Minou
Publié le 15/01/2013
Extrait du document
«
trouvent ça tout naturel le p ère et la m ère », et la r éponse surprenante qui met en avant la victime « Il ne
trouve absolument rien le fils »v. 12, ce vers
étant mis en évidence par la question du v.11, la forme n égative
et l’adverbe hyperbolique « absolument.
» L’effet rythmique est aussi li
é au th ème r épétitif du tricot (une
maille
à l’endroit, une maille à l’envers) qui permet le jeu d’ échos altern és « guerreaffaires », « p èrefils ».
Les deux questions directes avec formule interrogative insistante « qu’estce qu’il fait le p
ère ? / Qu’estce
qu’il trouve le fils ? » renforce l’effet d’
échos et de refrains dans le po ème.
Le rythme et les r
épétitions font donc une chanson, presque l égère comme les comptines pour enfants : port ée
satirique
évidente. Le jeu des temps verbaux cr ée la progression du texte. Un pr ésent d’habitude dans les v.1
et 2 souligne l’absurdit
é d’un monde o ù faire la guerre est une activit é banale et r épétitive, comme le tricot
de la m
ère de famille. Puis le futur ant érieur « il aura fini » et le futur « il fera » montre le cycle r écurrent
des « affaires » qui conduisent
à la guerre, de p ère en fils ! F éroce ironie… Enfin, le pr ésent à la voix
passive « le fils est tu
é » marque une étape pourtant d écisive, mais qui va r éinstaller le pr ésent d’habitude
« la vie continue »…
Le titre m
ême du po ème est surprenant car il se pr ésente comme un adjectif f éminin qui pourrait être
l’
épith ète du nom guerre, ou un refrain repris en famille. C’est cette banalit é inscrite dans le quotidien de ces
gens ordinaires qui rend cette ritournelle de la « guerreaffairescimeti
ère » insupportable.
2 – Une d
énonciation
La critique est extr
êmement efficace gr âce à ce proc édé insistant de la r épétition faussement anodine. Le
titre installe un climat de confiance et de s
écurit é, la famille étant le lieu « naturel » de la vie. Or ce qui est
« naturel » dans le po
ème, c’est l’affirmation d ès le v.2 « Le fils fait la guerre » ! L’emploi de l’expression
« faire la guerre » est presque lexicalis
é, comme s’il s’agissait d’une activit é professionnelle comme une autre.
Cette dimension est cr
éée par la mise en parall èle des activit és du noyau familial : tricot, affaires, guerre,
avec la b
énédiction du chef de famille « Il trouve ça tout naturel le p ère ». L’effet m écanique culmine au v.
13 o
ù l’absence de ponctuation cr ée un encha înement quasi absurde « Le fils sa m ère fait du tricot son p ère
des affaires lui la guerre ».
La mort du fils,
événement tragique, est ici trait ée sans aucune émotion, mais énonc ée selon la m ême logique
de la ritournelle familiale : « Le fils est tu
é il ne continue plus », ce qui rend d’autant plus odieux le constat
suivant, o
ù seule l’ étape du cimeti ère vient s’ajouter à la m écanique d’un quotidien d énu é de sens (cf les six
derniers vers).
Pr
évert d énonce donc la logique d’une soci été qui élève ses enfants pour les envoyer à la guerre, au b énéfice
du profit
économique. Les parents sont les premiers responsables de la mort de leurs enfants : le choix de
l’article d
éfini « le fils », « le p ère », « la m ère » permet une g énéralisation du propos. La guerre n’est pas
d
énonc ée dans ses horreurs propres, mais dans ses causes : la satire est donc violente, car les hommes sont les .
»
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