Leçon sur la révolte d'Absalon

« Seigneur, en frappant le père dans la personne de son fils, nous montre quelle est la force de l'amour paternel, et combien les sentiments de la nature l'em­ portent sur les contentements de la puissance et les enivrements de la grandeur.

David est roi, David est tout-puissant.

Ce n'est pas seulement son trône que Dieu ébranle, ce n'est pas seulement sa puissance qu'il menace; c'est surtout son cœur de père qu'il afflige, et David est puni.

Mais ce n'est pas en frappant l'enfant de David que la vengeance céleste se manifeste.

Non : si Absalon eût été innocent, s'il n'eût pas méconnu les bienfaits de son père, s'il n'eût pas été un fils rebelle et déna­ turé, David l'eût pleuré et se fût résigné ; mais Absalon est mort en pleine révolte, il est mort sans se repentir, il est mort enfin sans que son père ait pu lui pardonner.

Voilà le supplice de David, voilà son châtiment; car il ne peut même pleurer son fils, et ses amis, ses généraux lui reprochent sa douleur et ses larmes.

D'un autre côté, mes enfants, voyez ce fils qui, perdu par les funestes conseils de ses courtisans et de ses flatteurs, ose rêver l'usurpation du trône de son père; l'ambition l'aveugle au point de méditer sa mort, et plus David gémit et pleure, plus Ahsalon s'enivre de ses premiers succès et veut en poursuivre le triste cours.

Tous les fils ingrats ne sont pas punis sur cette terre d'une manière aussi éclatante, mes enfants; mais, croyez-le bien, le Seigneur leur réserve tôt ou tard d'inévitables châtiments.. »