaire d'État lui succéder. Certes, le Conclave est seul maître de ses décisions. Aucune élection n'est mieux protégée des influences extérieures que celle du Saint-père. Les cardinaux vivent au secret derrière les portes scellées de la Sixtine. Mais l'autorité morale du défunt désignait Eugenio Pacelli au trône pontifical.
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« il pouvoir sauver la paix ? La paix forme le thème de sa première allocution.

"A ce message paternel, nous voulons ajouter un vœu et uneinvitation pour la paix, pour cette paix que notre prédécesseur appela avec tant d'insistance et invoqua avec de siardentes prières qu'il alla jusqu'à faire à Dieu l'offrande spontanée de sa vie...

pour cette paix, don sublime deDieu...

que tous les hommes de cœur ne peuvent pas ne pas désirer et qui est le fruit de la charité et de lajustice..." Hélas ! C'est la guerre.

Dès le 31 octobre, le pape presse l'Église universelle de prier pour le rétablissement de lapaix.

L'orgueil de Hitler se moquait bien de la prière pathétique d'un prêtre déchiré. Les messages de Noël de Pie XII reprennent d'année en année le même thème.

1940 : "Une terrible guerrebouleverse de nouveau l'Europe ; nous n'avons rien négligé de ce que nous imposaient les responsabilités de notrecharge ou de ce que nous suggérait notre amour de père pour tous les peuples..." Les voix de la violence étouffentcette plainte amère. On mesure l'injustice des polémiques déclenchées par les représentations du Vicaire quand on relit ces appelsémouvants.

Le réquisitoire de Hochhuth jette une ombre sur une mémoire qui semblait inattaquable.

Pourquoi n'a-t-ilpas crié son horreur devant le génocide des Juifs ? Pourquoi n'a-t-il pas condamné nommément le criminel ? Il estaisé, quand on n'engage que sa propre responsabilité et la paix revenue de décider de ce qu'un pape aurait dû fairedans une mêlée où s'entrecroisaient des haines atroces. Plusieurs livres ont repris les pièces de ce procès.

Que de témoignages contradictoires ! Qui oserait affirmer quel'évêque de Rome, chef spirituel de trente-cinq millions de catholiques allemands, et démuni de tout moyen politiqueet militaire, aurait dû précipiter ses ouailles dans un conflit de conscience insoluble ? Qui, des catholiques, seraientdevenus rebelles et persécutés ou hérétiques, coupables de désobéissance ? Fallait-il ajouter à la persécution desIsraélites celle des Catholiques ? Quelle démarche aurait pu fléchir les fureurs démentielles du dictateur ? Toutetentative ne se serait-elle pas retournée contre de nouvelles proies ? La sagesse ne conseillait-elle pas d'attendre laplus légère lueur de détente ? Est-il équitable de condamner une prudence qui sauvegardait l'avenir ? La passionblessée pèse-t-elle les déchirements d'une âme qui cherche le mieux dans l'affrontement des violences ? Laissons autemps qui ouvrira la porte à d'autres archives le soin de trancher. Combien de milliers de persécutés, Juifs et autres, trouvèrent le salut derrière les frontières vaticanes à l'abri descouvents et des églises ? Le pape pouvait-il vraiment faire davantage, ce grand pape crucifié qui, par la parole etpar la plume, ne cesse de rappeler l'humanité à la raison ? A l'intérieur même de son Église, des critiques d'un autre ordre sont adressées au pontificat de Pie XII.

L'Église duChrist, ce grand pape n'a-t-il pas tendance à la conduire seul, presque seul, de plus en plus seul ? Pendant delongues années, n'est-il pas lui-même son propre secrétaire d'État, et l'unique gardien de la foi, l'unique définiteur,et le seul juge ? On admire sa prodigieuse intelligence, son inépuisable labeur, la noblesse de sa pensée, l'élévation,pour tout dire, d'un règne souverain un peu trop souverain.

Le magister n'use-t-il pas de trop de rigidité ? Dans unaprès-guerre tumultueux où s'affrontent toutes les contradictions, fait-il la part aux réformes nécessaires ? Ilmultiplie les encycliques, toujours si belles, sur tous les sujets qui traitent de la destinée humaine, mais cette vervesublime ressemble davantage à un monologue qu'à une ouverture du cœur vers les tremblements d'un mondedéboussolé. Tout compte fait, ce ne sont ni les chartistes, ni les documentalistes, ni les journalistes, ni les auteurs dramatiques"engagés" qui nous donneront la clef de cette bouleversante destinée.

Nous réclamons Dante ou Shakespeare.

Dansles tourbillons d'une tragédie où s'affrontent le communisme et les fascismes, armés de feu, d'acier et de fureur, oùest le chemin de la justice ? Qui peut décider du moindre mal entre Staline et Hitler ? Lequel a commis plus de crimescontre la conscience humaine ?. »

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