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Paul VI (Religion)

Publié le 17/01/2022

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Le pontificat de Jean XXIII fut de courte durée : 1958-1963. Si peu de temps avait néanmoins suffi pour réveiller l'espérance chrétienne. Ce pape, qui n'aurait pu l'aimer ? Aussi, des millions d'hommes suivirent, bouleversés, sa déchirante agonie. Même les incroyants tournaient leur visage vers Rome où s'éteignait la pure flamme de la sainteté. Quand le pape Jean mourut, le Concile de l'aggiornamento n'avait encore tenu que la première session d'une suite qui en comportera quatre (1962-63-64-65). A peine élu, Paul VI rassura ceux qui avaient des craintes au sujet du nouveau Pontife. Petit, grave, fragile, le cardinal Montini se révéla fort, tenace. Ceux qui le connaissaient mal s'informaient. Il est né à Concesio, près de Brescia, de parents très aisés, en 1897. Son père, avocat, dirigeait alors un journal politique. Il avait fondé le "parti populaire italien" qui s'opposera au fascisme. Jean-Baptiste est le deuxième de trois fils. Il fut longtemps de santé délicate ; aux jeux, il préfère la solitude. Mais ses qualités intellectuelles sont éblouissantes. Ordonné prêtre en 1920, il a poursuivi des études de droit et de théologie à Milan puis à Rome, à la Grégorienne, tout en s'occupant des pauvres dans les faubourgs ouvriers.

« n'est pas seulement de la terre...

Vérités souvent formulées : la voix pathétique de Paul VI leur donne un sensimpératif. Rien ne sera changé, hélas ! La guerre continue comme devant au Viêt-nam.

Les thermomètres n'enregistrent nullebaisse de tension dans les rapports des États engagés sur leurs voies ambitieuses.

Pourtant, l'esprit, représenté parce léger messager tombé du ciel, a fait entendre le cri de l'angoisse universelle.

D'autres démarches, d'autresvoyages : Fatima, Istanbul, l'Afrique, l'Asie des Philippines, de l'Australie, de l'Indonésie, de Ceylan...

Visite du B.I.T.à Genève, en 1969.

Le vicaire du Christ est infatigable. La doctrine de l'Église, il l'expose dans plusieurs encycliques.

Il s'inquiète du développement des peuples, de larégulation des naissances, allant, ici en particulier, à contre-courant d'une opinion publique occidentale peusoucieuse de sacrifices.

Il est intraitable, souvent solitaire, luttant sur deux fronts : d'un côté, freinant lesprogressistes qui s'irritent de son dogmatisme ou de ses prudences ; de l'autre, subissant les reproches desintégristes qui l'accusent de trahir l'enseignement traditionnel.

Pauvre Père déchiré par ses propres enfants ! Ces oppositions s'étaient manifestées dans toutes les sessions du concile ; elles firent craindre l'échec total del'œuvre de Jean XXIII.

Comme par miracle, il n'en fut rien.

Le 8 décembre 1965, Paul VI pouvait clore le 21e Concilede l'Église romaine avec la satisfaction d'une réussite.

Des réformes importantes étaient accomplies.

Rien ne seraitplus comme avant...

Si les rêves généreux du bon pape Jean n'avaient pu se réaliser dans leur plénitude, deschemins étaient néanmoins frayés. Toute réforme suscite des excès.

Par les brèches ouvertes dans le mur romain s'engouffrent toutes les impatiences.Le fardeau de Pierre aura-t-il jamais été plus lourd à porter ? Les temps sont aux remises en cause même de ce quisemblait intangible.

Les théologiens, les moralistes, les philosophes échapperaient-ils aux courants contradictoiresd'une civilisation déréglée ? Quelle forme de l'autorité résisterait aux pressions des individualismes orgueilleux ? Leplus niais des vicaires en sait davantage que les Pères et le Pape sur la conduite de l'Église.

La sociologie prend lepas sur la mystique.

L'orgueil des clercs est souvent l'arme de Satan ; il bouscule toute autorité. Paul VI, lucide et mystique, ne se résout pas à un rôle de témoin nostalgique.

L'Église, il la veut vivante dans laconscience des hommes, non point seulement comme une tradition vénérable, mais comme l'incarnation de l'amourdivin, seul capable de guérir les maladies de l'humanité.

Pas de semaine qu'il ne fasse entendre sa voix angoissée.

LeChrist lui-même parlerait-il aujourd'hui dans un désert ? "L'exigence religieuse défend son éternité." C'est un beau mot de Paul Hazard.

Que notre monde se réclame dumatérialisme et de son succédané l'athéisme, qui oserait le nier ? L'homme ne cherche plus "au ciel" la réponse auxquestions qu'il se pose.

Le ciel est sillonné par des machines dont notre compas a fixé la trajectoire.

Qui se soucieencore du Dieu d'Isaac, de Jacob et des Évangiles ? Non, les Cosmonautes ne l'ont pas rencontré sur les chemins dela Lune.

Quelques-uns en ont perdu la raison.

D'autres, au retour, l'ont découvert au fond de leur propre désarroi. L'homme se résigne mal à la vacuité des grands espaces balayés par des vents glacés.

Il a besoin d'une chaleur,d'une certitude vivantes.

La foi chrétienne est en recul ? Que de témoignages l'affirment palpitante sous l'écorcedes doctrines séculières et la suffisance des progrès scientifiques.

Dieu n'est pas mort dans tous les cœurs.

L'Églisedemeure le refuge d'une minorité intrépide que rien ne déconcerte sur la voie de l'amour, de l'humilité, du sacrifice. Pie XII, Jean XXIII, Paul VI : trois visages de la papauté du XXe siècle.

L'histoire a déjà consigné la fermetédogmatique du premier, la douceur angélique du deuxième, l'ardeur lucide du troisième, ces successeurs de Pierrechargé par le Christ de "faire paître les brebis, de confirmer ses frères et d'être le fondement et le signe de l'unité del'Église universelle".. »

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