Le désert égyptien berceau de la vie monastique

« compte plusieurs milliers de moines depuis le Delta jus­ qu'à la région de Thèbes .

La vie des renonçants est consacrée à la lecture, à la prière et à la contemplation, avec l'obligation toutefois d'un travail manuel ou agri­ cole (à la saison des mois­ sons) afin de gagner leur maigre subsistance.

Les moines s'imposent de longues périodes de jeûne et de veille : la mortification a pour but la transfiguration du corps, qui doit retrouver l'état de pureté d'Adam au paradis terrestre, quand les besoins physiologiques ne se faisaient pas sentir .

Mais, plus que la faim et l'absti­ nence, les ermites redoutent LA FOLIE DU DÉSERT Les conditions de vie de /'anachorète le prédisposent à la plus terrible des tentations : celle de céder à la folie, d'oublier son humanité pour devenir une bête sauvage, fuyant sa cellule pour errer dans l'espace illimité, ayant renoncé à toute vie spirituelle.

Dans son roman La Tentation de saint Antoine, Flaubert a décrit de façon saisissante le combat intérieur de /'ermite en proie à des hallucinations démoniaques : « Et tout à coup, passent au milieu de l'air, d'abord une flaque d'eau, ensuite une prostituée, le coin d'un temple, une figure de soldat, un char avec deux chevaux blancs qui se cabrent.

Ces figurent arrivent brusquement, par secousses, se détachant sur la nuit comme des peintures d'écarlate sur de l'ébène ( ...

) Elles défilent d'une façon vertigineuse.

D'autres fois elles s'arrêtent et pâlissent par degrés, se fondent; ou bien elles s'envolent, et immédiatement d'autres arrivent.

Antoine ferme ses paupières.

Elles se multiplient, /'entourent, /'assiègent.

Une épouvante indicible l'envahit ( ..

.) Malgré le vacarme de sa tête, il perçoit un silence énorme qui le sépare du monde.

Il tâche de parler; impossible ! C'est comme si le lien général de son être se dissolvait, et, ne résistant plus, Antoine tombe sur sa natte.

». »