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Léon IX

Publié le 22/02/2012

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1002-1054 Il n'est pas de période plus sombre dans l'histoire de la papauté que celle qui s'étend de la fin du IXe siècle au milieu du XIe. Après le vif éclat dont elle avait brillé sous le pape Nicolas Ier (858-867), elle avait connu un rapide déclin, et sa décadence reflétait celle de l'Église tout entière. Oublieux de sa mission, un clergé corrompu semblait ne plus poursuivre que des buts temporels. Les empereurs germaniques, seule autorité véritable de l'Occident, entreprirent de redresser la situation. En 1046, Henri III déposa de sa propre autorité trois papes qui se disputaient la chaire de Saint-Pierre. Mais la mort ayant enlevé coup sur coup Clément II (1046-1047) et Damase II (1047-1048), tout était à reprendre quand Henri III désigna, à Worms, peu avant Noël 1048, l'évêque de Toul, Brun de Dabo, pour devenir pape à son tour. À lui allait revenir l'honneur d'entreprendre avec énergie et succès la réforme de l'Église. Brun de Dabo a vu le jour en Alsace en 1002, descendant d'un illustre lignage que des liens de parenté unissent aux plus grandes familles du temps, et même avec les souverains. Il n'avait que cinq ans lorsque sa mère était venue le confier à l'évêque de Toul, Berthold, pour faire dans les écoles épiscopales l'apprentissage de la vie cléricale. Ces années de formation à Toul sont essentielles : Brun sera plus tard bon écrivain, théologien, canoniste, musicien. Très jeune encore, vers sa quinzième année, il devient chanoine de la cathédrale puis reçoit les ordres ; il a tout au plus 22 ans quand il accède au diaconat.

« une série de voyages à travers l'Europe pour tenir, ailleurs qu'à Rome, des conciles et des assemblées dont lesdécisions, prises pour la plupart en présence des intéressés et dans leur pays, jouiront d'un autre prestige que cellesdes lointaines réunions romaines.

Prestige d'autant plus grand que la réputation personnelle du pape est solidementétablie. Dès le milieu de mai 1049, Léon est à Pavie, puis il passe les Alpes, et le voilà en Saxe, à Cologne, à Liège, àTrèves, à Toul, où il séjourne pendant le mois de septembre.

Léon IX avait autrefois fait le vœu d'aller en pèlerinageau tombeau de saint Rémi ; il va donc à Reims, où son voyage est l'occasion d'un important concile.

Puis il repart, etle voilà à Verdun, Metz, Mayence, où moins de quinze jours après le concile de Reims il préside une nouvelleassemblée d'évêques à laquelle assiste l'empereur lui-même.

On y aborde pour la première fois une question qui plustard sera une des grandes préoccupations des papes de la Réforme grégorienne : le nicolaïsme, c'est-à-dire leconcubinage ou même le mariage des prêtres et des clercs majeurs. Après cette première grande tournée au-delà des Alpes, le pape regagne Rome par l'Alsace et la Suisse.

Dès ledébut du printemps 1050, il reprend la route, pour des affaires politiques cette fois, vers le Sud de l'Italie où lesNormands, installés depuis 1030, font peser une véritable terreur, mais où il s'occupera aussi de questionsreligieuses.

Il tient un synode à Siponto, au pied du mont Gargano et rentre à Rome pour un autre concile, le 29 avril; on y juge les doctrines du théologien français Bérenger. Ces affaires réglées, Léon IX reprend bientôt ses voyages.

Il est en juillet à Florence, puis au début de septembre àVerceil.

Ensuite, par la Suisse, Besançon, Langres, le pape arrive en Lorraine, à Toul, où il procède, le 21 octobre, àla translation du corps de saint Gérard, un de ses prédécesseurs.

Puis il visite l'Alsace, les Pays Rhénans, la Souabe.De retour en Italie, il tient, à l'issue des fêtes de Pâques 1051, son troisième concile romain ; à nouveau est agitéela question de la validité des ordinations conférées par des prélats simoniaques. Les années 1051-1052 sont ensuite occupées par des tournées en Italie, vers le Sud principalement, où les affairespolitiques appellent le pape ; Salerne, Bénévent le voient chaque année au cours de l'été.

Pour régler ces questions,il entreprend bientôt un troisième grand voyage au-delà des Alpes.

