ULB [Les Assassins] [1/09/2012] TABLE DESMATIERES Introduction ............................................................................................3 Première partie: LES ORIGINES DE L'ISMAELISME Deuxième partie: TENTATIVE DE DEFINITION D'UNE SECTE Troisième partie:IDENTIFICATION DESASSASSINS Conclusion......................................................................................22 IntroductionLes textes religieux se lisent de manière littérale mais aussi de façon allégorique. Dès lors que l'on peut discuter une lecture littérale comment pourrait-il en êtreautrement pour une lecture allégorique? Platon a dit: «tous les maux viennent des mots«. En effet, en matière de religion les maux naissent souvent des mots et de ce que l'on appelle l'herméneutique ou l'exégèse. Nous nous intéresserons ici à une «secte«de l'islam, très particulière au regard des autres courants, et notamment en raison de sa lecture des textes sacrés. Ce sont «les Assassins« que nous allons aborder, cette organisation mystérieuse et souvent fantasmée, qualifiée de secte. Les Assassins ici nous servirons plus d'exemplification, car à travers ce travail, nous essaierons de déterminer ce qu'est une secte religieuse et ce qui la différencie d'un courant, et nous verrons si oui ou non les Assassins peuvent être assimilés à une secte. Il estdifficile de répondre à ces interrogations, car d'une part le terme «secte« est très relatif et difficile à définir formellement, et d'autre part car bon nombre de témoignages au sujet des Assassins relèvent du fantasme. Tout d'abord, nous présenterons le courant Ismaélien auquel appartiennent les Assassins. Puis, nous tenterons de nous faire une idée de ce que peut être une secte religieuse et ce qui la distingue d'un courant religieux. Enfin, nous traiterons des Assassins en nous intéressant en grande partie à leur chef et leader, Hassan ibn Sabbah, afin de déterminer si les Assassins sont bien un mouvement sectaire. Les origines: de la chi 'a aux IsmaéliensLes Assassins sont des ismaéliens. Dès lors leur étude s'avère immédiatement pluscompliquée car comme le fait remarquer Christian Jambet1Christian Jambet, « Lagrande résurrection d'Alamût,les formes de la libérté dans le Shi'îsme ismaélien «,édit.Verdier Lagrasse,1990. le soucis de préserver le secret est primordiale dans ce courant,l'imam lui même «se dérobe à ses fidèles, les compagnons se cachent de leur entourage hostile(....)Voici qui ne facilite pas l'étude scientifique et l'enquête objective 2Cf:note de bas de page 1 «.Cependant,grâce au travail des orientalistes nous avons pu en apprendre plus et surtout s'extraire des légendes nées des fantasmes de l'époque, au sujet des Assassins. Mais qu'est-ce donc que le shiisme ismaélien? Le shiisme ismaélien comme on peut le voir chez Bernard Lewis3Bernard Lewis, « The Assassin.A radical sect in islam «,edit Wedenfield and Nicholson,1967; trad.de l'anglais par Annick Pélissier, « Les Assassins terrorisme et politique dans l'islam médiéval «,.Edit.Berger-Levrault,1982. trouve ses origines profondes à la mort du Prophète en 632. L'orientaliste nous informe que le prophète Muhammad à sa mort ne désigna pas de successeur et que c'est la communauté islamique qui désigna Abu Bakr pour lui succéder. Dès l'instauration du Califat, des mécontents se sont fait entendre, estimant qu'Ali était plus digne de succéder au Prophète qu'Abu Bakr. Leur choix reposait sur les qualités personnelles d' Ali et probablement sur le fait qu'il soit le neveu du Prophète ce qui le rendait plus légitime pour succéder à Muhammad selon eux.«Ce groupe allait s'appeler Chî'atu Alî, parti d' Alî, puis simplement Chî'a. Il allait donner naissance au plus grand schisme de l'islam.«4Cf;notes de bas de page 3 Au début il n'y a pas de divergences fondamentales, nous sommes en présence de factions politiques soutenant chacun leur candidat mais très vite c'est sur le fond que les revendications se tournent et comme le dit Bernard Lewis: «Beaucoup de musulmans considéraient que la communauté et l'Etat islamique avaient pris une mauvaise direction; au lieu de la société idéaleconçue par le Prophète et ses premiers compagnons, un empire s'était formé, que dirigeait une aristocratie avide et sans scrupules; au lieu de justice et d'égalité, on trouvait l'inégalité les privilèges et la domination. Tous ces gens pensaient que la restauration de la famille du prophète amènerait un retour au message originel et authentique de l'islam.