Les Égyptiens écrivent des lettres à leurs dieux

« ce sont des m1ss1ves écrites par des particuliers réclamant telle ou telle faveur à une di­ vinité en échange d''Jffran­ des.

Les destinataires de pré­ dilection sont Amon, Anubis, Sérapis et deux défunts fa­ meux devenus de véritables dieux : Amenhotep fils de Hapou (l'ancien vizir d'Amé­ nophis Ill) et Imh otep (l'archi­ tecte de Djoser qui édifia la première pyramide).

Le dieu le plus sollicité entre tous res­ te néanmoins, et de loin, Thot , le patron des scribes à tête d'ibis.

Évolution des comportements L es lettres aux dieux rem­ placèrent-elles purement et simplement les lettres aux morts , tombées en désuétu ­ de du fait de l'évo lution des comportements religie u x? La succession chronologique des deux genres et la prééminen ­ ce de Thot dans les lettres aux dieux invitent à répon ­ dre par l'affirmative.

Thot est en effet l'intermédiaire par excellence entre les vivants et le monde des dieux, et sur ­ tout avec le tribunal de l'au­ delà, où il joue le rôle de greffier .

Les fidèles lui de­ mandent donc régulièrement de soutenir leur cause devant ce tribunal.

Or , ce rôle était jusque -là dévolu à l'ancêtre, un mort qui avait passé avec succès l'épreuve du jugement d'Osiris et pouvait de ce fait participer au tribunal et y dé­ fendre les intérêts de ses des­ cendants.

L'envoi de missives à Imhotep et à Amenhotep confirme également cette filiation, de même que la façon dont elles étaient peut-être adressées à la divinité.

Les lettres aux morts étaient mises dans la tombe du destinataire.

Or, on sait que les missives destinées à Thot étaient sans doute dé ­ posées dans la nécropole des ibis sacrés, dont les âmes se chargeaient de les transmet­ tre au dieu concerné .

Concrètement, le contenu des sollicitations était varie.

L'une porte par exemple une prière pour avoir un enfant en échange d'une certaine somme d'argent .

L'ex pédi ­ teur de la lettre, prudent, promet au dieu de lui verser la moitié de la somme promi­ se lors de la grossesse de son épouse et le reste après l'ac­ couchement ! On sollicitait également une protection divine contre un esprit néfaste ou même con­ tre les mauvais agissements de personnes vivantes.

En fait les requêtes étaient à peu près les mêmes que celles que l'on adressait à l'origine aux ancêtres.. »