Il est précisément appelé en Hongrie par le roiAndré qui lui demande de rétablir la paix entre l'empereur et lui.

En août-septembre 1052, il est au camp impérialsous les murs de Presbourg, sur le Danube.

Son intervention, semble-t-il, va à un échec.

Il revient en Allemagne,visite Ratisbonne, Bamberg, Tribur, Schaffouse, Worms. Dès qu'il redescend en Italie, Léon IX réunit à Mantoue, en février 1053, un nouveau synode réformateur ; maiscette fois, devant l'opposition violente du clergé lombard, il doit abandonner les mesures de rigueur.

Rentré à Rome,il y célèbre en avril le quatrième et dernier synode pascal. Les affaires de Basse-Italie vont occuper et assombrir la dernière année de son pontificat.

Elles se sont compliquéesdu fait que les Normands ont progressivement élargi le domaine obtenu naguère entre Naples et Capoue, et qu'en1051, Henri III a donné au pape la suzeraineté sur Bénévent.

Léon IX doit à la fois, prince temporel, assurer lerespect de ses droits, et, chef spirituel, amener les Normands, qui sont chrétiens, à observer les lois morales, rendrela paix et la sécurité à une région fort troublée.

En mai 1053, il se met en campagne, avec l'assurance de renfortsbyzantins.

Mais la rencontre avec les Normands se fait trop tôt pour que ceux-ci arrivent, et le 18 juin un combats'engage qui tourne à la défaite.

Le soir, Léon IX est prisonnier et on l'emmène à Bénévent, dans cette ville dont il areçu la suzeraineté.

Échec d'une gravité extrême, car le pape, à la merci de ses vainqueurs, doit les absoudre detoutes les censures qui les ont frappés et les contemporains les plus favorables à la réforme de l'Église jugentsévèrement cette expédition pour laquelle Léon IX s'est fait chef de guerre, animé sans doute, dit Pierre Damien,d'un vrai zèle religieux, mais ayant, en l'occurrence, manqué de jugement. Le pontife paie très cher cette erreur ; plus de huit mois, les Normands le retiennent à Bénévent, et lorsque le 12mars 1054, ayant sans doute obtenu toutes les satisfactions qu'ils ont voulues, ils le laissent partir, c'est unmalade, presque un moribond, qui prend la route.

Léon IX arrive à Rome pour les fêtes de Pâques.

Deux semainesencore, il languit au Latran, puis dans une résidence voisine de Saint-Pierre où il s'est fait transporter.

C'est là qu'ilmeurt, le 19 avril 1054. La réforme de l'Église occidentale n'avait pas seule retenu l'attention de Léon IX.

L'Église orientale l'avait aussi troppréoccupé pour qu'on n'y fasse pas allusion.

L'opposition religieuse des Grecs et des Latins était fort ancienne déjàquand, au IXe siècle, le patriarche de Constantinople, Photius, vint tout envenimer et provoqua un véritableschisme.

Il n'y eut pourtant pas encore de rupture totale à cette époque.

Elle ne se produisit que sous Léon IX,avec le patriarche Michel Cérulaire (1043-1058).

Tout fut perdu au cours d'une mission à Constantinople du cardinalHumbert de Moyenmoutier, au printemps 1054.

L'obstination de Cérulaire, la véhémence du cardinal lorrain et, enfait, son peu de connaissance des affaires d'Orient aboutirent à une rupture totale.

Le pape étant mort au coursdes négociations, Humbert comprit qu'il n'avait plus qu'à se retirer, mais il voulut faire, en s'en allant, un coupd'éclat, et le 16 juillet il partit en déposant sur l'autel de Sainte-Sophie une sentence d'excommunication contre lepatriarche.

La rupture était définitive entre l'Orient et l'Occident. Tous les historiens sont d'accord pour voir dans le pontificat de Léon IX une époque décisive de l'histoire de l'Égliseuniverselle.

En Occident, c'est le début du mouvement qui deviendra bientôt la Réforme grégorienne ; en Orient,hélas ! C'est la scission après des siècles d'incompréhensions réciproques.

Si, dans les affaires grecques, le papen'eut personnellement qu'un rôle secondaire, il a au contraire été très engagé dans la réforme de l'Occident.

C'est. »

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