«5Cf: note bas de pages 3 Cela peut paraître étrange car Abu Bakr est un des premiers compagnons du prophète tout comme Alî et les deux hommes ont côtoyé le prophète ensemble. Ici nous pouvons rappeler que lorsque le religieux administre le politique, que ces deux domaines se confondent, les divergences «politiques ont nécessairement un impact sur le religieux. Après tout, il suffit qu' Abu Bakr, au delà du fait qu'il ne soit pas de la lignée du prophète, déplaise à une partie de la population pour que cela entraine un bouleversement d'ordre religieux. En effet, s'il y a chiisme, les deux parties en question vont devoir se démarquer l'un de l'autre à unmoment donné, nous imaginons mal aujourd'hui deux candidats politiques aux éléctions avec le même programme. Sauf qu'ici se démarquer politiquement implique aussi de se démarquer religieusement puisque le religieux et le politique se confondent. Toujours est-il que c'est autour de ces deux hommes que naît la première scission de l'islam. L'islam Sunnite ayant reconnu Abu Bakr comme premier calife, et l'islam Chi'ite qui admet Âli comme premier calife et successeur légitime au prophète. L'ismaélisme est uncourant Chi'ite et aussi une seconde scission, il est unescission dans la scission, puisque les Ismaéliens naissent d'une scission avec les Chiites duodécimains à la mort de Jafar as Sâdiq, le sixième imam Chiite en 765. Le nom qu'il porte leur vient du fils aîné de Jafar as Sadiq, Ismâ'il, qui fut désigné par son père pour lui succéder. Ainsi, on les appelle aussi les Chiites Septimains ou Septimaniens du fait qu'ils reconnaissent sept imams. Cependant, les Duodécimains pensaient et d'ailleurs pensent toujours car c'est aujourd'hui cette doctrine qui est la doctrine officielle en Iran, que Ismâ'il est mort avant son père et que c'est son frère cadet Mûsâ al-Kazim qui reçu l'imamat à la place de son frère. Les fervents partisans ismaéliens, quant à eux, affirmaient qu' Ismâ'il avait été caché par son père (Jafar as Sadiq) pour le protéger et qu'en aucun cas iln'était mort du vivant de son père. Il y'a d'autres théories comme celle des Mubârakkya6Mubarakkya: Une des branches de l'Ismaélisme, pour eux l'immamat avait été transféré au petit fils d'As Sadiq et fils d'Ismâ'il, Muhamad ibn Ismâ'il. . En sommes les Ismaéliens ou «isma' iliyya« se distinguent des Musawiyya et des Duodécimains en ce qu'ils affirment l'imamat d'Isma'il, le fils aîné de Ga'far,en faveur de qui celui-ci s'était d'abord déclaré.7Sharastani, Livre des religions et des sectes,ChapIII-6, traduction et notes par Daniel Gimaret et Guy Monnot, edit.Peeters,1986 Nous voyons donc que le chi'isme musulman à lieu à la mort du prophète donc avant les grandes conquêtes musulmanes. Ainsi, c'est dans la région d'Arabie que naissent les premiers chi'ites et pourtant c'est ailleurs que se produit l'expansion du chiisme et notamment de l'ismaélisme. Les ismaéliens constituent après les duodécimains majoritaires en Iran et en Irak, le deuxième rameau le plus important de l'islam Chiite. Ils sont présents dans vingt-cinq pays d'Asie, du Proche-Orient et d'Afrique. On leur doit l'épopée des quarmates, des iconoclastes qui pillèrent La Mecque et rançonnèrent la pierre noire, coeur du pèlerinage musulman classique. Ils fondèrent la dynastie Fatimide, qui régna sur l'Egypte au Xème et XIème siècle et irrigua de sa culture l'ensemble du monde musulman. Puis, le centre se déplaça au coeur de la Syrie et surtout au nord de l'Iran autour de la forteresse d'Alamût. C'est une localisation géographique large des ismaéliens, qui demanderait d'entrer plus dans les détails. Cependant, c'est la secte des Assassins qui est l'objet du devoir, et ici il va être plus intéressant de cerner la doctrine ismaélienne afin de mieux comprendre la secte des Assassins. Les ismaéliens sont aussi appelés les «Bâthini« c'est à dire «les partisans du sens interne«8Cf: note de bas de page1 « Christian Jambet « . Cela signifie qu'ils ne seconforment pas à une interprétation littérale du Coran pour lesquels le sens apparent n'a aucune valeur, par conséquent ils font et n'admettent qu' une lecture allégorique de ce dernier. Au départ, les ismaéliens propageaient leur doctrine qui n'avait pastrait à laquestion de l'imamat et ne divergeait pas de manière radicale avec les autres chiites, voire même se confondait avec eux.Ce n'est qu' après avoir été réformé en 864 par Abd Allah ben Maimoun el-qaddah connu sous le nom de l'«occuliste« que ladoctrine ismaélienne s'opposa radicalement avec les autres courants chiites, au point que les autres chiites «tinrent pour impie quiconque adoptait ses idées«9 F. Daftary, Les Ismaéliens, Fayard 2003. - M. Boivin, Les Ismaéliens, Brepols, 1998.. . Enfait ici ce qu'il faut considérer, c'est l'implication de cette lecture allégorique dans la pratique quotidienne, car l'islam se caractérisent par sa pratique. D'ailleurs, c'est bien cette pratique qui est remise en cause. Le mot «bâthi« s'oppose au mot«zahir« qui est le «sens externe« donc celui qui d'une certaine manière attrait à la pratique.Ainsi, prôner une lecture exclusivement allégorique du Coran conduit à rejeter le sens externe ou le zahir. Cela signifie que les interdictions et les obligations ne concernent pas les bâthinistes ou les lecteurs allégoriques. Nous pouvons dès lors comprendre ce rejet des ismaéliens par les courants dominants de l'islam sunnite et chi'ite. En effet, rejeter le sens apparent du Coran peut amener à rejeter ses prescriptions , comme par exemple manger du porc ou boire de l'alcool. Cependant, c'est une vulgarisation voir un non-sens de cantonner les ismaéliens à cet aspect car d'une part l'abolition de la loi n'apparaî...
